S’écartant de son habitude d’acheter ses sous-marins en (…)
Dans leurs embarcations gonflables et armés de bazookas, (…)
La presse allemande s’est faite l’écho de rumeurs qui courent dans les secteurs liés à la construction navale, sur la possibilité que le sous-marin U-214 « Papanikolis », qui est actuellement à Kiel pour des essais, et qui a été refusé par les Grecs, pourrait être vendu à un autre pays.
Le sous-marin Papanikolis, identique au sous-marin U-209PN destiné à la marine portugaise, est le premier d’une classe complètement nouvelle de sous-marins avec système anaérobie, lancés par l’industrie allemande.
Néanmoins, la marine grecque a refusé d’accepter le sous-marin, prétendument à cause de plusieurs imperfections qui auraient été détectées et dont la gravité a été jugée élevée par la marine grecque.
Il existe beaucoup de spéculations sur ce qui s’est réellement passé. Si, d’une côté, les Grecs continuent à refuser d’accepter le navire, de l’autre les Allemands affirment que les problèmes qui ont été trouvés, ont été corrigés, que la seule raison pour laquelle les Grecs refusent d’accepter le sous-marin est liée à des questions financières : les Grecs refuseraient de payer une partie du coût du sous-marin.
Apparemment, selon les Grecs, des problèmes de stabilité ont aussi été détectés sur ceux de la marine sud-coréenne, qui en a construit 3 exemplaires dans leurs chantiers navals. Mais, compte tenu la confidentialité de la question, on ignore les détails exacts des problèmes éventuels rencontrés sur les sous-marins sud coréens.
On sait que beaucoup de classes de navires présentent des problèmes lorsque les premiers exemplaires sont lancés, problèmes qui sont corrigés avec le temps, mais pas toujours. Ce fut par exemple le cas pour les sous-marins britanniques de la classe Upholder, construits en 1991 pour la Royal Navy et vendus au Canada en 1998. Leurs nombreux problèmes n’ont pas été corrigés et les sous-marins ont continué à être une source de problèmes pour leurs nouveaux propriétaires.
La possibilité que le sous-marin construit à l’origine pour la marine grecque soit vendu à une autre marine a commencé à apparaître il a quelque temps. Elle s’est renforcée quand, il y a quelques semaines, le gouvernement de la Pologne a dévoilé ses plans d’investissement militaire pour les prochaines années.
L’annonce polonaise fait suite à l’invasion russe en Géorgie et de la signature entre la Pologne et les États-Unis d’un accord pour l’installation en Pologne de 10 missiles intercepteurs à moyenne portée.
Le pays a annoncé ensuite qu’il avait l’intention de moderniser ses forces armées. Il a en particulier annoncé son intention de renforcer sa marine avec l’acquisition d’au moins un sous-marin.
Il n’est pas possible de déterminer avec certitude si la Pologne a véritablement l’intention d’acheter le Papanikolis, ou même s’il y a seulement eu des contacts préliminaires et informels sur le sujet. On ignore aussi si les Grecs ont toujours l’intention ou pas d’acheter le sous-marin. Dans ce cas, il sera particulièrement intéressant de voir ce qui arrive aux 3 autres exemplaires commandés par la marine grecque et dont la construction était restée à charge de chantiers navals grecs.
Affirmer qu’il existe d’autres pays intéressés est une stratégie commune dans ce type de négociations, quand un pays affirme ne pas être intéressé par un équipement. Encore récemment, cela s’est produit avec la Russie en ce qui concerne le porte-avions Admiral Gorshkov. C’est une pratique courante dans toute négociation, la référence à l’éventuel intérêt d’autres marines doit donc être analysé avec précautions.
Outre la marine polonaise, actuellement le seul pays ayant des sous-marins très âgés est la Bulgarie. Elle pourrait être intéressée par le remplacement de son unique sous-marin, de fabrication soviétique.
L’U-214 est un sous-marin adapté pour des opérations dans des eaux profondes, comme la Méditerranée, mais pas dans les eaux des côtes polonaises, sur la Mer Baltique, où la profondeur est minime. Les constructeurs de sous-marins ont développé des techniques appropriées pour qu’ils puissent survivre, en profitant du fond de la mer pour se protéger.
Comme la Baltique est une mer presque plate, la marine allemande exige depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, que ses sous-marins soient construits avec un type d’acier spécial « amagnétique », ce qui rend difficile leur détection par des moyens aériens équipés d’un détecteur de métaux. La marine de l’Allemagne utilise donc le sous-marin U-212, plus petit et pouvant plonger moins profond, mais pouvant rester sans être détecté à une profondeur moyenne de 56 mètres (’est la profondeur moyenne de la Mer Baltique).
Mais l’U-214 n’a été conçu pour ces conditions. Il est construit pour des mers plus profondes. Selon certaines sources, il pourrait dépasser les 400 m de profondeur. L’U-212, bien qu’ayant le même type de technologie que l’U-214, serait plus approprié pour la marine polonaise que l’U-214.
La vente d’occasion d’un navire refusé par la marine qui l’a commandé, ne cesserait pas néanmoins d’affecter l’image internationale des sous-marins U-214. Cela pourrait l’impression qu’un U-214 a été soldé parce qu’il était de qualité inférieure.
Dans tous les cas, la décision que devront prendre les chantiers navals allemands ne sera pas facile à prendre : que faire du Papanikolis si les Grecs continuent de le refuser ?
Source : Area Militar (Brésil)