Le bilan de l’échoument du San Francisco plus grave

  • Dernière mise à jour le 6 novembre 2005.

Le sous-marin nucléaire qui a heurté le fond samedi dans le Pacifique Sud l’a fait avec "une telle force" que 60 des 137 membres d’équipage ont été blessés et que le marin qui est décédé a été projeté àplus de 6 mètres par la force de l’impact, selon des messages internes de la Navy envoyés par un amiral.

Les messages indiquent que la coque du sous-marin a été gravement endommagée après l’impact sur l’objet sous-marin dont les responsables de la Navy pensent qu’il s’agit d’une montagne sous-marine non cartographiée. Un message précise que le sous-marin, le San Francisco, naviguait à grande vitesse, et que l’impact l’a pratiquement stoppé sur place et a entraîné des voies d’eau dans certaines parties de l’avant.

Les messages ont été rédigés par le vice-amiral Paul F. Sullivan, commandant les sous-marins du Pacifique. Ils dépeignent une image plus grave de l’accident, qui s’est produit à 560 km au sud-est de Guam, que celle précédemment diffusée. Ils montrent aussi la difficulté de préparer le sous-marin et sauver le marin décédé.

Le message indique que la Navy a essayé d’évacuer le marin mortellement blessé, le second-maitre mécanicien Joseph A. Ashley, quelques heures après que le choc l’ait projeté en arrière et que sa tête ait heurté une pompe métallique, ce qui l’a rendu incoscient.

Le père du second maitre Ashley, Daniel L. Ashley, a déclaré dans un entretien que la Navy lui avait dit que, pendant qu’un hélicoptère survolait les flots vers le sous-marin, les membres d’équipage n’arrivaient pas à évacuer son fils sur une civière au travers des sas du sous-marin avant qu’il ne décède.

"Ils ont essayé de nombreuses fois de le déplacer au travers des sas," a déclaré M. Ashley. "Mais ils n’ont pas réussi."

L’amiral Sullivan, qui est basé à Hawaï, a envoyé les messages à d’autres responsables de la Navy. Alors qu’ils circulaient au sein de la communauté des sous-mariniers, 2 personnes en ont fourni des copies au New York Times, et des responsables de la Navy ont confirmé leur authenticité.

Le message indique aussi qu’environ 60 membres de l’équipage ont été blessés. Tout ce que la Navy avait dit publiquement était que 23 membres d’équipage étaient soignés pour des fractures, des coupures et des équimoses.

Les messages indiquent que ces 23 étaient suffisament sérieusement blessés pour qu’ils soient incapables d’effectuer leur travail normal de surveillance durant le retour du sous-marin vers Guam. M. Ashley a déclaré que le commandant du sous-marin, le Cmdr. Kevin Mooney, lui avait dit par téléphone lundi que par les blessés, "il y avait beaucoup de doigts, de bras et de jambes cassées et qu’un avait des fractures au dos."

Des responsables de la Navy ont indiqué mardi que les autres blessures n’étaient pas graves.

Le message de l’amiral indique aussi qu’un panneau extérieur situé à l’avant du sous-marin s’est ouvert sous le choc, entraînant l’inondation d’un dôme avec des senseurs sonar et de 4 ballats utilisés pour faire plonger le sous-marin ou le ramener à la surface.

L’inondation a fait que le sous-marin est plus enfoncé dans l’eau et le rend plus difficile à manoeuvrer. L’équipage a dû envoyer continuellement de l’air sous pression dans les ballasts pour empêcher l’eau de montée et pour maintenit la flottabilité (et donc le sous-marin en surface).

La coque intérieure, qui protège l’équipage, est restée étanche, est-il écrit dans le message. Le réacteur nucléaire et les systèmes de propulsion critiques n’ont pas été endommagés.

Dans le message, l’amiral Sullivan ne précise pas pourquoi le sous-marin s’est échoué. La Navy enquête, et l’amiral, qui en dernier ressort devra décider éventuellement de sanctionner un membre de l’équipage, n’a pas répondu aux demandes de commentaires.

M. Ashley a raconté que le commandant Mooney lui avait dit que le sous-marin est entré en collision avec une montagne sous-marine qui n’était pas sur leurs cartes.

"Il m’a dit : ’Sur les cartes que nous avons, il y a une zone claire tout le long du chemin vers l’Australie,’ " rapporte M. Ashley.

Des responsables de la Navy ont déclaré que le San Francisco wavançait à 30 noeuds lorsqu’il a heurté la montagne sous-marine. Dans l’un de ses messages, l’amiral Sullivan écrit que, lors de l’impact, la vitesse du sous-marin est tombée instantannément à environ 4 noeuds.

CHRISTOPHER DREW

Source : The New York Times