Quand les marines française et russe s’entraînent ensemble (4è partie)

  • Dernière mise à jour le 13 février 2010.

Lorsque des bâtiments de 2 marines s’entraînent ensemble, ou lorsque des officiers d’une marine embarque sur un bâtiment d’une marine étrangère, ils rédigent un compte-rendu détaillé de toutes les informations qu’ils ont pu obtenir, des enseignements qu’ils en ont tiré, en particulier en ce qui concerne les différences de méthode entre les 2 marines.

Sommaire

D. Exercices franco-russes

1. "Les russes ont tenté de prendre contrôle des exercices"
(...)

2. "La planification a été compliqué"

L’exercice conjoint fut planifié du Tourville par l’officier opérations, du grade de capitaine de corvette. (Son rôle est similaire a notre BCH-7, mais il est également responsable de la préparation au combat et ne participe pas aux quarts) [1] Il résolut lui-même tous les problèmes (en consultant avec le commandant pour des problèmes complexes) et, immédiatement après l’accord des officiers de liaison russe, donna les ordres nécessaires au Centre Opérations et au sous-marin Emeraude. L’officier opérations prépara également les ordres pour les officiers du navire. Il y a une boite spéciale dans la grande cabine où chaque officier peut dans la matinée ramasser ses ordres pour la journée. Chaque officier commande ensuite sa division conformément aux ordres donnés.

Sur le destroyer russe, le commandant d’escadre prit toutes les décisions finales. Les plans changèrent souvent au milieu de la nuit. L’interprète français fit remarquer (par radio) que l’arrivée du chef d’état major sur la passerelle, à la place du commandant du navire, entraina des modifications. Tard dans la nuit, les ordres évoluèrent à nouveau (probablement à cause du commandant d’escadre). Ceci incommoda l’officier opérations Français qui dû réviser le plan plusieurs fois et donner des ordres nouveaux au sous-marin Emeraude. Et ceci durant toute la nuit, plutôt que de se reposer.

A Brest, après deux heures de réunion pour planifier la dernière étape de la formation, du côté français (représenté par un Capitaine de Frégate du département opérations de la base navale et par le Capitaine de Corvette officier opérations du Tourville) on demanda au chef d’état-major russe, "Nous sommes d’accord, mais est-ce la réponse finale du côté Russe ?" La réponse : "Je ne peux pas prendre de décision. Nous devons consulter l’amiral." Ce malentendu fit que lorsque le commandant d’escadre arriva, on dû recommencer la planification à nouveau.

3. « Mauvais choix de saison pour l’exercice »

Plus d’une fois, les officiers français, y compris le commandant du Tourville, demandèrent : « Pourquoi avez-vous choisit un exercice à cette saison dans cette région ?" L’automne est une période de tempêtes. [2]. Il aurait été préférable, selon eux, d’organiser ces exercices en Méditerranée.

4. Pourquoi embarquer des d’officiers de liaison français à bord du Chabanenko ?

Le commandant du Tourville, tout comme le commandant du Latouche-Tréville en 2003, posèrent tous les deux la même question, "Pourquoi inviter nos officiers à bord de votre navire, si vous ne les utilisez jamais pour résoudre des problèmes ?" Les officiers de liaison français posèrent la mêmes question.

5. "Méthode de lancement dangereuse du pneumatique ».

Comme indiqué plus haut, le Tourville lance et récupère son canot pneumatique sans équipage pour des raisons de sécurité. Un détachement Spetznaz fut lancé dans un pneumatique du Chabanenko pour un exercice d’inspection. Le lancement fut effectué à vue du navire français. Il n’y eut pas de planification préalable au lancement et le pneumatique n’était pas accroche au centre, donc il fut lancé presque verticalement avec les troupes Spetznaz attachées dedans. Les Français ont noté que c’était dangereux.

Concernant les opérations d’arraisonnement, il faut aussi noter que l’ordre de former une équipe de visite fut seulement donné lorsque le navire quittait sa base. Aucun membre de l’équipe de visite n’avait une idée claire de ce qu’il fallait faire et de comment le faire. Pendant le mois préalable au déploiement, le commandant du détachement Spetznaz du bord fut informé que son aide ne serait pas nécessaire pour les visites de navires. En conséquence, lorsque l’ordre fut donné aux Spetznaz de participer à l’équipe de visite, ils ont eu une formation accélérée (sans mettre les pieds dans un pneumatique).

E. Organisation des communications.

1. "Communications tactiques inefficaces"

L’exercice démontra que les moyens existants de communication (communications radio sur fréquence simple) ne permettent qu’à deux navires de travailler ensemble. Lorsqu’un sous-marin est ajouté au groupe, le résultat fut de la confusion et des messages ratés.

Les officiers français amenèrent un équipement PC-NET a bord du Chabanenko, permettant les communications automatiques entre navires. Mais ce dispositif ne fut pas installé et utilisé par les russes. On ignore encore son utilité pratique. (Le PC-NET est un produit civil pour les communications automatiques entre navires de pêche français. Son succès entraina sa mise en service dans la Marine française. Il consiste d’un PC et d’un petit émetteur radio. L’installation du PC -NET à bord du navire russe avait été envisagé pour le premier exercice franco-russe, mais n’avait pas était installé par les Français pour des raisons techniques). [3]

2. "L’absence de téléphones satellite sur le Chabanenko"

Le Tourville dispose de deux téléphones satellite. L’un, pour usage officiel, est en passerelle. Le second se trouve dans le couloir principal pour permettre à l’équipage d’appeler chez eux. L’équipage doit payer pour ses appels personnels, mais des cartes téléphoniques peuvent être obtenues au port.

La nécessité d’un téléphone satellite à bord, même si ce n’est que pour un usage officiel, fut démontrée lorsqu’il fallut obtenir une aide médicale pour le marin Golub. Les Français offrirent l’utilisation de leur téléphone satellite officiel, permettant aux officiers de liaison russes d’arranger rapidement la prise en charge par l’ambassade Russe en Espagne et par une base aérienne américaine. Les moyens de communication Français furent à nouveau utilisées pour envoyer un fax du Chabanenko au commandant de la base aérienne américaine.

Outre les téléphones par satellite, le destroyer français a accès à l’internet et des antennes permanentes pour la télévision satellite. Pas tout le monde n’a accès à l’internet. Il s’agit d’une adresse électronique où arrivent tous les messages, permettant la livraison de messages personnels aux membres de l’équipage. Les membres de l’équipage doivent répondre par les services postaux. La télévision satellite est diffusée dans les carrés pour officiers et marins. [4]

3. « Beaucoup des messages personnels à la radio »

Les interprètes français, qui étaient toujours présents au cours des conversations radio afin de retransmettre immédiatement l’essentiel de ces conversations à leurs commandants, eurent à interpréter une série de conversations incompréhensibles. Par exemple : Le chef d’état-major ordonna à un officier de communications russe de lui lire un message (envoyé au quartier général par voie sécurisée) sur la radio HF. Ce message concernait l’état de préparation des navires russes, et l’officier russe tenta d’éluder la question, compte tenu de la violation grave de la sécurité des communications que cela aurait représenté.

En outre, le Chabanenko diffusa en clair par HF les noms, grades et postes d’officiers. Il est certain que l’indicatif de la 2eme DPLK (Division de navires anti-sous-marins) "Maslina" est désormais connu de la Marine française.

Traduction : Fabrice

La suite

Notes :

[1Point d’exclamation manuscrit

[2Point d’exclamation manuscrit dans la marge

[3Gros point d’exclamation en marge

[4Gros point d’exclamation en marge