Lundi 24 mars 2008, 9H45, le Borda est au poste de (…)
Le groupe amphibie de la Marine nationale, composé du (…)
Il y a quelques années, l’écart entre l’effectif autorisé de la marine nationale et celui réalisé était important. En conséquence, il n’était pas rare de voir naviguer des navires sans disposer de leur équipage complet et au moins un équipage de SNA avait été dissous.
Officiellement, depuis la création d’une prime, la situation s’est globalement améliorée puisque, en 2006, 76% des marins ont renouvelé leur contrat à son échéance (source : Sénat : rapport sur le projet de loi de finances pour 2008). C’est le plus fort taux des 3 armées.
En y regardant de plus près, on apprend toutefois dans le même rapport que 4,8% rompent leur contrat avant son échéance. Ces départs sont qualifiés de "préoccupants" : ils concernent des marins qui partent avant que la marine n’ait pleinement "amorti" les investissements en formation.
Dès le début de la carrière, des mesures sont prises pour éviter des départs intempestifs.
Dans les écoles de spécialité, les élèves dont le niveau est insuffisant ne sont plus rendus à la vie civile : les instructeurs remontent les notes. Et si cela n’est toujours suffisant, l’élève est reporté de session. En juin dernier, l’un d’entre eux suivait le même cours pour la 3è fois, sans amélioration notable semble-t-il.
Dans son rapport, le Sénat notait que “compte tenu des évolutions de la société, le passage de l’état civil à l’état militaire soit plus long et plus compliqué. La qualité de la formation est donc décisive.” Or, la réduction de la durée et du niveau des cours avec les nouveaux types de contrat proposés depuis le début de l’année laisse plus présager l’arrivée en unités de marins dont une partie importante de la formation reste à faire. Confiée à des marins non spécialisés, elle pourrait conduire à l’apprentissage de méthodes de travail erronées.
La discipline a aussi été assouplie. L’objectif est d’adoucir la transition entre la vie civile et le monde militaire. La plupart du temps, les fautes signalées par les instructeurs ne sont pas sanctionnées par la hiérarchie. Mieux, dans certains cas, cette dernière propose une prolongation de la période probatoire.
Plus tard, arrivé en unité, le jeune marin se retrouve face à un univers auquel rien ne l’a préparé, même pas la période passée à l’école. Il y a un écart considérable entre la vie qu’ils connaissaient avant de s’engager et celle qu’ils vont connaître à bord des bâtiments de la marine nationale. Les jeunes recrutés actuellement ont grandi dans l’ère des 35 heures et des loisirs à gogo. Il leur est donc difficile de s’adapter à une vie où on travaille parfois samedi, dimanche et jours fériés, de jour comme de nuit. Certains n’ont pas quitté leur lieu de naissance ou leur famille plus de 24 heures.
Le résultat est que certains bâtiments, même aujourd’hui, ne naviguent pas avec leur effectif complet. Lorsque la frégate Lamotte-Picquet a appareillé l’été dernier pour une mission en océan Indien, il a fallu aller jusqu’à Brest pour trouver des marins pour "boucher" certains trous.
Pour tenter de fidéliser le personnel, la marine attribue des primes dans les spécialités les plus critiques. Selon les dernières informations, les atomiciens font toujours partie des spécialités critiques.
Une autre mesure consiste, dès la construction, à réduire la taille de l’équipage. Je reviendrai dans une autre chronique sur les conséquences de cette réduction. L’exemple parfait est illustré par la comparaison de l’équipage d’une frégate ASM (comme le Primauguet : 240) avec celui d’une frégate FREMM (100 à 120) qui va la remplacer.