La flotte sous-marine Chinoise conserve un faible taux de patrouille

  • Dernière mise à jour le 6 février 2007.

La flotte sous-marine Chinoise dans son ensemble n’a effectué que 2 patrouilles en 2006, selon des informations déclassifiées par l’US Navy et obtenues par la Federation of American Scientists dans le cadre de la loi sur l’accès àl’information. Le faible taux de patrouille suit la baisse intervenant depuis le maximum de seulement 6 patrouilles intervenu en 2000. Aucune patrouille n’avait été effectué en 2005. Les données montrent que le seul et unique SNLE Chinois n’a jamais effectué de patrouille opérationnelle de dissuasion.

Un sous-marin chinois

Le faible niveau des patrouilles effectuées par les sous-marins Chinois marque un curieux contraste avec les avertissements lancés par le Pentagone, certains instituts privés et par des journaux pour qui la Chine augmente ses opérations sous-marins et les envoit plus loin dans le Pacifique. Bien que des sous-marins Chinois s’aventurent parfois dans les eaux autour du Japon et de Taïwan, la flotte est de façon surprenante inactive.

Depuis 1981, la première année pour laquelle des données sur les patrouilles sont disponibles, les forces sous-marines Chinoises ont effectué en moyenne moins de 2 patrouilles par an. Le nombre le plus élevé de patrouilles effectuées en une année depuis 1981 est de 6 en 2000. Au cours de 4 années (1982, 1990, 1993 et 2005), aucune patrouille n’a été effectuée. Sur la période 25 ans, la tendance est seulement que le nombre de patrouilles est passé de 1 par à environ 2,8 par an.

Patrouilles sous-marines Chinoises entre 1981 et 2006
En moyenne, la flotte sous-marine Chinoise effectue moins de 3 patrouilles par an. Le SNLE Xia n’a jamais effectué de patrouille de dissuasion.

 Qu’est-ce qu’une patrouille ?

La Navy a refusé d’expliquer à la FAS ce qu’était une "patrouille", en expliquant que cela pourrait "révéler des méthodes d’action et des sources." L’interprétation de ces données est donc relativement incertaine. Mais le Dictionnaire de Termes Militaires (JP 1-02), un document non classifié publié par le Département de la Défense ainsi que des documents plus anciens, permettent d’établir les 5 définitions suivantes :
 Patrouille anti-sous-marine : Recherche systématique et permanente dans une zone ou le long d’une route pour détecter ou entraver les sous-marins, utilisée lorsque la direction de déplacement du sous-marin peut être établie.
 Patrouille côtière : Une patrouille de défense navale généralement effectuée dans une zone côtière de défense navale et comportant tous les éléments de défenses des ports, le système de vigie côtière, des bases de soutien pour navires de patrouille, des avions, et des stations de Gardes-Côtes.
 Patrouille hauturière : Une patrouille de défense navale effectuée à l’extérieur des limites des eaux cotières navigables. Une partie des forces de défenses locales comprenant des navires et des avions opère en dehors des zones affectées aux patrouilles côtières.
 Patrouille : Un détachement de forces terrestres, maritimes ou aériennes envoyé dans le but de recueillir des informations ou pour accomplir une mission de destruction, de harcèlement, de nettoyage ou de sécurité.
 Zone de patrouille sous-marine : Une zone d’activités restreintes établie pour permettre des opérations sous-marines :
— a. sans interférence par les opérations, ou éventuellement l’attaque, des forces amies en temps de guerre ;
— b. sans interférence mutuelle sous-marine en temps de paix.

Si on part du principe que l’utilisation du terme “patrouille” par le Renseignement Naval respecte les définitions du Département de la Défense, alors les données déclassifiées sur les patrouilles suggèrent que les sous-marins Chinois ont, par 2 fois en 2006, effectué des recherches pour détecter d’autres sous-marins, participé à des opérations de défense navale dans ou en-dehors des zones côtières, ou été déployés pour recueillir des informations ou faire du harcèlement. Ceci implique que la flotte sous-marine est globalement en repos.

 L’incident du Song

L’une des 2 patrouilles effectuées en 2006 semble avoir été celle, largement médiatisée, où un sous-marin classique de la classe Song a fait surface près du porte-avions américain USS Kitty Hawk, en mer de Chine du Sud. Les journaux et les experts ont dramatisé l’incident comme la preuve que la Chine augmentait ses opérations sous-marines, le gouvernement Chinois a réduit l’iomportance des articles comme inadéquats, et le Pentagone a indiqué que les médias en avaient trop dit sur cet incident.

"Le fond de l’affaire est que [...] ils les déploient plus loin et plus souvent," a déclaré à Defense News un expert de la Marine Chinoise à la National Defense University. La Chine pourrait même avoir une augmentation décisive de ses capacités sous-marine dans 20 ans, a indiqué un autre expert. "Ils construisent une marine de haute mer," a encore averti un autre expert. Un politicien de Taïwan pensait que cela soulevait des questions : "les Etats-Unis ont-ils encore la suprémacie militaire dans le Pacifique Ouest," et des commentateurs à la fois à Taipei et Washington en ont conclu que l’incident avait montré que Taïwan avait besoin d’acheter plus de sous-marins.

Le rapport 2006 du Pentagone sur la puissance militaire de la République Populaire de Chine écrit que la Chine travaillait à établir une stratégie de “chaîne de première” ou “de deuxième île” pour ses forces navales, et que les “forces Chinoises ont augmenté les opérations en dehors des frontières de la Chine et des eaux côtières." Cela est peut-être le cas pour les navires de surface, mais pour illustrer ce développement, le Pentagone a mis en lumière "l’intrusion en 2004, très médiatisée, d’un sous-marin nucléaire de la classe Han dans les eaux territoriales Japonaises pendant des opérations loin dans le Pacifique Ouest." Le Département de la Défense ne précisait pas que cette intrusion était l’une des 3 seules patrouilles effectuées par toute la flotte sous-marine Chinoise en 2004, et qu’aucune patrouille n’avait été menée en 2005.

La commission Etats-Unis - Chine mise sur pied par le Congrès après des articles sur l’espionnage Chinois, indiquait en 2006 que la Chine essayait de “contrôler” les eaux du Pacifique Ouest, bien que "contrôler" les mers est une tâche décourageante sur le plan technologique et opérationnel, et que la Chine continuait à "accroître" sa force sous-marine.

 La flotte sous-marine Chinoise en diminution

Bien que la Chine modernise sa force sous-marine, elle ne "l’accroît" pas. Depuis le milieu des années 80, la force a été en déclin continu, passant de près de 120 sous-marins opérationnels à environ 55 aujourd’hui. Les experts de l’US Navy pensent que la force comptera environ 40 sous-marins d’ici 10 ans.

Une flotte sous-marine Chinoise en diminution
La flotte sous-marine Chinoise a décliné d’environ 50 % depuis le milieu des années 80, principalement àcause du désarmement des classes anciennes et obsolètes. La construction de nouvelles classes est en cours mais ne devrait pas mener àune augmentation. L’US Navy pense que la flotte comprendra environ 40 sous-marins d’ici 10 ans.

Le déclin de la flotte sous-marine fait partie d’une transition où les classes plus anciennes à l’effectif plus nombreux sont éliminées et remplacées par des classes plus récentes mais moins nombreuses. Les nouveaux sous-marins sont plus capables que ceux qu’ils remplacent, mais la modernisation n’a pas entraîné d’augmentation du nombre de patrouilles sous-marines. Au contraire, entre 2000 et 2006, alors que la Chine recevait 12 nouveaux sous-marins Kilo et Song, le nombre de patrouilles a décliné de 6 à 2 (avec absolument aucune patrouille en 2005).

 Implications

Les implications du faible taux de patrouilles sont significatives. L’expérience opérationnelle totale pour toute la force sous-marine Chinoise est seulement de 49 patrouilles en 25 ans, ce qui correspondant à une patrouille tous les 3 ans pour chaque sous-marin.

Par conséquent, les équipages de sous-marins Chinois semblent n’avoir que relativement peu d’expérience opérationnelle et des compétences limitées dans la manoeuvre en sécurité et avec compétence de leurs navires. Cela suggère que les compétences tactiques qui seraient nécessaires pour que la force sous-marine Chinoise puisse combattre avec efficacité seraient limitées.

La Chine continue - au moins pour l’instant - à utiliser sa force sous-marine comme une force de défense côtière.

Source : Strategic Security Blog