Les sous-marins nucléaires américains vont embarquer des scientifiques pour des missions secrètes en Arctique

  • Dernière mise à jour le 22 février 2011.

Pour éviter toute détection au cours de missions secrètes, les sous-marins nucléaires américains empruntent régulièrement la route de l’Arctique. Pourquoi donc ne pas en profiter pour faire un peu de recherche scientifique sur le chemin ?

A partir de cette année, des scientifiques civils de l’Arctic Submarine Laboratory de l’US Navy, basé à San Diego, embarqueront à bord de sous-marins nucléaires pour des traversées, secrètes par ailleurs, sous la banquise pour recueillir des données sur des phénomènes allant des effets du réchauffement climatique jusqu’à la manière dont les changements en Arctiques pourraient aider ou menacer les intérêts des armateurs américains.

Un protocole d’accord signé l’an dernier par les commandants des forces sous-marines des côtes atlantique et pacifique, le chef de la recherche navale et la National Science Foundation a présenté un projet pour utiliser la capacité de la flotte sous-marine à aller là où des scientifiques ne s’aventureraient jamais autrement.

Le programme est baptisé Science Ice Expeditions, ou Scicex, et s’appuie sur une précédente série de missions hybrides qui ont eu lieu dans les années 90.

Tout le matériel scientifique embarqué à bord des sous-marins, devra répondre aux exigences de sécurité des opérations sous-marines prévues. Les commandants des sous-marins conserveront "l’autorité absolue de modifier ou annuler certaines parties du programme scientifique" si elles menacent d’interférer avec la sécurité ou la mission du sous-marin, selon le document.

Et bien que les données scientifiques soient destinées à être partagées avec le public après les missions, les points de début et de fin des recueil de données seront adaptés "pour éviter toute interférence avec les aspects classifiés de la mission du sous-marin."

De plus, "toute donnée recevra une protection appropriée si elle se révèle classifié en raisons de circonstances particulières ou des règles de sécurité nationale."

Mais l’US Navy est disposée à laisser 2 ou 3 jours supplémentaires de navigation sous la glace pour que les scientifiques puissent recueillir des données et même des échantillons d’eau.

Bill Smethie, un chimiste au Lamont-Doherty Earth Observatory de l’Université de Columbia et participant au programme, explique que la Navy attend aussi beaucoup de ce programme.

"La Navy semble très intéressée par les changements qui se produisent dans l’Arctique," a déclaré Smethie dans le journal Nature. "Ils sont intéressés parce qu’ils ont besoin de savoir quelles capacités ils auront besoin de mettre en œuvre en Arctique à l’avenir, et quels intérêts américains auront besoin d’être protégés, comme la navigation commerciale, qui pourrait beaucoup se développer."

Pour les scientifiques, l’accès à bord des sous-marins est une opportunité unique, en particulier comme moyen de suivre les effets du changement climatique.

"Nous avons besoin de relever des séries datées pour voir comment les choses changent dans l’Arctique, et les choses changent assez rapidement acutellement," explique Smethie. "Au fur et à mesure que la glace fond, cela change la quantité d’eau douce dans l’océan. Et cela change la biologie parce qu’il y a plus d’eau libre en été."

Depuis les sous-marins, les scientifiques pourront lancer des senseurs de conductivité, température et immersion qui recueilleront des données sur la salinité, les nutriments, la composition chimique et la vie marine alors qu’ils tombent vers le fond de l’océan.

Le programme Scicex original comprenait 5 missions scientifiques non-classifiées, entre 1995 et 1998, qui étaient plus spécifiquement destinées à étudier le dessous de la banquise, les eaux arctiques et le fond de la mer. Ce programme s’est terminé lorsque les sous-marins nucléaires de la classe Sturgeon, utilisés pour ces missions, ont été désarmés.

Le nouveau programme Scicex, avec une ou deux missions scientifiques prévues au départ chaque année, n’a pas de date de fin prédéfinie.

Source : AOL News (Etats-Unis)