L’amiral Mark Stanhope, chef d’état-major de la Royal Navy, réagit à la Revue Stratégique de défense

  • Dernière mise à jour le 24 octobre 2010.

« Comme vous le savez tous, la Grande-Bretagne fait face à la pire situation économique de notre génération et la réduction du déficit national est une priorité. Pour la Défense, la priorité stratégique reste la campagne Interarmes en Afghanistan. Mais, dans le même temps, le Royaume Uni doit garantir la sécurité d’aujourd’hui tout en se préparant à relever les défis de menaces futures indéterminées.

Répondre à la fois à ces trois défis, c’est beaucoup demander mais il faut le faire. La Révision Stratégique de Défense et de Sécurité est une partie du processus.

Le gouvernement vient de publier les conclusions de cette Révision et je veux vous faire part de ce que cela signifie pour notre Marine et pour chacun d’entre nous.

Chacun au sein de la Marine, qu’il soit marin ou fusilier, réserviste, marin de la flotte auxiliaire ou civil de la Défense, chacun sera témoin de changements importants : certains seront positifs, d’autres douloureux.

Nous ne sommes pas seuls au milieu de ces difficultés. Non seulement les armées mais tout le secteur public doivent assumer ces restrictions. La Défense ne peut rester en dehors.

Tout au long de cette Révision, j’ai eu comme ambition de conserver une marine équilibrée, une marine que notre nation puisse se payer, mais, plus encore, une marine qui soit à même de remplir les missions d’aujourd’hui et de se préparer à faire face, quelque soit ce que demain nous réservera.

Dans ce combat pour la Marine, j’ai eu le bonheur de pouvoir prouver aux membres du Gouvernement qu’elle est déployée sur toutes les mers, qu’elle protège, qu’elle promeut et qu’elle défend les intérêts britanniques dans le monde entier. C’est votre action, votre engagement, vos tripes et votre professionnalisme qui m’ont permis de plaider en faveur de la Marine. 

Grâce à vos efforts, le Conseil de Sécurité Nationale comprend que la Royal Navy constitue le cœur de la sécurité et de la défense du Royaume-Uni — une nation insulaire a besoin de ses défenses maritimes.

Mais nous devons être réaliste sur ce que nous pouvons nous permettre, en particulier dans les prochaines années. Cela a nécessité certaines décisions très difficiles — parmi les plus difficiles que j’ai eu à prendre en 40 années de service dans la Royal Navy.

Avec mes collègues du Navy Board, j’ai accepté avec réticence certaines réductions de forces et de personnel afin de conserver le progrès de la Marine vers une force maritime plus puissante à l’avenir.

Cela signifie qu’il faut désarmer certains de nos bâtiments, afin de garantir la constitution d’une flotte centrée autour de bâtiments modernes et très puissants. Ce qui signifie donc moins de bâtiments et d’avions, et signifiera moins de personnel.

Cela comporte beaucoup de défis, dont aucun n’est simple.

La décision de construire les 2 nouveaux porte-avions est à la fois bienvenue et critique pour notre avenir en temps que Marine, mais le retrait des Harrier et de nos porte-avions actuels pose la question de comment effectuer au mieux la transition des compétences nécessaires pour mettre en œuvre à l’avenir ces porte-avions.

La réduction de la flotte d’escorte à 19 frégates et destroyers, un meilleur résultat que je ne l’ai craint à un moment, signifie cependant que nous devons à nouveau examiner comment nous utilisons ces bâtiments pour accomplir leurs missions permanentes.

La réduction de notre flotte amphibie, réaliste dans le cadre des contraintes actuelles fixées par l’Afghanistan, maintient notre capacité amphibie à un niveau plus petit. Cette importante capacité d’intervention va parer à toutes éventualités dans les prochaines années, utilisant des éléments du Corps des Royal Marines.

Aussi importantes que soient ces capacités, aussi importantes que soient nos futures capacités, ce qui m’a empêché de dormir, c’est l’impact sur notre personnel. Au cours des 5 prochaines années, la Royal Navy va perdre près de 5.000 postes militaires. Les réductions de force auront aussi un impact sur la Royal Fleet Auxiliary et sur notre personnel civil. Cela signifie que des licenciements et des plans de départ avancé sont inévitables, et que nous pouvons les attendre dès l’an prochain.

Ils seront gérés avec attention, et ciblés pour garantir que nous parvenions à 2 choses : d’abord que nous maintenions une structure de carrière compréhensible et des opportunités pour ceux qui restent ; et ensuite, que nous conservions les compétences et l’expérience dont nous avons besoin aujourd’hui et dont nous aurons besoin demain. D’autres détails seront diffusés dans les prochaines semaines, et je m’assurerai que vous les appreniez dès que je le pourrai.

Je m’attends à ce que les conséquences de la Revue en déçoivent beaucoup, mais il y a 3 points positifs dans tout ça, que je veux que vous vous souveniez dans les prochains mois.

Pour le meilleur ou le pire, la Revue nous a, pour la première fois depuis de nombreuses années, donné une idée claire de ce dont nous avons les moyens et une vision claire pour l’avenir. Cela nous donne les moyens de tracer notre route dans les années qui viennent.

Deuxièmement, nous sommes et nous allons rester engagés opérationnellement partout, depuis l’Afghanistan au golfe Persique, depuis l’Atlantique sud à la mer du Nord.

Troisièmement, soyez assurés que je ne me prépare pas à mettre plus de pressions sur notre personnel ou nos structures de force. Vous travaillez déjà suffisamment comme cela.

Le changement n’est jamais facile, mais la Royal Navy a connu le changement à de nombreuses reprises au cours de sa longue histoire. C’est pourquoi nous sommes encore ici. La mise en application de la Revue de Défense va nous tester tous, et je vais continuer à m’appuyer sur vos qualités de leader, votre courage et votre professionnalisme pour nous assurer que nous façonnions une Marine qui, aujourd’hui, est équilibrée, puissante, et prête pour les opérations, aujourd’hui et à l’avenir.

Comme vous, je ne me réjouis pas de ces changements. Ça sera dur, mais je n’ai aucun doute que notre Marine restera très puissante, internationalement reconnue et digne de votre engagement et de votre loyauté. J’ai confiance dans notre avenir commun. »

Source : Royal Navy