Des marins américains jouent un rôle clé à bord du porte-avions français

  • Dernière mise à jour le 17 avril 2011.

A bord du Charles de Gaulle — Le Lt. Patrick Salmon, de l’US Navy, se prépare pour une nouvelle journée de travail, s’introduisant dans le cockpit de son chasseur et décollant du pont d’envol de ce porte-avions français pour sa mission quotidienne d’attaque des forces terrestres de Khadafi.

Des marins américains jouent un rôle clé à bord du porte-avions français

Son appareil décollera grâce à Kyle A. Caldwell, un autre Lieutenant de l’US Navy qui met en œuvre les catapultes du pont d’envol. Lorsque Salmon est prêt à poser son avion sur le pont d’envol, c’est un 3è lieutenant de l’US Navy, Philip Hoblet, qui sera à bord d’un hélicoptère français de sauvetage, volant juste sur l’avant du porte-avions, au cas où un des pilotes rentrant de vol serait contraint de s’éjecter en mer.

Les États-Unis, qui ont mené dans un premier temps la coalition contre la Libye, ont réduit leur rôle au cours des 2 dernières semaines. Le 31 mars, ils ont remis le contrôle et le commandement de la campagne internationale à l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, puis ils ont peu après cessé toute mission d’attaque au-dessus de la Libye — conduisant l’OTAN à rechercher d’autres avions pouvant mener des attaques de précision contre les forces de Khadafi.

Vendredi, l’OTAN a indiqué que les États-Unis effectuaient encore le tiers des missions de l’opération. Mais il s’agit de vols de reconnaissance et de ravitaillement, pas de missions d’attaque au-dessus du territoire libyen.

Mais, alors même que les États-Unis ont retiré leurs forces de la ligne de front de la campagne de l’OTAN, une poignée d’Américains, embarqués sur ce porte-avions français, reste à l’avant-scène de l’action.

Il s’agit d’un programme peu connu d’échange de personnel : des officiers américains embarquent sur des bâtiments de la Marine Nationale et des officiers français embarquent sur des bâtiments de l’US Navy.

« Comme les pilotes de l’Aéronavale française sont formés aux États-Unis, les procédures sont standardisées, » explique le Cmdr. Matthew Hogan. « Nous sommes habitués à voler ensemble. »

Hogan, qui est arrivé depuis 9 mois pour un échange de 2 ans à la base navale de Toulon, est embarqué sur le porte-avions comme officier d’état-major du Contre-Amiral Philippe Coindreau, commandant de la flotte française conduisant les frappes aériennes contre la Libye.

Le porte-avions, surnommé dans la marine “Le Grand Charles”, a commencé les vols de reconnaissance au-dessus de la Libye le 22 mars. Des missions d’attaque ont suivi presqu’immédiatement, et le bâtiment constitue depuis le fer de lance de la campagne aérienne de l’OTAN.

La France dispose actuellement d’un seul porte-avions, alors que les Etats-Unis en ont 11. Les Français ont donc décidé il y a longtemps qu’il n’était pas économique de mettre sur pied une formation spécifique de leurs pilotes, ils s’appuient sur celle de l’US Navy.

Régulièrement, des pilotes et du personnel de soutien de l’Aéronavale française rejoignent des bases américains dans le Mississippi et en Floride pour apprendre les opérations sur porte-avions.

Les 4 Américains embarqués sur le porte-avions, vivent sur ou à proximité de la base de Toulon. Seul Hoblet a fait venir sa famille. Les autres expliquent qu’ils passent trop de temps en mer pour que cela vaille la peine que leur femme et leurs enfants s’habituent à la vie dans un pays étranger.

Les Américains reçoivent un apprentissage de base en français au Defense Languages Institute de Monterey (Californie). Bien qu’ils parviennent à parler couramment le français, maîtriser les subtilités des expressions familières et du langage parlé reste un défi.

Caldwell se souvient de sa confusion lorsqu’un collègue de travail lui a dit : « Il ne faut pas pousser grand-mère dans les orties ».

« Donc, lorsque nous ne travaillons pas, nous étudions le français, » explique-t-il. Travailler dans une autre langue à bord d’un porte-avions, ajoute la complication de communiquer dans un environnement très bruyant. Rugissement des réacteurs, claquement des câbles sur le pont, bruit des catapultes et des ascenseurs...

Mais les 4 ont reçu des félicitations d’officiers français pour leur maîtrise du français, leurs compétences et leur camaraderie.

Caldwell, qui a travaillé sur plusieurs porte-avions américains, explique que les ressemblances entre les 2 marines dépassent les différences. Il ajoute que la principale différence est le nombre de sorties effectuées chaque jour.

« Sur les porte-avions américains, nous lançons environ 160 appareils par jour de mer. Ici c’est seulement de 35 à 40 par jour, » indique-t-il. « De plus, sur les porte-avions américains, nous pouvons lancer et récupérer des avions en même temps. Ici, à cause de la taille plus petite du pont d’envol, il faut ferme le pont pour chaque opération. »

Source : Belleville News Democrat (Etats-Unis)