Crise en Australie : les équipages de sous-marin se préparent à abandonner le navire

  • Dernière mise à jour le 24 février 2009.

La flotte sous-marine australienne est en danger de devenir insoutenable à cause du manque chronique de marins qualifiés. Presque la moitié de tous les sous-mariniers veulent quitter la marine dès que possible, selon un rapport confidentiel du ministère australien de la défense.

Une étude psychologique de la force sous-marine, obtenue par The Australian, révèle que près de la moitié de tous les sous-mariniers ont l’intention d’abandonner la marine dès qu’ils le peuvent, à un moment où il y a déjà si peu de sous-mariniers qu’il est à peine possible d’envoyer en mer 3 des 6 sous-marins de la classe Collins.

Le rapport s’interroge sur la capacité de la marine australienne à armer la flotte actuelle de sous-marins à un moment où le gouvernement australien prévoit, comme l’a révélé The Australian en 2007, de se doter d’une flotte de 12 sous-marins dans le cadre du prochain livre blanc.

Le rapport indique que le moral s’est effondré : des sous-mariniers expliquent qu’ils sont surchargés de travail, mal payés et mal reconnus. Ils se sentent rejetés de la marine.

Les officiers sont amers parce qu’ils n’ont pas le droit aux primes de fidélisation : ils sont donc moins payés que les marins qu’ils commandent.

L’étude a montré qu’un quart des équipages de sous-marins souffre d’un manque chronique de sommeil et pense que leur travail (patrouiller dans les océans) est inutile.

Selon le rapport, "Tous les équipages de sous-marins parlent d’un niveau relativement bas d’adhésion envers l’institution, suggérant que beaucoup commencent à perdre le sens de l’esprit de corps envers l’institution."

Le rapport, écrit en juin dernier, avait été demandé pour évaluer les attitudes au sein de la force sous-marine à un moment où les équipages actuels sont sous pression à cause du manque de personnel.

Le récent boom minier en Australie Occidentale a provoqué le départ de nombreux sous-mariniers aux fortes compétences techniques vers des emplois à terre et mieux payés.

La marine a essayé d’attirer plus de sous-mariniers en offrant des primes de 60.000 AUS$ (30.000 €) pour les non-officiers qui prolongent leur engagement de 18 mois et en réduisant le temps passé en mer. Mais l’étude montre que ces mesures ont eu peu d’impact, la pluapart des sous-mariniers jugeant les salaires insuffisants pour justifier de passer autant de temps loin de leur maison et de leur famille.

Sur 3 sous-marins — les HMAS Rankin, HMAS Waller et HMAS Collins, l’étude a découvert que plus d’un quart de l’équipage travaille en moyenne 11 heures par jour, et que le même nombre dort 5 heures ou moins par nuit.

"Ces résultats indiquent que près d’un quart de l’équipage d’un sous-marin semble souffrir d’un manque de sommeil chronique," indique le rapport. Cela a des conséquences sur le niveau de sécurité et le moral.

Il y a néanmoins quelques éléments positifs. 60% des équipages indiquent ainsi qu’ils aiment le type de travail qu’ils font et qu’ils ont confiance dans leurs officiers supérieurs.

"Les répondants ont indiqué de haut niveau de travail d’équipe, une grande confiance pour leurs supérieurs immédiats et un sentiment général d’être valorisé et respecté au niveau de l’unité (sous-marin). Mais ces éléments positifs ne se traduisent pas en une plus grande adhésion pour la marine," explique le rapport.

Il avertit qu’il va y avoir une exode d’officiers supérieurs — et par conséquent d’expérience — à moins que le système de primes ne soit modifié pour les concerner.

Source : The Australian (Australie)