Les sous-marins diesel : des armes merveilleuses

  • Dernière mise à jour le 3 septembre 2007.

Le sous-marin diesel pourrait être l’arme parfaite du 21è siècle. Il n’est pas considéré aux Etats-Unis ou en Russie. Mais la Chine, l’Inde, la France, l’Allemagne et Israë l parient tous dessus.

Le sous-marin diesel n’est certainement pas une nouvelle technologie sexy comme les missiles anti-missiles, le positionnement par satellite ou les lasers. Il existe depuis aussi longtemps que le sous-marin lui-même (l’expérience bizarre de l’amiral Britannique Lord John "Jackie" Fisher avec des sous-marins géants à vapeur, les célèbres sous-marins "K" de la 1ère guerre mondiale, n’est jamais allée très loin).

La technologie des sous-marins diesel a été perfectionnée il y a plus de 60 ans dans la grande flotte de sous-marins océaniques de l’US Navy pendant la 2è guerre mondiale et les U-boats Allemands Type XXII et XXIII qui sont devenus opérationnels vers la fin de la guerre.

Néanmoins, le développement de sous-marins nucléaires, d’abord par l’US Navy dans les années 50 puis par l’Union Soviétique, semble avoir rendu le sous-marin diesel aussi obsolète que l’arc et la flèche depuis la production massive d’armes à feu. L’amiral Hyman Rickover, le père bagarreur de la flotte nucléaire Américaine, les haïssait comme le poison. Les amiraux qui lui ont succédé font de même.

Grâce à leurs politiques d’achat de matériel, il ne reste plus un seul chantier naval dans tous les Etats-Unis qui en construise encore. Mais dans d’autres nations importantes, le bon vieux sous-marin diesel effectue un retour remarquable.

Israël a déjà mis en service 3 sous-marins diesel Dolphin de construction allemande pour transporter des missiles de croisière à têtes nucléaires afin de lui fournir une capacité de seconde frappe survivable pour dissuader l’Iran ou d’autres nations de se laisser tenter par une attaque préventive avec des armes nucléaires, et il a en commandé au moins 2 de plus — tous les 2 aussi à l’Allemagne.

La France fait de bonnes affaires en construisant aussi ses sous-marins Scorpène pour l’exportation, et l’Inde prévoit de déployer des Scorpène avec des missiles de croisière comme une dissuasion contre le Pakistan, sur le même concept opérationnel qu’Israël.

Mais le pays le plus enthousiaste pour les sous-marins diesel est la Chine, qui les construit seule : en 2006, elle en a construit 14 contre un seul — à propulsion nucléaire — pour les Américains.

La Chine construit une flotte sous-marine mixte, ou équilibrée. Elle a aussi investi dans des sous-marins nucléaires stratégiques plus gros pour transporter des missiles balistiques de seconde frappe dirigés en premier lieu vers les Etats-Unis. Mais elle consacre aussi des ressources importantes à sa flotte de sous-marins classiques. Pourquoi ?

Les sous-marins diesel n’ont certainement pas le rayon d’action sans limite et l’autonomie nécessaires pour des déploiements opérationnels à long-terme qu’ont les sous-marins nucléaires. Mais, dans la guerre conventionnelle, ils ont aussi de nombreux avantages.

Ils peuvent opérer beaucoup plus facilement sur le littoral ou au large, dans des eaux peu profondes, et être beaucoup plus petits que les sous-marins nucléaires leur donne un énorme avantage opérationnel potentiel dans des zones de combat resserrées comme la Méditerrannée orientale, la mer Rouge et le golfe Persique.

La politique d’approvisionnement de la Chine et la concentration écrasante de ses forces sur ses côtes sud-est ne laisse aucun doute que les planificateurs opérationnels Chinois considèrent l’US Navy et l’US Air Force comme leur ennemi conventionnel le plus probable dans un conflit éventuel sur le statut de Taïwan.

Dans ce contexte, disposer d’une très grande flotte de sous-marins classiques a beaucoup de sens. Les sous-marins diesel peuvent poser une menace formidable à des porte-avions nucléaires opérant à portée opérationnelle de leurs ports-base, comme le serait la flotte sous-marine Chinoise dans le Pacifique Ouest et le détroit de Taïwan dans un tel conflit.

Les capacités Américaines de lutte anti-sous-marine, ou ASM, sont superbes, les meilleures du monde. Mais elles ont été principalement développées pour détecter et détruire les SNA ou les SNLE Soviétiques puis Russes qui sont plus gros et à propulsion nucléaire. De nombreux sous-marins diesel, plus petits et moins chers, opérant en meutes comme lors de la 2nde guerre mondiale, auraient une meilleure chance de submerger les défenses ASM d’un groupe d’escorte de porte-avions que ne pourraient le faire 2 ou 3 SNA à la fois.

Pour Israël et l’Inde, le calcul est différent : Israël ne peut tout simplement pas se permettre d’acheter des sous-marins nucléaires, et ils seraient trop gros et par conséquent faciles à détecter dans les eaux relativement peu profondes de la Méditerrannée.

Il n’a donc pas besoin non plus de gros SNLE comme la classe Américaine Ohio, ou même de la classe Russe Borei, d’une certaine manière un peu plus petit, pour transporter ses armes de 2nde frappe.

De toutes façons, Israël ne peut se permettre et n’a pas besoin de missiles stratégiques à longue portée lancés depuis un sous-marin. L’Iran, la Syrie et ses autres ennemis potentiels seraient tous à portée de missiles de croisière à portée intermédiaire qui peuvent être lancés depuis un sous-marin classique. Donc l’état Juif a investi dans des U-boats Allemands comme principale ligne de défense. On peut se demander ce qu’aurait pensé le Grand Amiral Karl Doenitz de tout ça.

En 1982, le sous-marin nucléaire Britannique HMS Conqueror a démontré la puissance opérationnelle conventionnelle du SNA en coulant le croiseur Général Belgrano de la Marine Argentine pendant la guerre des Malouines. Néanmoins, de futures guerres pouraient montrer que la dynamique s’est inversée avec d’énormes navires nucléaires de surface chassés par des flottes d’une arme employée au cours des 2 guerres mondiales et qui était supposée être obsolète depuis plus d’un demi-siècle : le sous-marin diesel non-nucléaire.

Source : United Press International (Etats-Unis)