Libération des otages du Ponant : l’échec d’un mode de (non-)communication

  • Dernière mise à jour le 12 avril 2008.

La libération des otages du Ponant, et surtout l’arrestation de 6 pirates, sans effusion de sang et en utilisant la force minimale doit être saluée comme elle le mérite. Outre les articles de la presse française, les blogs spécialisés dans la chose maritime, en particulier américains, commentent àl’envi, l’intervention des commandos marine.

Toutefois, il est regrettable qu’un certain nombre d’erreurs aient été commises dans la communication sur cette action.

Je ne vais pas revenir sur celles commises par les journalistes qui utilisent le terme d’“armée” au lieu de marine (certes, des matériels et des personnels d’autres armées sont bien intervenus. Mais il semble bien que l’opération se soit déroulée sous le commandement d’un amiral.) ou qui ne savent pas prononcer correctement le nom d’un navire (“Jean Barte” dans le 20 heures de TF1 !), ni sur l’écart entre l’annonce de la libération et celle de l’arrestation des pirates.

Le véritable manque dans une telle opération est que, semble-t-il, aucune image ou vidéo n’a été prise pendant l’intervention des commandos et l’arrestation des pirates. Certains l’expliquent par la volonté de garder secrètes les techniques d’action de nos commandos. Peut-être.

Cela n’empêche pas de prendre des images et de les flouter au cas où elles devraient être rendus publiques. Car le véritable intérêt de ces images ou de ces films n’est pas d’informer le public au sens journaliste ou de se faire de la publicité (quoi que cela puisse aussi servir à cela), mais de démentir immédiatement les inévitables rumeurs lancées par certains, ce qui n’a pas manqué vendredi.

Profitant du silence des autorités françaises pendant 5 longues heures, un gouverneur somalien a accusé les commandos de s’être comporté comme ... l’image qu’on a d’eux et d’avoir tiré dans le tas. Bilan selon lui : 3 morts et 8 blessés graves parmi la population civile.

Avec des images ou un film, même flouté pour protéger les particularités de l’action des commandos qu’on veut garder secrètes, il aurait été facile de démentir des tirs aveugles et des victimes civiles de l’intervention, sans laisser la place à la polémique.

Je souhaiterai souligner une information parue dans une dépêche de Reuters que je n’ai pas vue en français : il semblerait que “Un amiral français a aussi été parachuté en mer et récupéré par les bâtiments français pour aider à conduire l’opération.” J’essayerai lundi d’avoir confirmation.