Chronique de Stratégie et Tactique navale : le SMX-25 ou le retour du submersible par DCNS

  • Dernière mise à jour le 18 octobre 2010.

Le Mamouth (ou Jean-Marc Tanguy) nous a annoncé une nouvelle qu’on attendait peut être moins que d’autres. Le contexte est plus favorable à l’annonce de bouleversements stratégiques... Plutôt que la révélation en exclusivité du nouveau concept de navire de DCNS ! Il faut bien l’avouer, ce n’est pas encore une habitude ancrée dans les moeurs des observateurs de la chose navale. Et donc, après les SMX-21, 22, 23 (qui a donné naissance à l’Andrasta) et 24, la DCNS dévoile peu à peu son petit dernier : le SMX-25.

Tentons de présenter le petit dernier grâce aux informations glanées par le Mamouth :

" Cet engin embarquerait 16 missiles (antinavires, de croisière, antiaériens), ainsi que quatre torpilles [sur les rails ou dans les tubes ? Combinaison des deux ?...] et des mitrailleuses sur le kiosque. Ses capacités en plongée seraient limitées à une centaine de mètres. Sa vitesse en plongée n’excèderait pas 10 nœuds, mais le SMX-25 pourrait, en contrepartie, filer jusqu’à 38 nœuds en surface.

Le submersible mesurerait 109 m de long, pour un déplacement, en surface, de 2.850 tonnes, et de 4.650 tonnes en plongée.

Il pourrait de même déployer des drones hélicoptères qui décolleraient et apponteraient quand le sous-marin -si cela en est encore un...- fera surface. "

Et pour notre plus grand bonheur, le blog Zone militaire a réussi à dénicher quelques informations de plus sur le dernier né de DCNS :

" Quant à sa protection, elle est identique à celle d’un sous-marin classique. L’acoustique du SMX-25 est optimisée et il dispose d’une batterie de contre-mesures devant lui permettre d’échapper à un éventuel agresseur. Et, au besoin, il aura toujours ses torpilles.

[...]

Par ailleurs, l’équipage du SMX-25 comptera seulement 27 marins mais il aura la capacité d’embarquer une dizaine de nageurs de combat. Ces derniers pourront être déployés quand le sous-marin est en semi-plongée. "

 SMX-25 : "S" pour submersible ou sous-marin ?

Il semblerait bien qu’il faille écarter le fait de ranger le SMX-25 dans le cadre des croiseurs sous-marins (ni résurgence du Surcouf, ni adaptation française des Ohio modifiés). Ou d’une étude française du concept de Frappeur tel que l’avait énoncé René Loire dans le livre éponyme (« Le Frappeur, pour une autre marine »).

Avant de poursuivre, il faut pouvoir expliquer pourquoi le SMX-25 va être qualifié de submersible. La distinction entre submersible et sous-marin est plutôt mince, surtout avec le SMX-25. Un sous-marin est un navire conçu pour passer le plus clair de son temps en plongé, le milieu sous-marin étant sa zone d’opération primaire. D’ailleurs, à ce sujet, les premiers véritables sous-marins modernes seraient les types XXI et XXIII allemands (avec la mise au point du premier système AIP : la turbine Walter). Ce sont les ancêtres des sous-marins post-seconde guerre mondiale. Pour en revenir au concept de navire de DCNS, le SMX-25 relèverait plutôt, donc, du qualificatif de submersible. Car, d’une part, sa vitesse élevée de transit en surface suggère que c’est son mode de déplacement le plus "économique", voir son milieu d’évolution "naturelle". D’autre part, sa capacité à plonger serait secondaire dans l’utilisation générale du navire. Elle constituerait un moyen de défense passive à l’approche des côtes pour effectuer les diverses missions pour lesquelles il est conçu.

D’ailleurs, dans cet optique, l’on rentre dans la distinction entre submersible et sous-marin de la fin XIXe, début XXe siècle. C’est à cette époque que la Marine Nationale avait été, en partie, construite sur les idées de la Jeune Ecole. Les sous-marins devaient servir pour la défense côtière (avec une multitude de torpilleurs très légers aux qualités nautiques médiocres). Et des submersibles qui, de part leurs vitesses supérieures et leurs capacités à plonger à l’approche de l’action, étaient des navires résolument offensifs, contrairement au sous-marin défensif.

L’erreur française ayant été donc, dans la lignée des torpilleurs côtiers de la Jeune Ecole de privilégier les sous-marins... Alors que les submersibles faisaient peser une plus grande menace contre les escadres ennemies dans leurs ports. Pour preuve, le raid de l’U-47 à Scapa Flow en 1939.

DCNS fait donc le choix d’un navire offensif reprenant toutes les qualités du submersible : forte vitesse de transit en surface et capacité de se cacher en plongé pour agir.

 Qualités nautiques projetées du submersible SMX-25

D’ailleurs, il faut s’intéresser à un "détail" : la profondeur d’immersion officielle est donnée à 100 m. Au vu des capacités offensives qui seront détaillées plus bas, il n’est peut être pas besoin d’avoir plus. Les eaux dites côtières sont généralement pas plus profonde de 200 m. Donc un submersible donné à 100 m d’immersion peut raisonnablement naviguer officieusement à 150 m ou un peu plus, ce qui suffit largement.

Mais, il faudrait peut être faire remarquer une chose. Nous allons voir que le SMX-25 semble pouvoir œuvrer dans le cadre de la "guerre littorale", ou, tout du moins, de l’approche des côtes pour effectuer des missions, comme la dépose de commandos. Seulement, si les SNA classe Rubis naviguent bien dans les eaux peu profondes par leurs petites tailles... En sera-t-il autant pour notre submersible avec sa coque de 109 m de longueur et d’environ 4500 tonnes en plongé ?

Autre détail, sa "discrétion acoustique" et sa "furtivité radar". Il ne faudra pas compter sur une grande discrétion avec un navire fendant les flots à 38 nœuds. Il faut le dire de suite : il fera un sacré "concert de rock" (qualificatif appliqué aux sous-marins australiens de classe Colins à leurs débuts) dans l’eau. Il devra donc préparer sa route et réduire sa vitesse à l’approche de l’objectif pour profiter de sa discrétion de navire furtif et sous-marin, une fois le transit à grande vitesse achevé.

Par contre, on peut légitiment poser une question aux ingénieurs de DCNS. Ainsi que le montre l’illustration déniché par Zone militaire, le submersible de l’ex-DCN a une véritable coque de "planeur marin". Alors, pourrait-t-on imaginer l’utilisation de "foils" (rétractable), sorte d’ailes marines qu’utilise l’Hydroptère ? Leur utilisation ne permettrait-elle pas de gagner en autonomie lors des phases de transit à grande vitesse en faisant littéralement voler la coque de planeur du SMX-25, et réduisant ainsi la consommation d’énergie ?

 Capacités offensives

On entre donc dans l’analyse des capacités offensives de ce submersible taillé pour " l’AVT " (Action Vers la Terre). Il est résolument offensif. Pouvoir porter 16 missiles AA, AVT ou Anti-Navire, ce n’est pas rien. Et quelque part, c’est mieux que bon nombre de SNA. Dans l’exemple de la guerre des Malouines, on franchit un cap capacitaire. Il est encore possible d’interdire à une escadre ennemie dépourvue de moyens de lutte ASM de sortir de son port avec le SMX-25. Mais il est surtout dorénavant possible d’attaquer l’escadre à son port, ou en mer. Voire, de détruire des installations à terre en se jouant des moyens navals ennemis. Ce qui peut permettre bien des options dans un conflit type Malouines.

Ce qui induit des capacités de reconnaissance pour savoir quoi frapper, et comment. C’est tout le rôle de l’emport des forces spéciales pour le renseignement. Notons d’ailleurs qu’on parle de nageurs de combat. Donc le navire est peut être bien conçu pour mettre à l’eau de telles unités alors qu’il est en plongé. Ce qui laisse supposer que le (ou les) drone sous-marin, pouvant équiper le navire, ne sera pas conçu seulement pour ouvrir un champ de mines ou faire du repérage par exemple. Mais peut être aussi, et pour accompagner la progression des plongeurs à travers les obstacles, et les soutenir au plus près en les transportant, eux ou leurs matériels. Les drones aériens seront un plus pour la reconnaissance rapprochée, discrète, des objectifs du navire. Sachant qu’il serait peut être intéressant que ledit drone soit armé.

Il est vrai que ce submersible semble avoir un bon potentiel en ouverture de théâtre, avec une opération des forces spéciales pour repérer le chemin, voire agir. Et surtout une panoplie de missiles pour préparer l’entrée en action de moyens plus lourds, ou temporiser une situation. 16 missiles (et peut être plus selon les demandes du client), cela pourrait être mieux qu’une FREMM ASM selon les configurations.

D’ailleurs, il faut bien noter que ce submersible AVT semble bien pouvoir effectuer toutes les missions dévolues à un SNA en zone littorale : renseignement par un commando, frappe par missiles de croisière et attaque ou blocus d’une escadre ennemie dans son port. DCNS semble bien avoir réussi son objectif : créer un substitut au SNA. Ce constat servira plus bas.

 Opportunité du submersible dans le contre-terrorisme maritime ?

Peut-on imaginer l’utilisation d’un tel navire contre le terrorisme maritime ? Si l’on prend comme cadre les évènements de Somalie, on pourrait distinguer deux options d’actions offensives.

La première est que l’on puisse utiliser un sous-marin, ou un submersible, pour déposer des commandos au plus près d’un navire pris en otage. La difficulté étant que ces commandos puissent se hisser à bord d’un navire. Et en pleine mer, ce n’est jamais chose aisée. Alors affronter les 10, 20 m, ou plus, de hauteur de coque d’un cargo capturé est une chose très difficile. C’est alors que l’assaut par hélicoptère semble préférable. Peut être que dans le futur, nous verrons l’apparition de drones dédiés au soutien des commandos, et pouvant notamment, les hisser sur un navire-cible par la voie aérienne...

Deuxièmement, peut-on envisager d’utiliser le SMX-25 pour agir contre des pirates préalablement repérés (par drone aérien) ? La chose peut prêter à sourire si on imagine des embarcations de pirates être poursuivies par un navire militaire sorti de nulle part et fonçant à 38 nœuds ! Les mitrailleuses équipant le kiosque du navire pouvant permettre d’arrêter l’embarcation chassée, le temps de mettre un Etraco à l’eau.

Mais DCNS pourrait-il faire en sorte que le SMX-25 puisse mettre en œuvre une embarcation semi-rigide comme cela est projeté pour les FREMM AVT ou la corvette Gowind ? Cette capacité serait peut être intéressante.

 Capacités défensives

Pour enchaîner sur les capacités défensives du submersible, DCNS nous affirme que sa signature radar projetée sera faible. Le constructeur argue du fait que la majeure partie du navire restera cachée sous les flots. Mais la lutte ASM est capable de repérer rien de moins que le périscope émergeant des flots. Donc l’intérêt de sa signature radar est de pouvoir se faire passer pour un bateau de pêche à proximité des côtes. Ce qui n’est pas sans rappeler l’évolution des frégates Lafayette. Et que l’on ne cherche pas à savoir si un navire sous-marin ou submersible se trouvent dans les parages. La capacité à plonger pouvant permettre au navire de tromper lourdement les senseurs ennemis.

Ce qui l’aidera, et ce qui n’avait peut être encore jamais aidé un navire submersible ou sous-marin, c’est le radar de veille aérienne ! C’est une très grande avancée tactique, voir stratégique. Le submersible pourra repérer les "lieux" à son arrivé : l’activité radar et aérienne. Et ne pas être obligé de se terrer dans les profondeurs pour se cacher. Mais se comporter véritablement comme un navire de pêche. Et finalement, aller se cacher en plongé quand un engin de détection adverse se rapprochera de trop.

Ce qui est presque paradoxal c’est que les allemands ont développé récemment un missile sous-marin : l’IDAS. C’est un moyen pour un sous-marin traqué par un engin aérien ASM (hélicoptère ou avion de patrouille maritime) de pouvoir l’abattre. Ce missile semble particulièrement prometteur contre les voilures tournantes ASM, ces dernières devant "tremper" leurs sonars pour suivre à la trace le sous-marin.

D’ailleurs, l’IDAS offre une possibilité de frappe ciblée sur navire ou à terre. Ce n’est pas pour déplaire à la "philosophie" du SMX-25.

Seulement, les sous-marins allemands n’ont pas de radar de veille aérienne. Ce qui limite la portée du système IDAS. Tandis que le navire submersible AVT pourrait guider les missiles au delà de l’horizon. D’ailleurs, le type de missile serait conditionné à la portée du radar de veille aérienne. Est-il envisageable d’emporter des Aster 15 ou 30 ? Est-ce qu’il serait possible d’intégrer à part des Mica VL, voir des "Mica VL mode IDAS" ?

La question est intéressante car ce navire possède le potentiel d’affronter la puissance aérienne. Et mieux encore : de la repousser, dans la continuité des possibilités offertes par l’IDAS.

Toutefois, la défense d’un tel navire n’est pas anodine. Sa vitesse pourrait être sa planche de salut en cas d’attaque ennemie par torpille. Ses 38 nœuds lui permettront-ils de semer des torpilles (dont la portée varie de 7 à 25 miles environ) ? La question est intéressante puisque sa faible profondeur d’immersion limite ses possibilités en milieu océanique. En milieu côtier, il faudra un équipage bien entraîné pour tirer partie de tout les bruits de fond pour éviter de se faire détecter, et éventuellement de se dégager.

 Nouvelle rupture dans la stratégie navale ?

Revenons à l’une des capacités du submersible AVT : son radar de veille aérienne et son emport de missile AA. Depuis le début du XXe siècle, la puissance navale était peu à peu rejetée au large des côtes. C’est d’abord l’apparition de la vapeur, de la torpille, et donc des navires torpilleur et submersible/sous-marin, qui ont éliminé la perspective de blocus "rapproché" du port ennemi. Et repoussé au large l’escadre bloquante. Ce fut ensuite l’avènement de la puissance aérienne avec des avions-torpilleurs, puis porteurs de missiles (et le développement de la lutte ASM par moyen aérien), qui a rejeté au grand large la puissance navale. Dès lors, l’approche des côtes semblaient impossible sans un soutien aérien et sous-marin à l’escadre attaquante.

L’IDAS allemand a montré que le danger représenté par l’hélicoptère ASM ou l’avion de patrouille maritime n’était pas une fatalité. Ce qui était en soit un rééquilibrage.

Sauf que le projet de DCNS semble pouvoir faire bouger les lignes encore un peu plus loin. Le SMX-25 avec ses capacités de veille aérienne, sa "furtivité" et ses possibilités de réponse face aux aéronefs lui donnent des chances inédites de succès contre le danger aérien. Il ne serait plus sur seulement sur la défensive sous-marine. Mais sa capacité de frappe lui donne la capacité de frapper la puissance navale et aérienne ennemie chez elle, sans qu’elle puisse, peut être, être mise en alerte. Si on utilisait une image d’Épinal, ce serait, peut être, la capacité retrouvée de faire des "coups de Mer-el-Kébir, Tarente ou Pearl Habor".

Toutefois, l’action du submersible se bornera peut être à préparer l’approche de l’escadre attaquante. De sorte que sans une action décisive des submersibles AVT, le combat redeviendra orthodoxe. Le SMX-25 permet de remplacer le SNA et de permettre de frapper un dispositif pour le désorganiser avant le gros des forces.

Il ne semble pas pouvoir permettre le remplacement du porte-avions toutefois.

Enfin, ce que l’on peut modestement observer, c’est bien ce "rééquilibrage des pouvoirs" entre la puissance aérienne et les sous-marins et submersibles. Le dernier né de DCNS n’est pas fait pour rassurer l’US Navy, mais confirmer le grand redressement de cette dernière dans la lutte ASM. Et la marine américaine n’est certainement pas la seule à s’en alarmer. Ni de s’inquiéter des nouvelles capacités offertes à l’arme sous-marine.

 Le SMX-25, chasseur de mines ?

Etant donné que la chasse aux mines se fait de plus en plus par "moyens déportés" (drones et autres "poissons"), le submersible pourrait se doter de drones marins anti-mines (voire d’embarquer le nécessaire sur le pont du navire dans des conteneurs à matériels comme sur le pont des SNA).

Ce qui pousserait à étudier le remplacement de tout ou partie des chasseurs de mines tripartite par une flotte de SMX-25. Ce qui résoudrait le problème de mobilité stratégique de la force anti-mines : une telle force à 38 nœuds, ce serait autant de la mobilité que de la protection ! Voire de nous dispenser d’avoir un navire logistique réservé à cette force puisque les submersibles anti-mines voguerait d’une base navale française à l’autre.

La capacité anti-mines pouvant être une mission secondaire pour laquelle le navire serait rapidement équipé.

Et si jamais la DCNS juge cela réalisable, ce serait une très concurrence faite au programme américain de Littoral Combat Ship !

 Le SMX-25, réponse française de DCNS au Littoral Combat Ship ?

Enfin, il serait intéressant de comparer les capacités opérationnelles du SMX-25 à celles du LCS. Ce dernier est conçu pour la guerre littorale grâce à une ambitieuse capacité de modules interchangeable en 24h lui permettant de faire de la lutte anti-navire, anti-sous-marine ou anti-mines. Un canon de 57mm et quatre mitrailleuses complétant ses capacités offensives. Et une vitesse de pointe de 50 nœuds pour le LCS modèle General Dynamics.

Mer et Marine rapportait même que le concept du LCS intéresse en France pour remplacer les chasseurs de mines et les frégates Lafayette et Floréal.

Pourtant, le LCS n’est pas sans rappeler le travail que pourrait accomplir le SMX-25 et qui a été détaillé plus haut en matière de lutte anti-navire, ASM et potentiellement anti-mines. Voir en matière de contre-terrorisme maritime. De plus, sa nature de submersible pourrait peut être permettre au SMX-25 de faire aussi bien que le LCS, voire mieux, et à moindre prix en matière de guerre littorale.

Le nerf de la guerre est l’argent. Le LCS a un prix qui ne cesse d’augmenter à l’unité : peut être 460 millions aux dernières nouvelles. A DCNS de tenter de prouver qu’il est possible de proposer un concept répondant aux objectifs du LCS... A un coût moindre.

Pour parfaire la concurrence, faudrait-il envisager de doter le SMX-25 d’une artillerie de marine ? Cette capacité lui permettrait d’intimer à des navires de respecter son autorité via des coups de semonces. Ou bien de soutenir un débarquement de force. L’artillerie de marine étant souvent le premier soutien dans ce genre d’opération. Chose d’autant plus nécessaire si le submersible prenait la place des frégates AVT dans la Flotte. L’ancien sous-marin Surcouf, entre autre, étant pour rappeler que ce ne serait pas une première...

 Le navire AVT submersible : un moyen indirect d’améliorer l’utilisation des SNA ?

Il est possible de faire rapidement ce commentaire. Par exemple, si en France les défuntes FREMM AVT étaient remplacées par le SMX-25, ce serait autant de navires pouvant soulager les SNA d’une partie de leurs missions... Et ainsi leur permettre d’être "ailleurs". Ou à des endroits où une frégate ou un submersible AVT ne pourrait se faufiler. Ce qui permettrait bien d’améliorer indirectement le potentiel de notre flotte de SNA.

Sachant que, pouvoir disposer de tels navires permettrait de revaloriser le métier de "sous-marinier". Un submersible diesel sans les contraintes du nucléaire et avec un nombre d’escales plus élevé (et une vitesse de pointe qui ne laisserait pas indifférent) pourrait aider à drainer de nouvelles vocations. Et in fine, à remédier indirectement au problème de recrutement dans les forces nucléaires où le manque d’effectif est rencontré dans de nombreuses marines par l’apport de nouveaux "sous-mariniers".

 Coût du projet ?

Le coût d’un tel navire est très intéressant. Le prix "raisonnable" évoqué par DCNS veut très certainement dire que c’est un navire qui sera dans la gamme de prix du Scorpène, voir d’une frégate AVT. Ce qui fait osciller la note entre 300 et 600 millions d’euros, très environ . Hypothèse d’autant plus affirmée chez DCNS que le navire reprendra bon nombre de pièces "sur étagère". De plus, son faible équipage est un argument de poids, surtout que, comme nous l’avons vu, il peut bien remplir les missions d’un SNA et donc, à un coût moindre.

 Afin de conclure...

Le SMX-25 rentre bien dans le cadre d’un submersible AVT. A son compte, et à bon compte, il reprend toutes les capacités offensives d’un SNA contre terre : mise en œuvre de forces spéciales, capacités de frappes contre objectifs terrestres. Voir plus s’il peut s’attaquer à la guerre littorale avec la lutte contre les mines et le terrorisme maritime.

Il faut bien se rendre compte que le SMX-25 est une nouvelle entaille à la "suprématie" du SNA. La première entaille était le perfectionnement des sous-marins diesel-électrique. Perfectionnement suffisamment dissuasif pour que l’US Navy s’en inquiète. La motorisation AIP n’ayant rien arrangé. Et la virtuelle démocratisation du sous-marin côtier avec le SMX-23 Andrasta (encore une création de DCNS).

Ce sont là quelques motifs qui expliquent le refoulement des coûteux SNA des eaux côtières peu profondes où ils évoluent mal. Le SMX-25 n’arrange en rien la situation puisqu’il permet de disposer des capacités d’un SNA à un coût abordable. Ce qui intéressera bon nombre de pays n’ayant pas les moyens d’une sous-marinade nucléaire.

Le grand intérêt du SNA reste son endurance, qui lui confère une capacité dissuasive puisque l’on ne sait pas souvent où il se trouve. Mais le submersible de DCNS permet de contourner le problème avec sa formidable vitesse qui lui évite la nécessité de la permanence à la mer pour agir.

Ce qui peut fait dire que le SMX-25 est peut être l’avènement d’un navire confirmant la fin du règne absolu du SNA. Nous allons peut être revenir à une distinction entre sous-marins chasseur et submersible AVT, telle qu’elle existait au début du XXe siècle. Tout du moins, c’est une hypothèse.

Dès lors, l’on peut envisager virtuellement un couple SMX-23 Andrasta ou Scorpène pour la "chasse" et le SMX-25 pour l’accompagnement de la projection de forces. Ou même, une sorte d’hybride, un "SNA diesel" avec un SMX-25 doté de l’AIP, d’une profondeur d’immersion et d’une endurance en opération plus grande (sorte de SMX-21 submersible).

Ou bien... La perspective d’un SMX-25 tourné vers la "guerre littorale", dans les mêmes missions qu’un LCS pourrait faire naître une nouvelle manière de patrouiller les ZEE ou les eaux côtières.

Ce qui pousse à constater que l’action sous-marine va en se complexifiant. Et que si le SNA doit encore s’améliorer pour garder sa suprématie face au sous-marin dit classique, il finira par coûter cher, beaucoup trop cher. Alors que le sous-marin diesel gagne en capacité à "moindre frais". Le salut du SNA viendra d’une réduction des prix... Limitée pour ne pas favoriser sa prolifération.

Donc, tout dépendra de la stratégie maritime de l’Etat, et des moyens qu’il voudra et pourra y consacrer.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et n’engagent pas la rédaction de RIA Novosti.