La Russie envisagerait de louer des sous-marins nucléaires àl’Inde

  • Dernière mise à jour le 16 août 2005.

La construction d’un centre d’entraînement pour les militaires indiens àSosnovy Bor, à70 kilomètres àl’ouest de St. Pétersbourg, confirme l’intention de la Russie de louer des sous-marins nucléaires àl’Inde, a déclaré le président de Green World, Oleg Bodrov.

Le centre international d’entraînement pour sous-mariniers et marins
Photo Bellona

Sosnovy Bor héberge le centre russe d’entraînement pour les officiers de la marine russe. Celui dispose de réacteurs nucléaires du même type que celui trouvé sur les sous-marins nucléaires. Ces réacteurs sont utilisés pour tester le combustible nucléaire et d’autres technologies pouvant être utilisées sur les réacteurs des sous-marins nucléaires. Un bâtiment est récemment sorti de terre à côté du centre d’entraînement, où seront apparemment formés des spécialistes indiens.

Selon Green World, le bâtiment a été construit en un temps record après que le président russe Vladimir Putin se soit rendu en Inde en décembre dernier.

 A quoi sert le nouveau bâtiment ?

Un porte-parole de l’administration de Sosnovy Bor a confirmé la construction du centre international d’entraînement, mais n’avait aucune information précise sur le programme des cours ou le nombre d’officiers qui y seront formés.

Selon le porte-parole, le nouveau bâtiment ne va pas abriter d’équipements ou d’installations particulières - comme des réacteurs nucléaires - mais il ne serait qu’une aile supplémentaire pour des salles de classe et n’a aucune relation avec l’industrie nucléaire.

Bodrov, qui a auparavant travaillé au centre de recherche scientifique Alexandrov (NITI en russe), où sont testés les prototypes de nouveaux sous-marins, a précisé dans quel bût un tel centre pourrait être construit. “Selon mon expérience au [NITI], le centre pourrait accueillir des simulateurs d’entraînement qui imitent les réacteurs des sous-marins.”

 Des sous-marins nucléaires à louer ?

Un sous-marin russe de la classe Akula
Photo Bellona

Bodrov a indiqué que l’entraînement de sous-mariniers indiens à Sosnovy Bor était un indice que la Russie n’avait pas abandonné l’idée de louer des sous-marins nucléaires. Des représentants des ministères russes des affaires étrangères et de la défense ont indiqué qu’ils n’étaient pas prêts à faire des commentaires sur la possible location de sous-marins nucléaires.

Cependant, le ministre indien de la défense, Pranab Mukharjee, a déclaré que les négociations pour obtenir un sous-marin nucléaire russe étaient en cours. Au même moment, Mukharjee déclarait que , pour l’instant, les 2 parties n’étaient pas liées “par aucune obligation relative à l’acquisition par la partie indienne d’un sous-marin de la classe Akula.” Mukharjee a indiqué que la conclusion d’un accord reposait sur “divers accords et obligations internationales.”

Des représentants de divers ministères russes ont aussi parlé plusieurs fois d’intensions similaires. L’amiral russe Vladimir Kuroyedov, chef de la marine, a annoncé début 2002 qu’il était prêt à louer 2 sous-marins russes à l’Inde. Il était prévu que le premier sous-marin soit livré en 2004. Mais l’Inde n’a pas fait de commentaires à la suite des déclarations de Kuroyedov.

Mais, selon Green World, “la location de 2 sous-marins nucléaires de 3ème génération à l’Inde avec une option d’achat serait en train de dévenir réalité.”

Bodrov fait la remarque suivante : “sinon, pourquoi entraîner quelques 300 sous-mariniers indiens en Russie ? Cela représente 4 équipages d’Akula.”

Les russes ont déjà loué des sous-marins nucléaires à l’Inde. En janvier 1988, l’Inde a loué 3 sous-marins de l’ère soviétique de type Skat (appelation OTAN Charlie), équipés de 8 installations de missiles nucléaires. A la fin de la location, les sous-marins retournèrent en Russie et furent désarmés.

“Si l’Inde nous envoie ses sous-mariniers pour leur apprendre à utiliser nos sous-marins, il est probable que des accords de location de sous-marins nucléaires existent déjà,” indique Alexander Nikitin, qui dirige le bureau de Bellona à St. Petersbourg.

“Un tel schéma a été utilisé en 1988 : la préparation théorique des équipages avait eu lieu à Vladivostok, et l’entraînement pratique sur les sous-marins eux-mêmes avec des marins russes à bord.”

Bodrov pense que cette fois, il s’agit de la construction de 2 sous-marins de la classe Akula, actuellement en cours aux chantiers Amur. Les chiffres actuellement rendus publics indiquent qu’ils pourraient couter environ 400 millions de $ à l’Inde. Actuellement, l’un est terminé de 70 à 85 %, l’autre entre 40 et 60%. La location pourrait couter quelques 25 millions par an.

La construction des 2 sous-marins, de l’infrastructure à terre et l’entraînement des équipages pourrait rapporter à la Russie, selon des experts, quelques 2 milliards de $.

Il faut garder à l’esprit que l’Akula est un sous-marin de frappe du Projet 971 - l’un des plus rapides de la flotte russe. Ils ont un équipage de 73 marins. Les sous-marins disposent d’un réacteur de type OK-650. Ils sont armés de 4 tubes lance-torpilles de 650 millimètres de diamètre et d’autant de tubes d’un diamètre de 533 millimètres. Les Akula sont armés de torpilles à changement de milieu Granit portant des têtes nucléaires, de missiles sous-marins et de torpilles des types “Shkval,” “Vodopad,” et “Veter”.

 La coopération militaire russo-indienne

La Russie a déjà vendu des sous-marins diesel et d’autres armes à l’Inde. Entre 1968 et 1971, l’Inde a acheté 8 sous-marins des projets I-641 et I-641K, 8 croiseurs du projet 159AE, 8 croiseurs lance-missile du projet 205E et plusieurs autres navires de soutien.

Entre 1983 et 1991, l’Inde a complèté sa marine avec l’achat de 3 destroyers du projet 61ME, 3 corvettes du projet 1234E, 6 chasseurs de mines du projet 1258E, et 8 sous-marins du projet 877EKM (appelation OTAN Kilo).

Puis, le 20 janvier 2004, l’Inde a acheté à la Russie le porte-avions Admiral Gorshkov, construit en 1978. La firme russe Rosoboroneksport a pris à sa charge la modernisation du navire et l’a équipé avec des systèmes d’arme à la pointe de la technologie, et des avions modernes tels que des MiG 29K, et des hélicoptères de lutte ASM Ka-27 et Ka-31.

Source : Bellona