Des sous-marins nucléaires britanniques accostent dans des ports civils malgré le rejet des plans de sécurité

  • Dernière mise à jour le 2 avril 2010.

Les sous-marins nucléaires britanniques effectuent régulièrement des escales dans des ports civils tout le long des côtes anglaises, malgré les sérieux doutes sur la sécurité des habitants, soulevés dans un rapport secret du ministère de la défense.

L’autorité interne de surveillance nucléaire du ministère, le Defence Nuclear Safety Regulator (DNSR), a condamné les plans de sécurité mis au point par la Royal Navy afin de protéger la population locale, comme partiels, inadaptés et périmés.

Les plans ne protégeraient pas la population de fuites radioactives, ont largement mal-évalué la probabilité d’un accident majeur et dans certains endroits, n’ont pas pris en compte le risque de collisions avec les navires de croisière et les navires de commerce, indique le DNSR.

Le ministère de la défense indique que les problèmes ont été corrigés, mais ne donne aucun détail sur les mesures prises.

Outre les 3 bases navales britanniques, il y a des quais conçus pour accueillir des sous-marins nucléaires dans des ports civils : Southampton, sur l’île de Portland dans le Dorset, dans le Firth of Clyde, sur le Loch Goil et sur le Loch Ewe (nord-ouest de l’Ecosse).

Selon des règles mises en place après l’accident de Tchernobyl en 1986, les quais pouvant accueillir des sous-marins nucléaires doivent être couverts par un plan de sécurité prévoyant l’identification des dangers et l’évaluation des risques, et des mesures comme l’évacuation de la population, la distribution de pilules anti-radiation,

Le rapport secret de ces plans a été effectué en juillet 2008 par le DNSR pour le commandement de la Royal Navy.

Ses conclusions sont explosives. Le rapport conclut que, si les quais ne présentent aucun danger inattendu, "il n’est pas clair si l’analyse présentée peut soutenir une telle conclusion," indique le rapport.

La probabilité d’un accident sérieux sur les quais du sud de l’Angleterre a été "mal évaluée" d’un facteur 10, bien qu’il ne soit pas clair s’il s’agit d’une sous- ou d’une sur-évaluation. Il y a des problèmes "dans la description du contrôle de la navigation commerciale" à Portsmouth, Southampton et dans le Firth of Clyde.

Bien que les visites de sous-marins dans l’île de Portland soient calculées pour éviter le risque de collisions avec les navires de croisière et l’utilisation d’un navire prison, "ce n’est pas le cas à Southampton".

Dans certains endroits, les plans d’urgence n’ont pas été testés depuis des années. Les chiffres de la population sont parfois périmées et les informations météo sont de même périmées et non-systématiques.

Il n’a pas été tenu compte des difficultés d’accès sur l’île de Portland et à Loch Ewe, indique le rapport qui ajoute que les "cartes sont fréquemment insuffisantes pour fournir une idée correcte des zones environnantes."

Il a souligné qu’il y avait "de nombreux erreurs rédactionnelles et autres manques" y compris "de fréquentes erreurs dans les données détaillées de population", ainsi que des "incohérences" dans la description de l’état des réacteurs de sous-marins. "L’étude des dangers d’incendie, en particulier à Southampton et Portsmouth, est simpliste et ne donne aucune source. Les conclusions des études de sécurité pour Southampton et Portsmouth sont d’un niveau particulièrement faible."

Source : The Gardian (Grande-Bretagne)