L’Abeille Flandre quitte la Bretagne après avoir sauvé près de 2.000 marins

  • Dernière mise à jour le 31 décembre 2004.

Remorqueur de haute-mer dont la silhouette massive a veillé sur la pointe de Bretagne pendant 25 ans, l’Abeille Flandre va rejoindre en 2005 la Méditerranée après avoir contribué àsauver près de 2.000 personnes et éviter l’échouage de 3 millions de tonnes de produits polluants.

L’Abeille Flandres
Un marin du remorqueur de haute-mer "Abeille-Flandre" pilote un canot pneumatique aux abords de l’île d’Ouessant . [© AFP]

Son patron, Charles Claden, l’un des commandants du célèbre remorqueur basé à Brest, a terminé mercredi sa dernière bordée sur le remorqueur mis en service dans la foulée du naufrage de l’Amoco Cadiz au large de Portsall, en 1978, et qui sera remplacé par un tout nouveau bateau au début du mois de mars.

Charles Claden, plus connu dans le milieu maritime sous le nom de Carlos, tient à souligner que "l’aventure de l’Abeille Flandre continue". L’ancien remorqueur va désormais renforcer le dispositif de protection du littoral méditerranéen, avec Toulon comme port d’attache.

L’implantation de l’Abeille Flandre, tout comme celle de l’Abeille Languedoc à Cherbourg avait été décidée en 1979 pour défendre les côtes françaises contre la pollution.

Affrétés par la Marine nationale, les deux remorqueurs peuvent être appelés à tout moment par le Centre régional opérationnel de sauvetage et de secours (CROSS), sous l’autorité du préfet maritime, à se porter au secours d’un navire en difficulté ou sur le point de l’être.

Si des vies humaines ont été sauvées, c’est grâce à l’ensemble du dispositif de sauvetage et notamment les hélicoptères de la Marine nationale et les vedettes de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer), insiste Carlos.

La nouvelle unité basée à Brest sera baptisée "Abeille Bourbon", du nom du groupe privé propriétaire du navire. Elle a été construite en Pologne pour la coque et en Norvège pour l’assemblage et les finitions.

Plus rapide, plus puissante, plus manoeuvrante, l’"Abeille Bourbon" devrait apporter une réponse aux risques futurs générés par les gros porte-conteneurs. Ses équipements permettront également d’évoluer en cas d’émanations toxiques ou explosives.

L’équipage, maintenu à 12 hommes, gagnera une heure pour rejoindre le rail d’Ouessant qu’il surveille de très près dès que le vent dépasse les 25 noeuds (40 km/h).

"Le sauvetage, c’est la sixième marine", assure Carlos, au même titre que les secteurs de la pêche, la plaisance, le commerce, la marine nationale et la marine scientifique.

Ses meilleurs souvenirs ? Il répond sans hésiter que ce sont les sauvetages de vies humaines. Comme par exemple en 1988, lorsque sous le commandement de Jean Bulot, le remorqueur sava les 30 marins-pêcheurs de l’Alcor.

"Il n’y avait plus que nous. Il y avait tellement de vent et de mer que personne ne pouvait plus rien faire pour eux. Bulot avait fait une manoeuvre formidable. Nous, on était sur le pont. Tout le monde a été blessé", raconte celui qui a embarqué en 1980 sur le remorqueur avant d’en devenir le commandant en 1994.

Ces sauvetages ont marqué l’épopée du remorqueur et de son équipage qui n’a cependant pu éviter de grandes pollutions au large de la Bretagne, lors des naufrages des pétroliers Gino (1979), Tanio (1980), Erika (1999) et du chimiquier Ievoli Sun (2000).

Source : Télévision Suisse Romande