Des couteaux et des informations auraient pà» sauver les 2 sous-mariniers

  • Dernière mise à jour le 10 avril 2007.

Deux marins du sous-marin d’attaque Minneapolis-St. Paul ont été tués le 29 décembre au large de Plymouth, Angleterre, après être passés par dessus le bord par mauvaise mer qui bientôt a menacé de couler le sous-marin, selon un rapport d’enquête publié lundi àla suite d’une demande dans le cadre de la loi sur la liberté de l’information envoyée par Navy Times.

Le maître principal électronicien Thomas K. Higgins, 45 ans, patron du pont, est décédé dans l’accident, de même que le technicien sonar de 2è classe Michael J. Holtz.

Un 3è marin, le technicien sonar de 1è classe James Sowa, est passé par dessus le bord avec Higgins et Holtz mais a survécu.

Affectés à une équipe de pont, les 3 essayaient de débarquer un pilote de port Britannique du sous-marin près d’une jetée alors que le sous-marin quittait le port. Au moment de l’accident, l’équipe se trouvait sur le pont et le pilote se trouvait dans le sas de sauvetage avant. Bien que le mauvais temps approchait — provoquant en fait leur départ d’Angleterre — il était considéré comme gérable à ce moment, selon le rapport d’enquête du JAG [1].

Mais alors que les 3 marins étaient débouts sur le pont, une forte vague s’est écrasée sur le sous-marin, suffisament fort pour refermer le panneau supérieur du sas sur le pilote, qui s’est mordu la lèvre supérieure sous le choc.

Le pilote a réouvert le panneau mais le commandant du sous-marin, le Cmdr. Edwin Ruff, a ordonné à Higgins, Holtz et Sowa de descendre. Avant qu’ils aient pû atteindre le sas, une seconde vague a frappé, jetant à la mer les 3 marins.

Le pilote s’est mis à l’abri à l’intérieur du sous-marin. Les 3 marins sont restés à l’extérieur. Ils étaient secoués par la forte houle et luttaient pour remonter à bord. Mais ils étaient restés accrochés au sous-marin par des lignes de vie fixées à un rail de sécurité, selon le rapport.

Un autre membre d’équipage est monté sur le pont mais il a aussi été jeté à la mer avant d’avoir pû accrocher sa ligne de vie sur le rail. Un bateau d’escorte qui se trouvait à proximité l’a récupéré.

Les marins étaient ballotés dans tous les sens à travers le pont. Sowa a survécu quand une vague l’a projeté sur le pont lui permettant de se hisser vers le sas ouvert. Un plongeur, le matelot magasinier Garrett Degler, l’a attrapé, a coupé sa ligne de vie et l’a hissé à l’intérieur, selon le rapport.

Un autre marin est sorti pour secourir Higgins et Holtz. Mais lui aussi a été jeté par dessus le bord. Il a essayé de revenir vers le sous-marin en nageant mais il a rapidement été secouru par un bateau d’escorte.

Avec Higgins et Holtz toujours accrochés au sous-marin, l’eau des vagues de 3 à 5 m ruisselait dans le sous-marin, atteignant “plusieurs centimètres d’eau” sur le plancher du mess et remplissant les bouchains. Il a fallu plusieurs essais avant qu’un membre d’équipage ne parvienne à refermer le panneau du sas, qui avait été bloqué par l’échelle de pilote. Le sous-marin manoeuvrait par mer agitée pour rester à l’écart de la jetée et fournir un abri sous le vent aux marins bloqués.

Higgins et Holtz ont finalement été récupérés par les bateaux d’escorte. Leur décès a été constaté dans un hôpital voisin.

Le rapport n’indique pas si Higgins et Holtz avaient des couteaux qui leur auraient permis de couper leur ligne de vie et de s’écarter du sous-marin.

Le rapport attribue la faute au commandement pour ne pas avoir correctement analysé les informations disponibles ou anticipé les conditions météo à cet endroit. Le commandant du port, un civil Britannique avec 15 ans d’expérience à guider des navires et des sous-marins en entrée et en sortie de Plymouth, est aussi accusé d’avoir donné à l’équipage de “mauvais conseils” et n’a pas évoqué “l’état de la mer potentiellement dangereux après la jetée”.

Un manque d’entraînement de l’équipage à la gestion des risques et aux procédures d’homme à la mer est aussi cité. Après l’accident, le sous-marin a dû continuer un transit de 14 heures vers son point de plongée plus au large. Il ne pouvait plus rentrer au port à cause du changement des conditions de marée.

Ruff, commandant du sous-marin au moment de l’accident, a été relevé de son commandement le 19 janvier par le commandant de la force sous-marine de l’époque, le vice-amiral Charles Munns. Munns a relevé Ruff 3 jours après que le commandant ait reçu une lettre punitive de réprimande mais ait été autorisé à rester à bord.

Le commandant en second a reçu une lettre punitive de réprimande au cours d’une audience extra-judiciaire en janvier. Il a quitté le sous-marin lors d’un remplacement prévu auparavant.

Les accusations contre 2 officiers subalternes et un officier-marinier ont été abandonnées.

Toute la flotte sous-marine a effectué le 11 janvier une revue de sécurité d’une semaine pour évaluer les risques, à la suite de l’accident du Minneapolis-St. Paul et de la collision le 8 janvier entre le SNA Newport News et un pétrolier japonais dans le Golfe Persique.

Le Minneapolis-St. Paul est revenu à Norfolk le 3 avril à la suite d’un déploiement de 6 mois.

Notes :

[1Judge Advocate General : Branche judiciaire des armées américaines. Bureau qui fournit les juges, les avocats et les procureurs des cours martiales américaines, le plus connu est celui de l’US Navy grâce à la série du même nom.

Source : Navy Times (USA)