Le retour du U-boat

  • Dernière mise à jour le 30 mars 2006.

Al Qaeda n’a pas de marine digne de ce nom ; les seuls navires de guerre vus en action sont des frégates et des patrouilleurs chassant les pirates dans les eaux côtières. Des croiseurs ou des destroyers valant des milliards de $ effectuant la même mission ressembleraient àGoliath chassant David. Les navires de guerre les plus importants actuellement construits sont de nouveaux navires conçus pour le combat en eaux littorales, spécialement équipés pour de telles opérations en eau peu profonde, et à300 millions de $ chacun, beaucoup plus abordables.

L’un des types de navires de guerre les plus nombreux, avec quelques 300 exemplaires construits ou en construction de part le monde, n’est pas un nouveau concept. C’est le sous-marin diesel/électrique ancien modèle, qui n’a que peu évolué par rapport à son prédécesseur de la 2ème guerre mondiale, mais a été amélioré avec des technologies clés. La raison du retour des « U-boat » est leur coût relativement peu élevé et leur capacité de naviguer en plongée et de déjouer les plans des gros navires de surface. Alors que le coût d’un navire de guerre américain dépasse maintenant le milliard de $, une marine du Tiers Monde peut acheter un sous-marin conventionnel pour 100 millions de $, ou même moins pour un sous-marin d’occasion.

Le sous-marin diesel est le guérillero du combat naval, comme l’ont montré les 2 guerres mondiales du siècle précédent. Incapable d’égaler la puissance des croiseurs géants de la Royal Navy, l’Allemagne s’est tourné vers la seule arme qui lui restait : le U-boat. Ce faisant, elle a failli retourner le sort de la guerre en sa faveur, mettant à genoux le commerce britannique.

Dans la Guerre du Pacifique contre le Japon, le sous-marin a dû combattre un ennemi plus nombreux et plus puissant. Avec la majorité de sa flotte de combat coulée à Pearl Harbor, l’Amérique s’est tournée vers la seule arme qui pouvait porter la guerre chez l’ennemi. La flotte sous-marine américaine a coulé plus de navires japonais, dont des avions et des navires de surface, que n’importe quelle autre arme durant la guerre.

Une autre raison du retour actuel des sous-marins diesel est son extrême discrétion. Alors que l’Amérique et la Russie ont dépensé des milliards pour réduire le bruit de leur flotte de sous-marins nucléaires, le silence mortel d’un sous-marin naviguant avec un moteur électrique et une batterie est toujours inégalé. De nouveaux systèmes de propulsion rendent les sous-marins classiques encore plus mortels. Des navires russes et européens partent en mer avec des systèmes AIP [1], qui augmente l’endurance sous-marine de quelques jours à plusieurs semaines. Sans égaler le rayon d’action infini du sous-marin nucléaire, il s’agit tout de même d’une amélioration considérable par rapport à la vielle technique du schnorchel.

Les sous-marins conventionnels sont devenus une très grave menace pour les navires de surface. En de nombreuses occasions, durant les exercices avec des marines alliées, les sous-marins diesel d’Australie, de France et d’Allemagne ont pénétré les écrans anti-sous-marins et se sont trouvés à portée de tir des porte-avions américains. Les submersibles chinois sont détectés de plus en plus loin de leurs eaux territoriales. La flotte chinoise de sous-marins comprend d’anciens sous-marins russes de la classe Kilo qui sont bien armés avec des missiles de croisière. La Chine pourrait aussi posséder des nouveaux missiles russes Shkval, qui, selon certaines informations, pourrait atteindre la vitesse astronomique sous l’eau de 200 nœuds.

L’US Navy prend la menace des nouveaux U-boats si sérieusement qu’elle a emprunté à la Suède un sous-marin équipé de l’AIP, le Gotland. Ce navire moderne, doté de l’AIP, entraîne les marins de surface aux tactiques mortelles qu’ils pourraient rencontrer contre les marines des états voyous comme l’Iran, la Corée du Nord ou même la Chine.

Des armes comme le Shkval, les missiles supersoniques, l’AIP et même les piles à combustibles encore plus puissantes donnent aux nouveaux U-boats des capacités dépassant de loin celles de leurs prédécesseurs des guerres mondiales. De telles améliorations pourraient permettre aux marines émergentes du Tiers-Monde les moyens d’affronter même les plus grandes marines du monde, la Grande Bretagne et l’Amérique.

Il est impératif pour les marines occidentales de prendre cette réalité en compte avant de concentrer les financements dans la construction de quelques gros navires. La menace croissante venant de sous-marins bon marché menace les béhémoths. Auparavant, ils ne menaçaient que les navires de commerce. Désormais les U-boats du 21ème siècle sont devenus un concurrent direct pour l’ordre ancien en mer.

Mike Burleson


Une menace surestimée

Je pense que Mike Burleson a surestimé la menace que les nouveaux sous-marins conventionnels représentent pour les porte-avions. Il n’y a aucun doute que la nouvelle génération de sous-marins classiques est plus dangereuse que jamais. Avec leurs senseurs performants et les systèmes de propulsion indépendants de l’air, ils peuvent rester en plongée pendant des semaines, attendant que leur proie approche.

Cependant, ce qui n’est pas mentionné est la faiblesse critique de ces sous-marins. Ils sont lents. Cette endurance en plongée ne peut être obtenue que si le sous-marin maintient une vitesse de moins de 5 nœuds. Lorsque le sous-marin conventionnel est attaqué par un sous-marin nucléaire ou un avion de lutte anti-sous-marine, il est extrêmement vulnérable et relativement facile à détruire.

La principale raison pour laquelle l’US Navy est menacée aujourd’hui par les sous-marins classiques est que, avec la fin de la guerre froide, les compétences en lutte anti-sous-marine de la Navy ont été atrophiées. Les avions qui étaient conçus comme chasseurs de sous-marins ont été soit transformés pour le recueil de renseignement (le P-3 Orion) ou mis à la retraite sans être remplacés (le S-3 Viking).

Avec des pays comme l’Iran et la Chine qui investissent beaucoup dans la construction de sous-marins classiques, l’US Navy est forcé de rattraper le terrain perdu, et de réapprendre les techniques de la guerre froide, tout en s’adaptant à la nouvelle technologie des systèmes de propulsion AIP.

Steven W Dugger

Notes :

[1air-independent-propulsion.

Source : The American Thinker