Le groupe allemand Ferrostaal aurait fait le sale boulot pour les autres

  • Dernière mise à jour le 12 avril 2010.

Le groupe allemand Ferrostaal fait l’objet d’enquêtes pour avoir payé des pots de vin afin de remporter des contrats, et pour avoir organisé le paiement de pots de vin au nom d’autres sociétés contre une commission.

Cette affaire pourrait avoir des conséquences dans toute l’industrie allemande, explique un ancien responsable de MAN, l’ancienne maison mère de Ferrostaal.

Pendant de nombreuses années, il y a eu des rumeurs sur des pots de vin payés par le groupe Ferrostaal. Mais peu d’affaires sont allées jusqu’au tribunal, en partie parce que les paiements ont été faits alors que les "dépenses utiles", c’est à dire les paiements effectués pour remporter des contrats, n’étaient pas encore illégales en Allemagne. Mais désormais, il y a des indications laissant supposer que les pots de vin étaient pratique courante chez Ferrostaal.

Klaus Lesker, un membre du conseil d’administration a été arrêté il y a 2 semaines. Le parquet de Munich mène une enquête contre d’autres administrateurs pour "un cas particulièrement sérieux de pots de vin versés à des responsables étrangers en liaison avec des accords de commerce international".

Les enquêteurs soupçonnent que 5 projets, d’un montant total dépassant le milliard €, auraient été obtenus grâce au versement de pots de vin. Et ils estiment que ce chiffre pourrait augmenter dans les prochains jours. "ce que nous avons maintenant est seulement le début," explique un responsable.

Les enquêteurs s’appuient à la fois sur des documents importants saisis lors de perquisitions effectuées l’an dernier lors d’une enquête de corruption contre l’ancienne maison mère de Ferrostaal, le groupe MAN, et sur le témoignage de 2 témoins.

Les allégations contre Ferrostaal sont : la compagnie n’aurait-elle pas non seulement payer elle-même des pots de vin pendant des années, mais aussi effectuer le sale travail pour d’autres compagnies en échange d’une commission ?

L’enquête implique aussi une compagnie du port de Brême, pour laquelle Ferrostaal aurait obtenu un contrat de 28 millions € pour construire un patrouilleur pour les gardes-côtes colombien.

Pour ce contrat, Ferrostaal aurait obtenu une commission de 5%. Sa filiale locale aurait payé des pots de vin allant 850.000 € à "des décideurs de la marine colombienne et du ministère colombien de la défense".

Ferrostaal aurait aussi payé en 2006 des pots de vin au nom de cette compagnie aux gardes-côtes argentins, aussi en échange d’un contrat. Un fonctionnaire du ministère argentin de la défense aurait reçu une somme à 6 chiffres en € du bureau local de Ferrostaal, somme qu’il aurait partagé avec 2 officiers de marine de grade élevé.

Mais le scandale actuel de corruption de Ferrostaal tourne véritablement autour de la vente de 2 sous-marins U-209 au Portugal. Ferrostaal, qui était opposé au propre constructeur des sous-marins HDW et au chantier naval Thyssen Nordseewerke, a remporté en 2003 le contrat de 800 millions € — avec l’aide de pots de vin et de contrats bidon de consultance.

Selon le dossier des procureurs, un consul honoraire portugais aurait approché en 1999 un membre du conseil de Ferrostaal. Cet homme aurait dit pouvoir faciliter le lancement du contrat. Selon le dossier, ce diplomate aurait prouvé son influence en permettant une rencontre directe à l’été 2002 avec le premier ministre portugais de l’époque, un certain José Manuel Barroso.

Les dirigeants de Ferrostaal ont été apparemment tellement impressionnés qu’ils ont signé en janvier 2003 un accord de consultance avec le consul, en échange de son "aide constructive". Le diplomate portugais devait recevoir 0,3% du montant du contrat si Ferrostaal le remportait.

Le consul a obtenu au final 1,6 million €, ce que les enquêteurs considèrent comme un violation claire de ses devoirs en tant que diplomate.

Ferrostaal n’aurait pas mis tous ses oeufs dans le même panier : il aurait aussi passé des accords avec un autre partenaire et un contre-amiral portugais, ce dernier pour 1 million €.

Le parquet a identifié plus d’une douzaine de transactions douteuses en rapport avec ce contrat portugais. Il semble même que, au final, Ferrostaal a payé tellement d’“honoraires de consultants” qu’il n’a tiré presque aucun profit du contrat des sous-marins.

L'analyse de la rédaction :

Selon d’autres articles de presse, cette même compagnie serait aussi impliquée dans l’attribution du contrat des sous-marins U-214 grecs.

Source : Time Live (Afrique du Sud)