Un sous-marin de la Royal Navy a heurté le fond à cause de papier calque

  • Dernière mise à jour le 23 mai 2008.

Un sous-marin nucléaire de la Royal Navy a heurté en 2002 le fond à plus de 14 noeuds à cause d’erreurs de base de navigation commises pendant un exercice de formation de 3 stagiaires.

Le HMS Trafalgar
Le sous-marin qui a heurté le fond pendant l’exercice en 2002.

Du papier calque recouvrant la carte de navigation du sous-marin masquait des informations vitales, comme le fait que la vitesse du courant de marée atteignait 2,5 nds à cet endroit. Ces détails sont contenus dans le rapport officiel d’enquête sur l’échouement du HMS Trafalgar en octobre 2002, publié dans le cadre de la loi sur l’accès à l’information.

90 secondes avant que le sous-marin ne heurte le fond près de l’île de Skye, quelqu’un a réalisé ce qui se passait et a été enregistrée : “Nous allons devoir changer de route. C’est trop dangereux.”

Les enquêteurs de la commission n’ont pas réussi à découvrir qui a lancé cet avertissement, mais il est intervenu trop tard et “à 07:57, le sous-marin a heurté le fond, heurtant violemment le fond sur le côté bâbord avant ... à une vitesse de 14,7 noeuds.”

Le rapport indique : “A l’impact, l’avant du sous-marin a été poussé sur tribord et il y a eu une rapide décélération, la plupart de l’équipage perdant son équilibre et provoquant au moins 3 blessures mineures.”

Lorsqu’il a retrouvé son équilibre, le Commander Robert Fancy, le commandant du Trafalgar, a ordonné de faire surface pour vérifier si la coque n’avait pas été touchée et que le réacteur nucléaire n’avait pas subi de dégâts. Le réacteur n’a pas été affecté mais la coque a nécessité 5 millions de £ (6,3 millions €) de réparations.

La commission a lourdement critiqué la participation sans supervision de stagiaires dans les procédures de navigation et l’utilisation de papier calque sur la carte.

Les 3 stagiaires, qui participaient à un cours de commandement de sous-marins pendant l’exercice, surnommé “Cockfight”, avaient préparé un plan de navigation qui prévoyait que le transit s’effectuerait à l’immersion périscopique et “avec des points optiques fréquents”. Mais le plan a été modifié par les officiers supérieurs pour contrôler un des stagiaires, le Lieutenant-Commander Tim Green.

Cependant, les stagiaires n’avaient pas anticipé que le HMS Trafalgar naviguerait en plongée et rapidement. “Par conséquent, il [le plan] était indéquat,” indique le rapport.

La vitesse du courant de marée de printemps n’a pas été correctement pris en compte lorsqu’ils ont tracé la route près d’un îlot rocheux, Fladdachuain, près de l’île de Skye. Le rapport indique que l’information sur la carte et la topographie générale faisaient que le courant de marée augmenterait très probablement. Mais la vitesse du sous-marin a été surestimée et “personne n’a tenu compte du temps nécessaire pour accélérer de 4 à 8 noeuds. Le tracé désordonné et imprécis de la route sur la carte rendait les calculs difficiles,” indique-t-il.

Le papier calque avait été utilisé sur la carte pour empêcher qu’on écrive dessus. Mais le rapport indique que des “informations vitales” avaient été masquées. L’utilisation de papier calque avait été “un facteur contributif” lors de précédents échouements. La commission d’enquête a déclaré que l’utilisation de papier calque devrait être fortement découragé.

Le plan de navigation a été “déficient à la fois dans la conception et dans son exécution”. La supervision du travail sur la carte a aussi été insuffisant, indique le rapport.

“Le commandant n’a pas saisi les erreurs dans les calculs de courant de marée, ni l’importance qu’ils revêtaient après avoir plongé,” conclut la commission.

HMS Trafalgar a heurté le fond “à cause d’une erreur humaine”. Si le commandant et son état-major avaient pris en compte les dangers inhérents au plan de navigation, ils auraient surveiller de plus près la position réelle du sous-marin. “Des sous-marins nucléaires ne devraient effectuer un entraînement de cette nature seulement si les arrangements pour la sécurité de navigation sont sans faille,” indique la commission.

Les commandants de sous-marins impliqués
Robert Fancy, à droite, et Ian McGhie, second plan à gauche, lors de la cour martiale en 2004

Le Commander Fancy, qui était responsable de la navigation, et le Commander Ian McGhie, qui était responsable du stage de formation, ont été traduits en cour martiale et réprimandés pour négligeance.

Des collisions en abondance
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Source : The Times (Grande-Bretagne)