Le pied marin, oui, mais 160 km durant

  • Dernière mise à jour le 4 septembre 2007.

Cinq Haut-Rhinois, réservistes de la Marine Nationale, viennent de prendre part àla marche militaire de Nimègue, aux Pays-Bas — une épreuve considérée comme le sommet mondial de la discipline. Rencontre.

Pari tenu
Les cinq Haut-Rhinois n’ont pas fait partie des quelque 12 000 abandons. © L’alsace, droits réservés.

Ne mentons pas, ils en ont bavé. 160 km de marche en quatre jours, avec 10 kg minimum de paquetage sur le dos, départ à 4 h 30 le matin, retour impératif avant 17 h 30 sous peine d’élimination : forcément, ça laisse des traces — dans la chair, tout d’abord : des ampoules géantes sur les pieds et 1 mm de moins pour le cartilage
du genou, au niveau du ménisque. Mais ça, c’est « l’écume » des choses, de l’anecdote,
presque…

L’essentiel est ailleurs, dans le souvenir partagé d’une aventure humaine hors du commun : du 17 au 20 juillet dernier à Nimègue (Pays-Bas), Franck Girard, Lionel Litzler,
Christian Muller, Fabien Reymann et Alain Blosser, tous réservistes haut-rhinois de la Marine nationale, ont pris part à la célèbre marche militaire, créée en 1909, et qui rassemble là-bas plusieurs dizaines de milliers de participants venus de toute
la planète…

« Faire » Nimègue, dans le petit monde des marcheurs, c’est un accomplissement, une ligne de CV qui vous pose un homme. Et surtout, ça soude définitivement une équipe. En guise d’entraînement, les militaires canadiens avaient déjà effectué 600 km de marche avant de débarquer en Hollande. Nos cinq compères se sont contentés de trois fois moins, au fil de samedis passés le long du canal du Rhône au Rhin. C’est qu’ils ont
aussi une vie, dans le civil !

 On voulait montrer que les marins savent aussi marcher

Pas question pour eux de prétendre briller au palmarès — d’ailleurs, l’épreuve est dépourvue de classement officiel — mais simplement, de tenir jusqu’au bout. Pari tenu : ils n’ont pas fait partie des quelque 12 000 abandons de l’édition 2007. En bons marins, tous dans le même bateau, ils n’ont laissé personne sur le bord du chemin. « Quand tu as une grosse ampoule qui crève à 3 km de l’arrivée, si tu n’as pas les copains à côté pour te soutenir, tu restes sur place », raconte Christian Muller, second maître « aéronavale » et agent de maîtrise en biotechnologie dans le civil.

 On avait l’impression que l’enfer était sur le bitume

Le même poursuit : « On a commencé a évoqué le projet entre nous l’été dernier On voulait montrer que les marins savent aussi marcher et voir, aussi, où sont nos limites. Le plus dur, ça a été de tout gérer en même temps, les nuits courtes, le froid, l’énergie, les réserves d’eau, la chaleur… »

Seule aide reçue chemin faisant : le soutien enthousiaste des badauds massés le long du parcours — car Nimègue est aussi une attraction populaire qui attire chaque année la
foule : « Parfois, on avait l’impression que l’enfer était sur le bitume et le paradis, sur les accotements. » Mais non, ça n’était pas l’enfer : la preuve, ils en sont revenus. Par prudence, ils feront quand même l’impasse sur l’édition 2008. Le temps de se « refaire » un peu d’os au niveau du ménisque, d’ici 2009…


 CONTACTER Association des réservistes haut-rhinois de la Marine nationale : 06.82.21.28.88.


Article publié dans le quotidien L’ALSACE du 1er août 2007 dans l’édition de Mulhouse, reproduit avec son aimable autorisation.