Intensifier la lutte contre les pirates Somaliens

  • Dernière mise à jour le 30 novembre 2007.

Les pirates opérant au large des côtes de Somalie n’ont pas provoqué tant de dévastation en étant simplement impitoyables. Leurs tactiques innovantes leur ont permis de lancer des attaques beaucoup plus loin en haute-mer que des petites embarcations ne peuvent aller, et ils réussissent ensuite àéchapper àleurs poursuivants en se rapprochant des côtes, où les patrouilles internationales ne peuvent les poursuivre sans permission du gouvernement provisoire de Somalie.

Aujourd’hui, des signes semblent indiquer que ces 2 capacités seraient menacées par les coalitions diplomatiques et militaires cherchant à interrompre la hausse du nombre d’attaque cette année.

D’abord, l’Organisation Maritime Internationale — l’autorité des Nations Unies chargée des eaux internationales — insiste auprès de la Somalie pour qu’elle accorde l’autorisation à tout membre d’une coalition militaire menée par les Américains de poursuivre les pirates dans ses eaux.

Dans un article du Daily Telegraph de Londres, Keith Winstanley, un commandant de la Royal Navy participant à la coalition, fait le lien entre ce besoin urgent et le terrorisme :

Alors que des sommes importantes sont en jeu — les rançons peuvent dépasser 750.000 € — le commandant Winstanley a déclaré que l’inquiétude officielle est apparue à la suite de rapports des services de renseignement signalant que peu d’argent arrive dans les régions Somaliennes.

“La piraterie et le terrorisme forment une image très difficile à construire,” a-t-il dit. “On ignore le montant détourné vers le terrorisme, mais je ne vois pas de preuves que l’argent va vers les maisons, les écoles et l’emploi à terre.”

Mais les besoins humanitaires sont aussi criants, les pirates détournant des cargaisons d’assistance. Des responsables des Nations Unies estiment que la Somalie connait “des taux de malnutrition plus élevés, plus d’effusions de sang et moins de travailleurs humanitaires que le Darfour,” rapportait le 20 novembre le New York Times.

La veille, la Marine Nationale escortait une importante cargaison de nourriture destinée au Programme Alimentaire Mondiale. Mais cette mission ne devrait durer que 2 mois. Josette Sheeran, la directrice du PAM, espère que “d’autres nations s’impliqueront rapidement et suivront l’exemple Français,” selon Reuters.

Du côté militaire de l’équation, la coalition menée par les Américains ont lancé une chasse aux “bateaux mère,” plutôt que simplement contre les petites embarcations qui sont utilisées pour se ruer sur les cibles. L’US Navy a coulé 2 embarcations qui avaient été utilisées pour détourner un pétrolier Japonais au large de la Somalie, mais elles n’avaient pas effectué toutes seules le voyage depuis la côte.

Un article de l’Associated Press depuis le Babur, un navire de la marine Pakistanaise engagé dans la lutte anti-piraterie, explique pourquoi :

Le navire Japonais a été attaqué à quelques 85 nautiques de la côte dans le rail commercial utilisé par les navires remontant vers le canal de Suez — trop loin pour que les 2 petites embarcations transportant les pirates aient pu venir de la côte. Certaines attaques se sont produites encore plus loin de la terre, jusqu’à 250 nautiques, a déclaré le [Commodore Khan Hasham du Pakistan].

Les “bateaux mère” commencent à ressembler à Moby Dick — ils ont été vus par de nombreux capitaines de la marine marchande, mais jamais par les patrouilles internationales. Un expert interrogé par AP proposait une explication possible :

Andrew Mwangura, dirigeant du Programme d’assistance aux marins d’Afrique de l’Est, basé au Kenya, indique que les “bateaux mère” se mèlent au trafic commercial normal sans que quiconque réalise qu’ils ont mis à la mer leurs meutes d’embarcations rapides. Les navires militaires de la coalition ont souvent croisé un “bateau mère”, indique-t-il, sans même s’en rendre compte.

Les “bateaux mère” ne sont pas armés, précise-t-il, préférant embarquer 2 ou 3 embarcations rapides armées de missiles anti-char, de mitrailleuses et de lance-roquettes. Ils laissent les embarcations en mer, peut-être avec une autre pour le plein de carburant. Quand un bateau de commerce arrive en vue, les petites embarcations rapides attaquent en meute.

Les “bateaux mère” “sont parmi les bateaux de pêche,” indique Mwangura. “Ils ne les trouveront pas tant qu’il y aura des bateaux de pêche dans les eaux Somaliennes.”

Interrogé à propos de cette chasse infructueuse pour l’instant, le Commander Robert D. Katz de l’USS Stout accuse le manque d’accès aux eaux Somaliennes. Ce qui nous ramène au message urgent de l’OMI à la Somalie. Pour l’instant, il n’y a eu aucune réponse.

Source : New York Times (Etats-Unis)