Les logiciels espions se dévorent entre eux

  • Dernière mise à jour le 11 décembre 2004.

Les compagnies qui utilisent le téléchargement de logiciels gratuits pour atteindre les internautes grâce àdes publicités ennuyeuses se battent entre elles pour conserver leurs clients — et les revenus qu’ils génèrent.

La tactique apparaît au grand jour grâce à une plainte très courte déposée à Seattle. La société de publicité Avenue Media, basée aux Caraïbes, a accusé la société DirectRevenue, de New york, d’utiliser un logiciel concurrent pour détecter et détruire l’optimiseur Internet de Avenue Media sur les ordinateurs de ses clients.

Selon la plainte déposée le 24 novembre, le logiciel DirectResponse détecte Internet Optimizer, envoie une commande "kill" au programme, un moyen de détruire ses fichiers du registre de l’ordinateur et sur l’ordinateur lui-même. Avenue Media indique que la tactique de DirectRevenue lui a faut perdre environ un millions de clients — environ la moitié de sa clientèle — et environ $10,000 de revenus par jour.

"DirectRevenue, volontairement et avec une intention frauduleuse, a excédé son autorisation d’accès à l’ordinateur des utilisateurs... en désinstallant automatiquement Internet Optimizer de Avenue Media lors de l’installation ou la mise à jour du navigateur concurrent de DirectRevenue," selon la plainte, qui a été déposée devant une cour de district à Seattle.

La plainte de Avenue Media constitue le dernier épisode de la guerre des programmes — connus sous le nom de adware, malware ou spyware — conçus pour afficher des publicités ciblées. Bien qu’on puisse trouver beaucoup d’applications sur Internet, ce type de sociétés a plus à voir avec le Far West (sans foi, ni loi), sans aucune règle réelle, et qui peut même attaquer des sociétés responsables.

Des experts juridiques indiquent que le procès de Avenue Media est important parce que, si les charges sont retenues, cela pourrait éclaicir ce que peuvent faire les fabriquants de tels logiciels sur les ordinateurs, en particulier lorsqu’ils modifient certains paramètres de l’ordinateur du client. Le procès pourrait aussi conduire les protecteurs de la vie privée et les internautes à élever la voix contre la plaie que constituent spyware et autres malware.

"Une fois que l’ordinateur est contaminé avec 10 programmes non sollicités différents, l’utilisateur va probablement entreprendre quelque chose pour corriger la situation," déclare Ben Edelman, chercheur à la Harvard University.

Fondée en 2002, DirectRevenue fabrique des logiciels qui surveillent le comportement des internautes et leur envoie des publicités ciblées. Par exemple, il pourrait afficher une publicité pour Hertz alors que le visiteur se trouve sur le site de EuropCar.

DirectRevenue reconnaît que son logiciel peut désintaller des logiciels concurrents dans sa license d’utilisation : "Vous comprenez et par conséquent acceptez, en installant ce logiciel, que le logiciel peut, sans autre avertissement, retirer, désactiver ou rendre inopérant d’autres adware se trouvant sur votre ordinateur."

Il fabrique aussi des jeux en ligne ou d’autres types de logiciels, comme une extension permettant de rester à l’heure d’une horloge automique, aussi les utilisateurs sont poussés à télécharger un ensemble qui contient son adware. Le logiciel de la compagnie est identifié sous différents noms comme A Better Internet, BI, Twaintek et Thinstall, selon la plainte.

DirectRevenue a obtenu 26 millions de $ d’investisseurs commeTechnology Investment Capital et Insight Venture Partners.

Des experts du secteur soulignent que les charges reflètent une tendance plus large, où les fabriquant de logiciels cachés ciblent et désintallent de plus en plus les applications rivales une fois que leurs propres programmes ont été téléchargés sur le PC de l’utilisateur.

Comme beaucoup de ces applications sont destinées à recueillir le comportement de l’internaute pour afficher des publicités ciblées, éliminer les applications concurrentes pourrait signifier plus de revenu ou apporter une aide pour éviter de se faire détecter.

DirectRevenue n’a pas répondu aux demandes de commentaires. Dans un message apparu sur son site, la société indique que son logiciel n’est pas un logiciel espion, ou un logiciel qui recueille des informations personnelles et identifiables dans un but néfaste.

Avenue Media, basé sur l’île de Curaçao (Antilles Néerlandaises), n’a pas répondu à une demande de commentaire par courrier électronique.

Source : CNET News.com