Les Scorpène changent la vie des sous-mariniers chiliens

  • Dernière mise à jour le 8 septembre 2009.

Passons en revue les équipements complexes et les armes de dernière génération. Mais, ce qui étonne le plus, c’est la vie à bord.

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Le commandant Renato Navarro est unique. Il a navigué sur le premier sous-marin Scorpène au monde, le O’Higgins, et maintenant, il commande le deuxième, le Carrera.

Ce n’est pas n’importe qui qui peut vivre à plus de 200 m de profondeur, presque une colline San Cristóbal, mais vers le bas. Ce n’est pas un simple voyage en ascenseur. Ça ressemble plus à un vol en avion, en 3D, vers le haut et vers le bas, à l’aveugle et discrètement.

Ici, chaque espace s’étire, on profite de chaque goutte d’eau douce, on contrôle chaque litre d’air, on limite chaque son et chaque lumière. Un grincement, un bruit, surprennent. Et tout cela au cours de missions de plus d’un mois.

Sur le Carrera, les 2 salles de bains servent aux 31 membres d’équipage. Les urinoirs sont un embout dans la douche ; les coursives sont comme celles du Transantiago [1]. Les cabines n’offrent moins d’un mètre par personne.

La cuisine est la place du village, toute électrique, compacte. Mais dans la coursive devant elle, le plus populaire : une machine à crème glacée, avec cornets et tout.

Le ciel disparait lorsqu’on ferme le panneau du kiosque.

On devient véritablement sous-marinier lorsqu’on obtient son insigne doré. Pour cela, il faut étudier jusqu’à passer les épreuves ; un an de théorie et ensuite, d’apprentissage en plongée. "Chacun doit pouvoir remplacer les autres, connaître le fonctionnement de tout le sous-marin", explique le commandant.

Une des épreuves est d’abandonner le sous-marin : il y a un sas hermétique dont le panneau permet de remonter en surface, à l’intérieur d’une combinaison étanche.

 Brillant

L’armement, les systèmes hydrauliques, électriques, mécaniques et les ordinateurs occupent l’espace, comme la nourriture dans un frigo bien rangé.

Les instruments de navigation, les moteurs, les systèmes électroniques et de contrôle du bruit, de traitement de l’air, des ordures et de l’eau, de communication : tout nécessite des boutons et des lumières, que jusqu’au cuisinier doit savoir utiliser. Des milliers de senseurs indiquent l’état de chaque équipement.

Le bronze reluit, "comme sur tout bâtiment de la Marine", souligne le commandant Navarro, dont les chaussures sont bien cirées.

En plongée, ils écoutent. L’opérateur sonar, 18 ans de marine à affiner son oreille, interprète ce que reçoit le sonar.

"Nous sommes une grande oreille armée", remarque le commandant. Aveugle, c’est vrai. Pour voir, en restant en plongée, ils hissent le périscope au dessus des vagues. Mais le mât dépassant de la surface révèle aux autres sa position.

 De la compagnie

S’il n’y a pas de danger, ils font du bruit : ils lancent les moteurs diesel pour recharger les batteries du moteur électrique et renouveler l’air. Ensuite, ils naviguent à nouveau sur le moteur électrique, silencieux.

Ils ne naviguent pas seuls. Ils sont accompagnés par leur navire de ravitaillement, un navire base de sous-marins, camouflé, l’Almirante Merino, qui apporte des vivres, et dispose de véritables lits, de salles vidéo, d’un gymnase, d’un coiffeur et ... d’une boulangerie.

Une bouffée d’air pur... et on replonge !

Notes :

[1Le métro de Santiago du Chili.

Source : El Mercurio (Chili)