L’OTAN déclare la guerre à la piraterie

  • Dernière mise à jour le 27 octobre 2008.

Le secrétaire-général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, a dévoilé de nouveaux projets pour réorienter des ressources navales significatives vers la lutte contre la piraterie endémique au large de la Somalie.

La décision fait partie d’un mouvement plus large de l’alliance militaire fixant le rétablissement de la sécurité maritime en tant que l’une des missions principales de l’OTAN.

Les opérations recentrées de l’OTAN dans la région comprendront la mise en place d’un réseau sophistiqué de renseignement pour travailler aux côtés de la flottille de frégates qui est arrivée ce week-end dans le golfe d’Aden.

“Je crois que l’OTAN peut et doit être une force de stabilité en mer comme nous l’avons été sur terre,” a déclaré M. Scheffer samedi soir à Londres devant des responsables de l’énergie et de l’assurance.

Les opérations actuelles de l’OTAN dans le golfe d’Aden ont été déclenchées par des demandes d’assistance de l’ONU et du Programme Alimentaire Mondial. M. Scheffer a révélé qu’il avait aussi été directement approché par une coalition de 4 grandes compagnies pétrolières demandant une protection pour leurs pétroliers transitant par le golfe d’Aden.

“Je vois des complications dans le fait que des navires de l’OTAN escortent des bâtiments isolés. Qui par exemple va en payer le prix ? Mais, compte-tenu de l’urgence d’empêcher la piraterie en haute mer et le besoin de protéger les livraisons de pétrole et de gaz, c’est clairement un rôle que l’OTAN doit jouer,” a-t-il indiqué.

M. Scheffer envisage une structure de commandement maritime plus claire pour l’OTAN et une plus grande flexibilité des ressources existantes. Il suggère aussi que le réseau de renseignement maritime récemment adopté par l’OTAN, connu comme le programme de “perception de la situation maritime”, donnera aux forces navales la capacité de surveiller qui navigue “de la même manière que les contrôleurs aériens peuvent surveiller la situation dans le ciel”.

Le nouveau système peut surveiller le comportement de certains navires et utilise la technologie pour “améliorer la perception de la situation en temps réel”.

“Cela va aussi nous permettre de partager beaucoup plus de données avec nos navires et avec les autorités nationales dans les zones côtières,” a-t-déclaré.

L’annonce de cette nouvelle approche plus forte intervient alors que des responsables de la navigation commerciale proposent l’adoption d’une nouvelle résolution des Nations Unies afin de donner aux forces navales dans la région le pouvoir d’arrêter les pirates.

Un projet est actuellement rédigé en coordination avec l’Organisation Maritime Internationale. Il s’agit d’établir un cadre légal afin d’arrêter les pirates capturés puis d’appliquer une procédure pénale afin qu’ils puissent être jugés et condamnés.

“Nous devons encore surmonter des difficultés légales lorsqu’il s’agit d’arrêter et de détenir des pirates,” a expliqué M. Scheffer. Il a cependant ajouté qu’il s’attendait au soutien de l’ONU dans ce dossier.

La confirmation par M. Scheffer que la sécurité maritime est désormais une priorité importante de l’OTAN sera probablement considéré comme un signal positif par l’industrie et les responsables de l’OMI. Le projet de nouvelle résolution de l’ONU — le 4è en quelques mois — sera probablement approuvée une fois qu’elle sera présentée au Conseil de Sécurité.

Le secrétaire général de l’OMI, Efthimios Mitropoulos, doit rencontrer le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, à New York dans le cadre d’un entretien de routine. Mais des sources de l’OMI précisent que la question de la piraterie en Somalie sera abordée.

Cette semaine, le président de la Lloyd’s, Lord Peter Levene, a rencontré des responsables du ministère britannique de la défense pour discuter de la récente augmentation des attaques au large de la Somalie. Elles auraient coûté à ce jour plus de 100 millions $ en paiement de rançons.

“Nous espérons que la combinaison de l’action de l’Union Européenne et de l’OTAN puisse reproduire le succès obtenu dans le détroit de Malacca, qui a prouvé l’importance de la coopération internationale,” a indiqué Lord Levene.

Source : Lloyd’s List (Grande-Bretagne)