Hier, à 11h00, le tanker " Eleousa Trikoukiotisa " a (…)
Le spécialiste français des navires militaires acquiert (…)
Le sous-marin espagnol « Tramontana » a connu une voie d’eau dans le poste central alors qu’il naviguait par 300 m de fond dans les eaux du cap Tiñoso, au large de Carthagène. Jamais auparavant, il ne s’était trouvé dans une situation aussi critique, rétablie seulement grâce à l’habileté de l’équipage.
Quatre minutes qui n’en finissent pas ; 4 minutes d’ordres frénétiques, de tension maximale et d’angoisse ; 4 minutes, les plus longues de l’histoire des sous-marins en Espagne, pendant lesquelles les 60 hommes d’équipage du « Tramontana » ont joué leur vie alors qu’ils naviguaient à 300 m d’immersion : ils ont subi au cours de l’après-midi du jeudi 11 décembre dernier une voie d’eau sur un "passage de coque" de 5 cm de diamètre (à la jonction entre le périscope et la coque du sous-marin et qui doit en assurer l’étanchéité). Cela s’est de plus passé à bord d’un sous-marin déjà ancien, qui n’a pas réagi comme on l’espérait en cet instant critique. Seule l’habileté du commandant et de ses hommes a permis d’éviter la tragédie. Le ministère espagnol de la défense avait publié le samedi suivant un communiqué qui parlait d’un incident résolu en quelques minutes. C’était la vérité, mais seulement en partie.
La seule raison pour laquelle, au jour d’aujourd’hui, le pays n’est pas en train de se lamenter pour la mort de 60 sous-mariniers, c’est à cause de leur préparation. Parce que tous les autres éléments ont joué contre eux, au point qu’il y en a qui ne réussissent pas à s’expliquer comment l’équipage du « Tramontana » a réussi à atteindre la surface.
Les faits se sont produits dans l’après-midi du jeudi 11, au cours d’une de ces entraînements habituels qu’effectuent les unités de la marine après une période de maintenance. Quelques minutes seulement auparavant, sans qu’on sache pourquoi, le commandant avait rappelé aux « postes de combat », de façon à ce que tous les sous-mariniers soient à leur poste et en alerte maximale. C’est alors qu’a été détectée la voie d’eau, provenant du « passage de coque » du périscope. Il est facile d’imaginer la pression à laquelle l’eau entrait à 300 m de profondeur [1], qui provoquait de plus un brouillard qui rendait très difficile la lecture des cadrans des équipements et le reste des instruments à bord. Les cris, les bruits faisaient aussi qu’il était difficile de donner et de recevoir des ordres.
A ce moment, le barreur du sous-marin était un officier-marinier ayant une énorme expérience, qui connaissait parfaitement le sous-marin et les procédures à respecter. Il a exécuté à la perfection les ordres de son commandant malgré le fait que le jet d’eau gelée tombait en grande partie sur lui.
Le marin chargé des chasses aux ballasts, celui qui a largué les plombs de sécurité (15 t) et celui qui a mis « avant 6 » (la vitesse maximale) ont fait preuve de la même efficacité, sérénité et préparation... Mais malgré cela, les choses se sont compliquées plus encore. Avec les ordres donnés, le sous-marin aurait dû faire surface avec une assiette de 30°. En réalité, c’est à peine si elle a atteint les 10 ou 15°. Et elle a ensuite commencé à se réduire à 8°. Il a fallu gouverner le « Tramontana » avec une main ferme, parce que si l’assiette s’était encore réduite, la tragédie aurait été inévitable...
Les témoignages de ceux qui étaient à bord donnent une idée faible de ce qui s’est réellement passé à bord du sous-marin. Certains racontent que de la fumée sortait de certains équipements et il semble que d’autres sont tombés en panne, en particulier des générateurs de courant.
A cet instant, de plus, le sous-marin a commencé à perdre de l’assiette, jusqu’à effectuer une bonne partie de la remontée à seulement 5°, au moment où le sous-marin est arrivé en surface. Une fois le cauchemar terminé, alors que les marins se serraient dans les bras de soulagement, le sous-marin a rejoint par ses propres moyens la base de Carthagène. Il était 22 heures 15. Outre leur habileté, la chance s’est aussi alliée à l’équipage du « Tramontana ». Parce que pendant l’incident, un autre élément était très préoccupant : une remontée en surface dans ces circonstances se fait en aveugle, sans savoir si un autre navire se trouve au-dessus de lui. Une collision dans ces circonstances aurait aussi été fatale.
Les croyants l’attribuent à la Vierge du Carmen, la Patronne de la Marine espagnole, et ceux qui ne le sont pas, à l’habileté et à la chance. Mais il est certain que les événements du jeudi 11 passeront dans l’histoire de la marine espagnole : c’est la première fois que cela se produit et probablement dans des circonstances encore plus délicates que ce peut être reproduit dans les simulateurs. Et cela sans parler de la pression avec laquelle l’équipage a dû agir, puisque les 60 hommes du « Tramontana » savaient qu’il n’y avait pas de place pour la plus petite erreur. Une seule aurait été la dernière.
Une fois qu’on connait les détails des événements, le communiqué publié par le ministère espagnol de la défense prend un caractère étrange. Il disait entre autres : « près avoir effectué les actions d’urgence prescrites dans ce type de situations, pour lesquelles l’équipage s’entraîne habituellement et de façon intensive dans des simulateurs, le sous-marin est revenu en surface sans aucun problème ». Sans doute, une autre façon de voir les choses.
[1] 30 bars.
Source : ABC (Espagne)