La Marine Brésilienne confirme son choix d’un sous-marin allemand

  • Dernière mise à jour le 14 décembre 2006.

La querelle autour du sous-marin nucléaire et de l’U-214 a commencé sur le blog du journaliste Nassif Luis et est arrivée jusqu’àla Marine Brésilienne. Selon la presse grecque, pays qui a en acheté 4 exemplaires, le sous-marin U-214 a montré des défauts importants au cours des essais effectués après la livraison de la première unité. Le journal Projeto Brasil est entré en contact avec le centre de communication de la Marine Brésilienne, qui a répondu en moins de 24 heures.

Il ressort de l’interview du directeur du centre de communication de la Marine (CCM) Brésilienne, Pablo Mauricio Farias Alves, que le Brésil a l’intention d’acquérir le sous-marin en question. Le représentant du centre de communications a démenti que les Grecs soient insatisfaits du matériel et a affirmé que des militaires Brésiliens avaient suivi les premiers essais en Grèce.

Le directeur du CCM confirme que les propositions des chantiers français ont été étudiées, mais la Marine Brésilienne a choisi le sous-marin fabriqué en Allemagne pour éviter de dupliquer les couts d’entretien. Dans sa dernière réponse, le directeur détaille le programme nucléaire mené par la Marine du Brésil, avec les coûts et les perspectives.

Projeto Brasil : Quel est l’historique de l’achat de sous-marins par la Marine Brésilienne ?

Marine Brésilienne : En 1982, la Marine Brésilienne a signé un contrat avec l’entreprise allemande HDW-FERROSTAAL, pour la construction de 4 sous-marins à propulsion classique (diesel-électrique). Le premier a été construit en Allemagne, au chantier HDW (type U-209 1400 tonnes), baptisé Tupi, et les 3 autres, appelés Tamoio, Timbira et Tapajó, ont été construits au Brésil. Plus tard, en 1995, un nouveau contrat a été signé pour un sous-marin supplémentaire, le Tikuna. Après avoir terminé la construction du Tikuna, la construction d’un nouveau sous-marin s’imposait. Sinon, les qualifications si durement obtenues seraient perdues.

Afin d’éviter de dupliquer les coûts logistiques de soutien à des sous-marins d’origine différentes — ce qui arriverait fatalement, si le projet d’un autre constructeur était choisi — , et considérant les investissements importants engagés par la Marine au cours des 2 dernières décennies, dans la construction des sous-marins de la classe Tupi et, plus récemment, du Tikuna, associés à la culture et à la technologie assimilées à cette époque par nos techniciens (ingénieurs et travailleurs) et par nos équipages, en relation avec les processus de contruction et de maintenance, la Marine du Brésil a compris qu’elle devrait conserver la standardisation des modèles HDW, d’origine Allemande.

Projeto Brasil : Quel modèle est envisagé ?

Marine Brésilienne : Avant de se décider pour le projet U-214 de HDW, la Marine Brésilienne a aussi étudié le projet de sous-marin Scorpène proposé par ARMARIS. En vérité, durant tout le processus, la Marine Brésilienne a négocié avec les 2 compagnies, avant de conclure au final que la proposition de HDW était celle qui correspondait le plus aux nécessités brésiliennes.

Projeto Brasil : Existe-t-il un financement pour cette acquisition ?

Marine Brésilienne : Dans le cadre du programme de modernisation de la Marine Brésilienne, en particulier pour la construction et la modernisation de sous-marins, le ministère du budget a proposé une opération de crédit avec des institutions allemandes pour la construction d’un sous-marin classique et la modernisation des 5 existants à l’arsenal de Rio De Janeiro. Le financement est proposé par ABN AMRO et garanti par le programmes "HERMES" du gouvernement allemand.

La proposition de construction prévoit que la livraison du sous-marin aura lieu au plus tard 7 ans après la signature du contrat. La modernisation du premier sous-marin durerait 4 ans, la livraison des 4 autres suivant tous les 2 ans.

Projeto Brasil : Selon la presse locale, le sous-marin U-214 construit en Allemagne présenterait de sérieux problèmes et aurait par conséquent été refusé par la Marine Grecque. La Marine Brésilienne a-t-elle connaissance de certains de ces défauts ?

Marine Brésilienne : La Grèce a commandé à HDW 4 sous-marins U-214. Le premier, le Papanikolis, a été construit aux chantiers HDW à Kiel, pendant que les 3 autres seront construits aux chantiers de Skaramanga, en Grèce. Concernant les problèmes techniques auxquels vous faites allusion, l’information officielle reçue par la Marine Brésilienne, tant du coté de HDW que de la Marine Grecque, montre une image très différente de celle propagée par des journaux grecs et turcs ou sur Internet.

La Marine grecque nous a dit être satisfaite du sous-marin U-214 et que les problèmes techniques rencontrés au cours des essais à la mer avaient été corrigés. HDW, dans un document officiel, a décrit les problèmes apparus et les solutions adoptées. Il faut souligné que la raison d’être des essais à la mer auxquels sont soumis les navires est effectivement d’identifier d’éventuels défauts de construction, source habituelle de divergences, que le chantier de construction est obligé de réparer. Des dispositions contractuelles établissent des indemnités pour les défauts qui ne peuvent être corrigés, sous réserve qu’ils ne compromettent pas la sécurité ou les opérations.

En novembre 2005, lorsque le Papanikolis est venu accoster à Kristiansand au cours de ses essais à la mer, une délégation de la Marine Brésilienne, composée de sous-mariniers et d’ingénieurs navals, a visité le sous-marin et a eu la chance d’échanger des impressions avec le commandant Grec. Il n’avait que que des compliments à dire sur la qualité et les performances du sous-marin. Il est dès lors difficile de comprendre pourquoi, peu après, il aurait commencé à présenter des problèmes aussi importants et élémentaires que la vibration du périscope à la vitesse insignifiante de 3 noeuds, parmi d’autres.

Pour répondre objectivement à la question, la Marine Brésilienne, tout au long du processus, a pris — et continue de prendre — toutes les mesures nécessaires pour s’informer elle-même sur les faits. C’est pourquoi, bien sûr, elle garde le contact avec la Marine Grecque, et bien évidemment avec le chantier de construction. Ce qui arrive est que les faits réels ne correspondent pas avec ce qui est diffusé, principalement sur Internet.

Projeto Brasil : Et la proposition française ?

Marine Brésilienne : Après avoir analysé les données techniques du projet et les propositions commerciales, comparé leurs avantages et inconvénients respectifs, l’Amirauté a conclu que, du point de vue opérationnel et stratégique, les 2 types de sous-marins respectaient les exigences de la Marine. Cependant, dans le but d’éviter la duplication des couts logistiques d’entretien de sous-marins d’origines différentes, et compte-tenu des investissements importants réalisés par la Marine au cours des 2 dernières décennies, l’Amirauté a décidé le 11 novembre 2005 de standardiser les sous-marins selon les méthodes et processus allemands HDW.

Question d’un lecteur : Qui est responsable du projet TUPÍ de sous-marin nucléaire ? Depuis quand est-il en développement ? Combien a déjà été investi dans ce projet ?

Marine Brésilienne : Pour la clareté et la précision de l’information, il est nécessaire de préciser pour commencer qu’il n’y a jamais eu de "projet de construction de sous-marin nucléaire" comme cela est dit dans la question. Il n’y a pas — et il n’y a jamais eu — un "projet de construction de sous-marin nucléaire". Il y a un programme nucléaire mené par la Marine Brésilienne, constitué de 2 grands projets : le projet du cycle du combustible et le projet de laboratoire de génération électronucléaire (LABGENE). Dans le projet du cycle du combustible, la technologie est pratiquement déjà dominée.

En ce qui concerne le LABGENE, projet qui vise le développement et la construction d’une centrale de production d’électricité, l’assemblage est en cours. Seulement après avoir développé ces projets et appris à conduire une centrale nucléaire, les conduitions seront réunies pour que, dans le futur, le gouvernement puisse décider s’il autorise le développement du projet et la construction d’un sous-marin à propulsion nucléaire ou sous-marin nucléaire d’attaque.

La première étape qui a représenté en réalité un saut technologique, a été accomplie par la Marine Brésilienne à la fin des années 1980, avec l’enrichissement d’uranium à l’échelle du laboratoire. Cependant, depuis lors, la Marine n’a pas obtenu les ressources suffisantes pour le développement du programme, réussissant avec peine à préserver les connaissances.

Le seul moyen d’éviter de perdre tout ce qui a été investi et obtenu, est de transformer le programme de la Marine Brésilienne en projet national, avec une garantie de financement. Dans cet objectif, le ministère de la défense et la Marine Brésilienne ont désiré transmettre cette nécessité aux parlementaires et à l’opinion publique au moyen de visite des intallations nucléaires, de présentations et de conférences.

Depuis le début du programme nucléaire, à la fin des années 70, jusqu’à maintenant, un total de 1,1 milliard de $ a été investi. Pour terminer le LABGENE et les 2 projets nucléaires, il y a un besoin de financement d’environ 470 millions de $.

Source : Projeto Brasil