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Du temps de la marine à voile, lorsqu’une marine attrapait un pirate, on lui liait les mains et les pieds, et on le jetait à la mer. Il pouvait être aussi pendu.
Mais les temps ont changé.
Le capitaine de vaisseau Andres Breijo, responsable de la nouvelle cellule anti-piraterie de l’Union Européenne, ne préconise pas un retour vers le passé. Mais il comprend néanmoins les frustrations des marines européennes qui doivent faire face au fléau de la piraterie d’aujourd’hui.
“Désormais, il y a les droits de l’homme,” explique-t-il, ajoutant qu’il comprenait parfaitement la décision prise le mois dernier par la marine danoise de laisser simplement partir des pirates capturés. “Que peut-on faire ?” demande-t-il, “ils n’appartiennent à aucune nation.” La Somalie, où la piraterie est la plus grave, est après tout un “état défaillant.”
Les marines européennes renforcent leur présence dans le golfe d’Aden pour réduire la menace que représente la piraterie, mais ils seront limités dans leurs actions par des règles d’engagement précises. C’est comme “jouer avec un certain ensemble de cartes,” explique le capitaine de la marine espagnole, qui a passé 3 ans au quartie-général de l’OTAN.
“De l’autre côté, les pirates n’ont pas de cartes, ils ne jouent pas au jeu.”
Les règles d’engagement sont des choses pointues et les marines, c’est compréhensible, ne veulent pas en parler. Chaque état-membre de l’Union publie son propre jeu de règles, indique le capitaine de vaisseau Breijo, bien qu’il y ait des points communs.
D’abord, les conventions internationales précisent qu’un bâtiment de guerre a l’obligation de venir à l’aide d’un navire de commerce en détresse. “Ils ne peuvent pas tout simplement éteindre la radio,” explique-t-il.
Ensuite, lorsque la marine va intervenir pour empêcher une attaque de pirates d’avoir lieu, il y a fort à parier que, si le navire de commerce a déjà été détourné, il ne se passera plus rien.
“Ici, à la cellule de l’Union Européenne, nous prenons des mesures préventives,” explique le capitaine de vaisseau Breijo. “Tout ce qui se passe après qu’un navire ait été attaqué est un problème national.”
Même si le bâtiment de guerre est espagnol et que le navire détourné arbore le pavillon espagnol, aucun commandant de bâtiment de guerre ne reprendra le contrôle d’un navire attaqué sans la permission de Madrid, souligne le capitaine Breijo.
Malgré la résolution 1816 des Nations Unies qui autorise l’utilisation de la force par les puissances étrangères dans les eaux territoriales somaliennes, l’autorisation de l’état du pavillon, dans de nombreux cas un état non-européen, sera nécessaire. Ce délai permet souvent aux pirates de s’échapper.
Les règles d’engagement politiquement correctes d’aujourd’hui signifient que, généralement, les pirates ont peu de chances d’être punis, même s’ils sont arrêtés.
La seule exception remarquable à cette tendance est la marine nationale française, qui a déjà arrêté 2 groupes de pirates et les a transférés à Paris pour y être jugés. D’autres forces militaires opèrent selon des règles moins prévues à l’avance.
Outre le cas danois, la Royal Navy aurait l’ordre de ne pas ramener de pirates en Grande-Bretagne par crainte qu’ils ne demandent l’asile. La marine allemande aurait reçu l’ordre d’intervenir mais de ne pas poursuivre les pirates s’ils arrêtent de tirer et s’éloignent.
Il y a cependant un espoir, indique le capitaine Breijo. Que la seule présence d’un bâtiment de guerre soit suffisante pour faire peur à la plupart des pirates.
Source : Lloyd List (Grande Bretagne)