Malaysie : "Construire notre propre flotte sous-marine"

  • Dernière mise à jour le 1er juillet 2005.

Comme un pilote de chasse, un astronaute ou un chirurgien, il faut des capacités spéciales pour devenir sous-marinier.

Au-delà d’un entraînement maritime rigoureux, les sous-mariniers ne doivent pas seulement être cohérenet, endurant, persévérant, ils doivent aussi ne pas être claustrophobes.

Ils doivent maîtriser l’art du silence, puisque même un murmure à l’intérieur du sous-marin peut permettre à un sous-marin proche de le détecter grâce à son sonar.

De la taille d’un terrain de football, les sous-marins modernes sont sophistiqués et chers à construire et exploiter. Mais ils sont invisibles, extrèmement discrets, et disposent d’une vitesse et d’une puissance de feu inégale par les navires de surface.

Les sous-marins ont toujours joué un rôle crucial en temps de guerre comme en temps de paix, permettant aux marines du monde entier de surveiller, de mener des opérations secrètes, de recherche, en toute discrétion.

C’est pour cette raison que la Marine Royale Malaysienne a décidé de construire une flotte sous-marine, en achetant 2 nouveaux sous-marins et en louant un sous-marin remis en état, qui doivent entrer en service à partir de 2008, et un équipage initial de 156 marins.

Le commandant de la marine royale, Laksamana Datuk Seri Mohamad Anwar Mohamad Nor, a déclaré qu’il fallait être une personne exceptionnelle pour subir les missions de longue durée, les conditions de vie difficile et la dureté des conditions de combat pour embarquer sur un navire sophistiqué comme un sous-marin.

L’Agosta
L’ancien Agosta 70 français est loué àla marine royale malaysienne, et devrait entrer en service àpartir de 2008.

On estime que moins de 5% du personnel de la marine dispose des qualités nécessaires pour devenir un bon sous-marinier.

"Même les principes les plus simples comme la plongée ou la propulsion sont différents de ceux des autres navires de surface.

"Les sous-marins nucléaires sont même encore plus sophistqués," indique Anwar.

Il ajoute que servir à bord des sous-marins avec ses longues heures de travail difficile dans des conditions exigües est extrèmement exigeant, à la fois émotionnellement et physiquement, puisque l’équipage travaile et vit dans une proximité totale, sans intimité.

"Comme le sous-marin lui-même, il faut avoir expérimenté les exigences d’endurance et de capacité que l’on exige de son équipage pour pouvoir apprécier les difficultés de la marine."

A part le stress, l’intégrité et la responsabilité sont les qualités importantes d’un sous-marinier.

"En cas de problème, l’air frais peut être contaminé par des fuites venant des réservoirs de fuel, l’acide des batteries ou de l’hydrogène. Le succès de la mission passe avant tout. Par exemple, si les batteries du sous-marin a besoin d’eau, ce besoin passera avant l’hygiène de l’équipage."

L’intégrité, a-t-il ajouté, est importante en mer puisque la vie de chaque membre d’équipage dépend des autres.

Comme beaucoup de marines, la marine royale ne recrute comme sous-marinier que des hommes parmi les récents engagés ou les sélectionne parmi son personnel existant.

Après des tests d’évaluation écrits en mathématique, physique, physiologie, angalis, électricité, mécanique, électronique, et autres sujets maritimes, les candidats doivent subir des examens médicaux et psychologiques.

Les candidats retenus suivent un cours de remise à niveau de 8 mois à la base de Pelanduk à Lumut avat d’être envoyé pour un entraînement opérationnel de 4 ans à la base française de Brest par la NAVFCO, la branche maritime de Défense Conseil International.

"Pendant que certains sont entraînés pour embarquer sur les sous-marins, d’autres seront les remplaçants, l’équipage de soutien et les instructeurs.

"L’entraînement se déroule à terre ou à bord. Certains subiront un entrainement avancé comprenant les systèmes d’arme, le commandement la tactique sous-marine et la guerre bio-chimique qui les mènera vers des postes de commandement."

Pour l’instant, 6 des 156 membres d’équipage suivent un "entrainement en avance" à Brest, depuis janvier qui leur permettra de devenir les commandants et commandants en second des sous-marins.

De la même manière, 15 d’entre eux ont subi une formation sous-marine de base en Australie, France, Pakistan et Turquie dans les récentes années.

19 techniciens de la marine, dirigés par un amiral, suivent la construction des 2 sous-marins de classe Scorpène à Cherbourg, un chantier de construction dans le sud-ouest de la France [1].

L’achat des sous-marins en juin dernier, pour un total de 972 millions de US$ (754 millions d’€), vient après près de 20 ans de plannification.

Notes :

[1NDT : Oui, je sais, les malaysiens semblent avoir perdu le nord.

Source : New Straits Times (Malaysie)