Le nombre de patrouilles effectuées par les SNLE russes continue de diminuer

  • Dernière mise à jour le 28 avril 2008.

Selon des informations compilées par la Federation of American Scientists, le nombre de patrouilles de dissuasion effectuées par les 11 SNLE russes s’est réduit à seulement 3 en 2007 contre 5 en 2006.

Un SNLE russe

En comparaison, les SNLE américains ont effectué en 2007 54 patrouilles, plus de 3 fois le nombre effectué par tous les autres pays disposant de l’arme nucléaire combinés.

Le faible nombre de patrouilles continue le lent déclin constaté depuis la Guerre Froide ; aucune patrouille n’avait été effectuée en 2002. La nouvelle politique montre que la Russie ne maintient plus une posture permanente de dissuasion nucléaire comme celle des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, mais est passée à la place à une nouvelle posture où elle envoie occasionnellement un SNLE dans un but de formation.

 Une dissuasion maritime occasionnelle

Nombre de patrouilles des SNLE russes entre 1981 et 2007
Les SNLE russes ont effectué seulement 3 patrouilles de dissuasion en 2007, contre 5 en 2006.

Le passage à une dissuasion maritime occasionnelle est apparu en 2007, lorsque le ministre de la défense de l’époque, Sergei Ivanov, a déclaré le 11 septembre que 5 SNLE étaient en patrouille à ce moment-là. Quatre mois plus tard, les services de renseignement naval américains ont montré que ces 5 patrouilles étaient les seules effectuées par des SNLE russes dans toute l’année. En combinant les 2 sources, il semble que le rythme comporte un ensemble de patrouilles effectuées en même temps plutôt que des patrouilles réparties sur toute l’année.

La raison de l’évolution n’est pas certaine. Peut-être, la marine russe n’a-t-elle toujours pas surmonté les contraintes financières et techniques qui l’ont frappé après la chute de l’Union Soviétique. Les SNLE peuvent lancer leurs missiles tout en étant à quai si nécessaire, cependant une telle posture transforme chaque SNLE en une cible très tentante et vulnérable. La Russie pourrait tout simplement avoir décidé qu’il n’était plus nécessaire de maintenir une force de représailles nucléaires en permanence à la mer, et que quelques patrouilles d’entraînement étaient suffisantes pour déployer les SNLE en cas de crise hypothétique.

 Les zones de patrouille des SNLE russes

Zones de patrouille des SNLE russes en 80-90
Les zones de patrouille des SNLE russes sont probablement les mêmes que celles utilisées dans les années 90.

On sait peu de choses sur les zones où les SNLE russes effectuent leurs patrouilles de dissuasion. En 2000 cependant, l’US Naval Intelligence avait publié une série de cartes grossières des zones montrant les zones de patrouille utilisées à la fin des années 80 et dans les années 90 par les SNLE de classe Delta IV et Typhoon. Le peu de SNLE qui partent occasionnellement en patrouille aujourd’hui utilisent probablement à peu près les mêmes zones.

 En perspective

Le déclin dans les patrouilles de SNLE est en net contraste avec les opérations de bombardiers et de la flotte de surface russes en 2006-2007, qui ont augmentées en étendue et en distance. Pour l’instant du moins, les patrouilles de SNLE ne sont pas utilisées pour “montrer” le statut de la Russie.

Environ 20% des têtes stratégiques russes sont embarquées sur SNLE. Mais avec le prochain remplacement des anciens SNLE Delta III et de leurs missiles à 3 têtes nucléaires par les nouveaux SNLE de la classe Borey (dont l’entrée en service du premier est prévue d’ici la fin de l’année) équipés de missiles à 6 têtes, la part des SNLE dans la posture devrait passer à environ 30 % d’ici 2015.

Au total, la Russie disposerait actuellement d’environ 5.200 têtes nucléaires dans son stock opérationnel, dont quelques 3.110 têtes stratégiques et 2.090 non-stratégiques. On estime que 8.800 autres têtes sont en réserve ou en attente de démantèlement.

Source : Federation of American Scientists (Etats-Unis)