Firefox relance la guerre des navigateurs Internet

  • Dernière mise à jour le 20 décembre 2004.

La sortie officelle, le 9 novembre prochain, du navigateur internet Firefox dans sa version 1.0 risque de faire date. Et pas seulement parce que la campagne marketing de 250.000 dollars qui va l’accompagner a été financée entièrement par des dons. Déjàtéléchargées à7 millions d’exemplaires, les pré-versions ont en effet conquis un public de fans chez les internautes avertis. Il va maintenant partir àla conquête du grand public. Autrement dit, il déclare la guerre àInternet Explorer, utilisé par plus de 95% des surfeurs.

Paradoxalement, cette archidomination est peut-être à l’origine de la première faiblesse du produit de Microsoft. Depuis le lancement d’Internet Explorer 6.0, en décembre 2001, il n’a pas fondamentalement évolué. « En fait, il y a eu très peu d’innovations dans ce secteur depuis que Microsoft Internet Explorer a surpassé Netscape en 1998 », affirmait le mois dernier Marc Andreessen, l’un des co-fondateurs de Netscape. La nouvelle concurrence de Firefox ne semble pourtant pas encore inquiéter l’entreprise de Redmond qui ne prévoit pas de mise à jour de son navigateur avant la sortie de Windows Longhorn, prévue en 2006. Une attitude nonchalante qui rappelle celle de Netscape, d’il y a dix ans... quand la start-up de Mountain Vieux détenait 100% de ce nouveau marché.

Après plusieurs années de développement par un groupe de programmeurs bénévoles réunis autour de la fondation Mozilla, créée sur les décombres de Netscape, justement, Firefox se présente aujourd’hui comme une alternative solide au navigateur de Microsoft. Le navigateur gratuit est en effet plus léger, plus rapide et surtout plus sûr que son rival, qui souffre de la multiplication des failles de sécurité. Et ce malgré la sortie en grande pompe cet automne de Windows Service Pack 2. La vulnérabilité d’Explorer, dénoncée par plusieurs acteurs publics ou privés de la sécurité Internet, est d’ailleurs un des premiers arguments de "vente" de Firefox.

Mais celui-ci se montre aussi réellement innovant avec sa navigation par onglet qui évite de charger en mémoire une copie du logiciel par site Internet visité, comme c’est le cas avec Internet Explorer. La supériorité fonctionnelle de Firefox est ainsi en grande partie responsable de sa popularité croissante. En octobre dernier, les différents navigateurs de la fondation Mozilla ont dépassé en cumulé la barre des 6%, selon le cabinet d’études WebSideStory. Et l’ambitieux Firefox vise seul les 10% d’ici la fin 2005.

Une porte a donc été ouverte qui profite à d’autres navigateurs alternatifs comme Safari d’Apple et le norvégien Opera. « La sortie de Firefox est une bonne chose pour Opera, car elle montre au grand public qu’il existe de meilleurs navigateurs qu’Internet Explorer. Cet été, nos ventes ont été multipliées par trois à la suite d’une importante couverture médiatique autour de Firefox », reconnaît Eskil Siversen, porte-parole chez Opera. Le navigateur nordique est aujourd’hui livré en standard dans de nombreux téléphones mobiles et agendas de poche, y compris ceux de Microsoft.

Pour le géant de Redmond, le succès de Firefox est d’autant plus à méditer qu’il est aussi celui d’un modèle : le logiciel libre. Modèle qu’il n’arrive pas à éradiquer. Déjà attaqué par le pingouin Linux, le voilà harcelé par un renard. Le marché du logiciel commence à ressembler à une vraie ménagerie...

Jean-Baptiste Su dans la Silicon Valley

Source : L’expansion