L’Australie inquiète de la disponibilité de ses sous-marins

  • Dernière mise à jour le 21 juillet 2011.

Le ministre australien de la défense, Stephen Smith, a annoncé un audit sur la disponibilité des sous-marins de la classe Collins. Cet audit, baptisé Coles, va examiner le “cadre commercial optimal” puisque les sous-marins approchent de leur date de retrait du service actif, prévue pour la mi-2020. Par moment, un seul des 6 sous-marins est opérationnel.

Le lancement de l’audit Coles intervient moins d’une semaine après la publication des conclusions de l’audit Rizzo qui a mis en lumière les problèmes sérieux et récurrents sur la maintenance et le soutien de la flotte amphibie australienne. Le manque de disponibilité, les problèmes techniques et les difficultés de maintenance des sous-marins de la classe Collins sont bien connus en Australie. L’audit Coles admet, implicitement, que les problèmes identifiés sur les bâtiments amphibies touchent toute la flotte australienne.

Ce dernier est particulièrement significatif dans le contexte du programme de sous-marin futur. Stephen Smith a remarqué que « si nous n’avons pas confiance dans notre capacité à entretenir nos sous-marins actuels, il sera très difficile de lancer, au delà de la planification initiale, le programme d’acquisition de notre futur sous-marin. » Le projet de sous-marin futur sera le plus important programme militaire dans l’histoire de l’Australie. Son cout estimé est de 36 milliards de $ (27 milliards €). Pourtant, les 2 principales agences qui seront chargées de superviser le projet, sont déjà soumises à d’intenses critiques.

La liste des projets de la Defence Materiel Organisation (DMO) sources d’inquiétudes, reste assez longue. Les récents problèmes rencontrés dans la construction des frégates anti-aériennes sont considérés par certains comme symptomatiques des mauvaises relations entre le ministère de la défense et les industriels. La démission soudaine du dirigeant de la DMO, en poste depuis très longtemps, le Dr David Gumley, est une autre cause d’inquiétude. Certains spécialistes doutent aussi que l’Australian Submarine Corporation (ASC) ait les moyens de mener à bien un projet de l’ampleur du sous-marin futur.

Enfin, malgré l’ampleur du projet de remplacement des sous-marins de la classe Collins, aucune projection budgétaire n’a été réalisée pour le budget 2011, le livre blanc de la défense de 2009 ou le Plan de Capacité de la Défense, récemment mis à jour.

L’annonce de l’audit Coles met en lumière la situation difficile des planificateurs stratégiques australien. D’un côté, le sous-marin Collins est un équipement couteux et qui manque de fiabilité, approchant de sa fin de vie et nécessitant un entretien toujours plus couteux. D’un autre côté, la perspective de son remplacement reste très incertaine, compte-tenu des défaillances systémiques de l’acquisition, de l’entretien et du soutien des équipements navals.

Smith a admis qu’aller de l’avant dans le projet de sous-marin futur n’est pas une bonne idée tant que les problèmes des sous-marins Collins n’auront pas été résolus. Cela suggère que les Australiens pourraient s’être habitués à l’idée de ne pas disposer de flotte sous-marine efficace pendant les décennies à venir.

Source : Lowy Institute for International Policy (Australie)