Annulation du contrat de sous-marins australiens : la mise au point du ministère des armées

  • Dernière mise à jour le 21 septembre 2021.

Depuis quelques jours, tout et son contraire est dit sur le contrat australien de sous-marins. La sécurité des Australiens et la performance de nos industriels valent mieux que les affirmations péremptoires. Quelques précisions pour mieux comprendre l’affaire des sous-marins australiens.

 La France et les sous-marins, c’est du sérieux

Depuis 120 ans, la France a construit plus de 250 sous-marins, dont plus de 230 à propulsion conventionnelle. Le retour d’expérience en ingénierie et savoir-faire est considérable.

Le projet français bénéficiait directement des acquis technologiques du sous-marin nucléaire d’attaque Barracuda, ainsi que de l’expertise de Naval Group, issue des nombreux programmes Scorpène vendus à l’export (Chili, Malaisie, Inde, Brésil).

 Le sous-marin proposé aux Australiens meilleur qu’un sous-marin nucléaire

A bien des égards, les performances du sous-marin Attack proposé par la France aux Australiens étaient meilleures que celles proposées par un sous-marin nucléaire. Pourquoi ?

Au plan acoustique notamment, la discrétion d’un sous-marin conventionnel reste dans certaines circonstances paradoxalement meilleure que celle d’un sous-marin nucléaire : un sous-marin classique n’a pas en permanence un système de refroidissement de son réacteur en marche. La vitesse d’écoute silencieuse (à laquelle on peut écouter sans être détecté) était particulièrement élevée grâce à la technologie de pompe-hélice, que très peu de pays maîtrisent.

Le sous-marin proposé à l’Australie était de classe océanique, c’est-à-dire qu’il avait de très grandes capacités d’autonomie et de distance franchissable.

 Le client (australien) est roi

En 2009, le Defence White Paper australien (leur livre blanc), deux ans après le début du projet de remplacement des Collins, disait déjà :« The Government has ruled out nuclear propulsion for these submarines. » En français, la propulsion nucléaire des sous-marins était exclue.

En août 2021, le communiqué conjoint des ministres de la défense et des affaires étrangères français et australien disait encore : « Ministers underlined the importance of the Future Submarine program. » En français, les ministres rappelaient l’importance cruciale du programme.

Le jour même de l’annonce AUKUS, les Australiens ont écrit à la France pour dire qu’ils étaient satisfaits des performances atteignables par le sous-marin et par le déroulement du programme. En clair : en avant pour lancer la prochaine phase du contrat.

Revenir à la surface pour recharger les batteries est inhérent à un sous-marin diesel-électrique. C’était bien la demande australienne.

Un sous-marin nucléaire a, par nature, un rayon d’action supérieur à celui d’un sous-marin classique. Le tonnage prévu du SM Attack (entre 5000 et 6000 tonnes) était suffisamment important pour permettre le rayon d’action demandé pour les opérations navales australiennes.

 Le choix australien : une mauvaise nouvelle…pour les Australiens

Les premiers sous-marins Attack devaient être délivrés à l’horizon 2030. Avec ce nouveau partenariat AUKUS, difficile d’imaginer avant 2040. C’est long, quand on voit la vitesse à laquelle la Chine se militarise…

Selon un rapport du CRS (Congressional Research Service) de juin 2021, les coûts de série des deux derniers SSN Virginia commandés (35ème et 36ème) serait de 6,915Md$, soit 3,46 milliards l’unité (2,95Md€). Beaucoup plus cher qu’un Barracuda français par exemple…

L’annonce du 15 septembre indique que les sous-marins nucléaires seront construits sur place. Mais l’Australie affirme ne pas vouloir d’industrie nucléaire ni civile, ni militaire. Faut-il donc comprendre que les Etats-Unis fourniront des compartiments chaufferie nucléaires complets à intégrer aux sous-marins, avec des équipes de techniciens américains pour assurer la mise en service, l’entretien, peut-être même la conduite ?

Les investissements en infrastructures capables d’accueillir des sous-marins nucléaires en Australie, nécessaires pour prévenir tout risque environnemental, seront coûteux et complexes.

Source : Ministère des armées sur Twitter