Les chantiers navals espagnols devraient présenter une (…)
Elaine Donnelly, présidente du Center for Military (…)
« 22 personnes isolées à l’avant, le reste du sous-marin (compartiments Bravo et Alfa), sont inondés à la suite d’un accident ». Voici le message envoyé par radio par le commandant du sous-marin espagol Tramontana, Javier Montenegro. Le sous-marin est bloqué au fond de la mer, par 40 m de profondeur dans le golfe d’Almería et il a déjà été localisé par la marine espagnole, qui tente de secourir les membres d’équipage encore en vie. Il s’agit seulement d’un entraînement, très bien simulé avec 8 navires en surface et 400 hommes pour effectuer les différentes tâches de sauvetage. L’exercice est baptisé « Cartago 09 » et il se terminera lundi.
Les exercices avaient déjà été organisés auparavant et répondent à des faits réels et dramatiques : la tragédie du Koursk, le sous-marin nucléaire russe à bord duquel 118 sous-marins ont perdu la vie en aout 2000, 23 d’entre eux après 5 jours d’agonie dans un compartiment, sans que la marine russe ne parvienne à ouvrir le sas du sous-marin coulé en mer de Barents à « seulement » 108 m de profondeur. Quand Poutine a accepté l’aide étrangère, les bruits avaient déjà cessé à l’intérieur.
La marine espagnole, comme celles des autres pays occidentaux et en coordination avec elles, met au point ses moyens et méthodes de sauvetage pour faire face à un type d’accident plus improbable sur les navires de l’OTAN, mais pas impossible.
Sur le Tramontana, le sous-marin le plus moderne de la flotte espagnole, ils savent ce qui est dangereux. Deux de ses membres d’équipage, le sergent Carlos Losana (manœuvre et navigation) et le premier maître Juan Antonio Carmona (armes sous-marines) ont été décorés ce printemps pour la valeur et l’habileté dont ils ont fait preuve le 11 décembre dernier quand une voie d’eau s’était déclarée dans le sous-marin. Il naviguait à 300 m de profondeur, près du cap Tiñoso, à 15 nautiques de Carthagène, pour vérifier son état après la dernière période d’entretien. Le commandant avait rappelé aux postes de combat lorsque de l’eau a commencé à entrer par un passage de coque avec du câblage électrique dans la zone du périscope. Le barreur et le reste de l’équipage ont réagi à temps pour ramener le sous-marin en surface et éviter une catastrophe. Sa Majesté le Roi saluera l’équipage lors de sa visite mardi prochain à la base de Carthagène.
Neuf mois plus tard, le Tramontana, qui vient d’être réparé, va jouer le Koursk devant Almería. « S’il a repris la mer, c’est qu’il est en parfait état », répond son nouveau commandant lorsqu’on l’interroge sur les problèmes antérieurs. Juan Ruiz Casas, commandant du navire d’assaut amphibie Galicia, d’où sont dirigées les opérations de sauvetage, répète la même phrase. On ne lui donne pas d’importance. Ruiz Casas a lui aussi commandé des sous-marins. Les marins capables de passer des semaines ou des mois sous l’eau sont fait d’un autre métal.
Bien que l’accident du Koursk » semble inexplicable avec les rares informations connues — on parle de l’explosion d’une torpille —, le concept de l’exercice « Cartago » rappelle, à une autre échelle, ce qui s’est passé en mer de Barents. Le sous-marin russe mesurait 154 m de long pour 18 de large ; l’espagnol moins de la moitié : 67 pour 6,7. On suppose que la majorité de l’équipage russe est morte dans les premières minutes de l’accident. On sait que 23 d’entre eux ont pu se réfugier dans un compartiment étanche où ils ont survécu pendant 5 jours, jusqu’à ce qu’ils manquent d’oxygène. Sur le Tramontana, 22 ont été choisis pour rester pendant 27 heures enfermés dans le compartiment avant. Le reste de l’équipage, le commandant et 39 autres hommes et femmes sont restés à leur poste. Ils ont joué les « disparus ».
L’exercice commence par la localisation du Tramontana et se poursuit avec le déploiement de tous les moyens aériens, navals, de sauvetage et de communication. Il y a même jusqu’à un « tchat » de commandement auquel participe, miniute par minute, — pour suivre, informer ou ordonner — jusqu’au chef d’état-major de la marine.
A bord du Galicia, sont centralisées les opérations. Mais dans un rayon de 3 nautiques se trouvent aussi 2 chasseurs de mines — Turia et Sella —, le navire de sauvetage Neptuno et celui de surveillance Mar Caribe. La Sociedad de Salvamento Marítimo (Sasemar), qui dépend du ministère des travaux publics, s’entraîne aussi avec ses navires orange, équipés des robots sous-marins les plus modernes. Le « Clara Campoamor » est son navire amiral.
Le vieux Neptuno — 29 ans, acheté d’occasion et réparé et modifié de toutes parts — a accompli la partie de la mission qui lui incombait : faire entrer dans le Tramontana un cylindre rempli de médicaments et de matériels de survie. Les plongeurs de la marine ont dû attendre toute une après-midi en combinaison avant de se mettre à travailler. Le géant « Clara Campoamor » ne trouve pas les manches à air qui doivent extraire l’air vicié du sous-marin et le remplacer par de l’air frais. Sur le pont du Neptuno, le lieutenant Pedro Moya se répand en explications et en patience devant la complexité des manœuvres.
« Que peut-on attendre ? »
D’autres membres de l’équipage ont des avis partagés avec méchanceté sur la compétence de leurs collègues civils. Beaucoup de moyens, peu d’expérience. « Que peut-on attendre d’un bateau qui navigue peint en orange ? », entend-on sur le bâtiment de la marine. Les plongeurs ont travaillé de nuit et leur dernière tâche a été de démêler les manches que le « Clara Campoamor » ne pouvait récupérer.
Les responsables du Salvamento Marítimo et les commandants de la marine expliquent que c’est exactement pourquoi ils ont effectué l’exercice, pour vérifier l’exercice et mettre au point la coordination, corriger les erreurs et prévoir les défaillances.
Le reste de l’opération a fonctionné comme une horloge : le sauvetage de l’équipage dans l’eau, les soins médicaux dans l’hôpital du Galicia, le transfert des supposés blessés vers la terre par hélicoptère. Et surtout, les communications. Tout a été suivi en temps réel depuis le Galicia en communication avec la base de la flottille de sous-marins à Carthagène et avec les états-majors de la flotte. A leur tour, étaient informés l’organisme international de coordination du sauvetage de sous-marins et les marines des pays intéressés dans ce domaine. La tragédie du Koursk, aujourd’hui, pourrait être évitée.
Source : ABC (Espagne)