Un peu trop chaud dans les armoires électriques

  • Dernière mise à jour le 11 janvier 2008.

Des scientifiques du ministère Canadien de la défense cherchent un moyen d’arrêter la surchauffe de composants électriques critiques des sous-marins d’occasion de la marine Canadienne sous des climats tropicaux.

La température des armoires électriques de la salle des machines du HMCS Victoria avait atteint 56° lorsque le sous-marin a rejoint la côte Pacifique en passant par le canal de Panama en 2003. C’est 6° plus chaud que la température maximale pour laquelle ils sont conçus.

"Dans le pire des scénarios, vous pouvez perdre cette fonction ou la capacité de contrôler les moteurs diesel," a déclaré John Porter, un ingénieur mécanicien du laboratoire Defence Research and Development Canada.

"Ce n’est pas une question de vie ou de mort ou un problème important de sécurité dans ce cas particulier. Mais vous pouvez imaginer que si on perd le contrôle des diesels, on est contraint de faire surface pour réparer, ce qui, par mer agitée, peut être inconfortable. Ou si vous êtes en mission, cela pourrait la compromettre."

La surchauffe des armoires électriques pourrait affecter la manière dont la marine utilise les sous-marins dans certaines régions, comme les Caraïbes, la Méditerranée ou le golfe Persique.

"La conséquence est probablement que vous mettriez des restrictions, à un certain niveau, à la façon dont les sous-marins sont utilisés," a indiqué Gene Joelson, un ingénieur sous-marinier en retraite.

"Si vous êtes en surface, ce n’est pas un gros problème parce que vous pouvez naviguer avec les panneaux ouverts. C’est si vous naviguez en plongée dans des eaux chaudes. Idéalement, vous devriez être capable d’aller n’importe où dans le monde et utiliser le sous-marin à 100% de ses capacités."

Les 4 sous-marins Canadiens de la classe Victoria ont été conçus au début des années 80 pour naviguer dans l’Atlantique Nord entre le Groënland et la Grande-Bretagne, explique M. Porter.

"Nous étendons en réalité leur utilisation et cela impliquera des opérations occasionelles dans des eaux chaudes," indique M. Porter. "Donc nous allons installer des solutions de refroidissement pour leur permettre d’opérer plus efficacement dans ces environnements pour lesquels ils n’étaient pas conçus au départ."

Une nouvelle étude de 25.000 CAN$ (16.700 €) doit développer une solution de refroidissement thermoélectrique pour les armoires électriques.

"Nous espérons pouvoir démontrer ses capacités sur l’un de nos sous-marins opérationnels d’ici 12 mois," a indiqué M. Porter.

Le matériel utilisera le même principe que "les petits climatiseurs qu’on peut brancher sur l’allume-cigare," a-t-il expliqué.

"La différence est que, avec le modèle commercial, l’efficacité des matériaux qui transfèrent la chaleur est très, très faible. Il faut donc une quantité significative d’énergie d’une source extérieure."

Les sous-marins préfèrent conserver autant d’énergie que possible pour la propulsion, a expliqué M. Porter.

"Ce que nous faisons est d’explorer de nouveaux matériaux exotiques pour améliorer cette efficacité, ayant par conséquent besoin de moins d’énergie extérieure," a-t-il indiqué.

M. Porter n’a pû indiquer le prix que cela coutera pour équiper les 4 sous-marins Victoria de cette technologie.

"Je ne pense pas qu’il y aura de progrès sans investir au moins 250.000 CAN$ (167.100 €)," a indiqué Bernie LeSage, président de Global Thermoelectric Inc de Calgary.

Mais M. Porter a indiqué qu’il doutait que cela couterait autant.

"Nous ne parlons pas de dépenses très importantes et démesurées pour faire ça," a-t-il déclaré. "Nous prévoyons que cela sera une solution économique autant en argent qu’en énergie."

La technologie est silencieuse et fiable, a déclaré John Stockholm, un ingénieur qui a travaillé sur l’installation du refroidissement thermoélectrique sur les sous-marins français.

L’alternative est d’utiliser des systèmes de climatisation bruyant qui utilisent du Fréon, un gaz toxique, a expliqué par téléphone M. Stockholm, depuis sa maison près de Paris.

"A bord d’un sous-marin, ils n’aiment pas le Fréon," a-t-il indiqué. "Ils craignent par dessus tout une fuite de Fréon parce que cela tuerait l’équipage."

Source : The Chronicle Herald (Canada)