Les Chinois construisent 5 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins

  • Dernière mise à jour le 26 mai 2007.

La Chine a surpris le Pentagone par le rythme de développement d’une nouvelle classe de sous-marins qui menace l’équilibre nucléaire en donnant àPékin une dissuasion nucléaire plus robuste.

Selon le rapport 2007 du Pentagone sur la puissance militaire Chinoise – dont les détails ont été obtenus par le Financial Times – la Marine Chinoise développe une flotte de 5 SNLE. Les sous-marins de la classe Jin donneraient une dissuasion plus forte parce qu’ils seraient armés du nouveau missile à longue portée JL-2.

L’an dernier, le Pentagone avait montré son inquiétude sur le possible développement de la classe Jin. Mais un haut responsable Américain a déclaré que les Etats-Unis avaient été surpris par son "rythme très rapide" de développement.

"Quand ils développent 5 sous-marins comme cela, ils font une déclaration," a indiqué le responsable US. "Les premiers efforts de la Chine pour développer une force de SNLE n’étaient pas très sérieux, mais la prochaine génération sera probablement très sérieuse... La Chine diversifie sa capacité de missiles ballistiques [pour disposer] d’une capacité régionale plus sophistiquée et d’une force dotée de plus de survie."

La Chine indique qu’elle est engagée dans une "augmentation pacifique". Mais certains responsables Américains et des experts militaires de la Chine indiquent que le sous-marin pourrait modifier l’équilibre nucléaire stratégique.

"Si la Chine met effectivement ces systèmes en place au niveau indiqué à la fois en mer et sur terre, elle disposera désormais d’une capacité de seconde frappe robuste," a déclaré Lyle Goldstein, directeur de l’Institut d’études maritimes de la Chine au US Naval War College. "Ce qui était auparavant gris devient désormais clair. La Chine veut maintenant effectuvement mener une guerre nucléaire."

Mike Pillsbury, un consultant du Pentagone pour l’armée Chinoise, estime que les Chinois font une erreur de calcul en déployant le Jin.

"Le Président Hu Jintao évalue probablement mal l’effet que les nouveaux déploiements de ses dirigeants militaires auront sur les Etats-Unis," a-t-il indiqué. "Ces décisions Chinoises vont dans le sens des tenants de la ligne dure et poussent les Etats-Unis vers les scénarios "le pire des cas". Les Chinois ont un proverbe approprié : ’Ne prenez pas une pierre pour la laisser tomber sur vos propres pieds.’ Le Président Hu doit réduire ce développement et abandonner une course aux armements d’un style ’Guerre Froide’."

La Chine a développé une première génération de SNLE (la classe Xia) dans les années 80 mais il a rarement quitté le port et il avait des capacités limités, en partie à cause de la portée limitée de ses missiles. Mais la mise en service de la classe Jin (Type 094) marque une nouvelle ère pour les forces nucléaires stratégiques de la Chine.

Les stratèges militaires Chinois ont, pendant des années, été profondément inquiets que leurs forces nucléaires relativement modestes, qui n’ont seulement que 400 têtes nucléaires selon les estimations contre les 10.000 déployées par les Etats-Unis, puissent être vulnérables à une première frappe nucléaire ou conventionnelle.

Une telle inquiétude a été alimentée par l’expansion rapide de la capacité américaine de surveiller et de détruire des sites de lancement même très éloignés. Comme la Russie, la Chine s’inquiète de la décision Américaine de développer un système de défense contre les missiles ballistiques dont elle pense qu’elle pourrait contrecarrer une attaque limitée par le petit nombre de missiles Chinois, vieillisants et basés dans des silos.

Selon les renseignements navals Américains, la Chine effectue les essais d’un sous-marin de la classe Jin, qui pourrait devenir opérationnel l’an prochain. Ce déploiement pose plusieurs problèmes aux Etats-Unis.

Pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis étaient aidés dans la traque des sous-marins Soviétiques par le fait qu’ils devaient passer par des détroits étroits pour rejoindre la haute mer. Mais la Chine construit une base navale sur l’île de Hainan, qui donnerait à ses sous-marins un passage plus facile et les rendrait plus difficile à traquer et à cibler.

Le Pentagone est aussi inquiet des questions de "commandement et de contrôle", comme la prévention des lancements accidentels ou voyoux.

"Lorsque vous étudiez les systèmes de commandement et de contrôle Chinois basés à terre, ils sont très stricts. Nous n’avons jamais été inquiets de la possibilité de lancements accidentels," a indiqué le responsable Américain.

Le ministre Chinois de la défense a refusé jeudi de faire des commentaires sur sa stratégie nucléaire mais des analystes locaux indiquent que l’augmentation des capacités Américaines avait rendu inévitable le développement de la dissuasion Chinoise. Alors que la portée accrue des nouveaux missiles basés en mer aura probablement un impact psychologique sur Washington, les analystes Chinois indiquent que la supériorité écrasante des forces Américaines signifient que les craintes que Pékin puisse abandonner sa politique officielle de "ne pas frapper en premier" sont sans fondement.

Michael Green, ancien conseiller pour l’Asie du Président George W. Bush, a indiqué qu’il "y avait quelque chose dans l’argument" que la Chine répondait simplement aux capacités nucléaires Américaines. Mais il a déclaré que les Chinois étaient plus inquiets par les capacités de furtivité et les missiles de croisière Américains et que son développement naval était plus motivé par une logique politique interne.

Source : Financial Times (Grande-Bretagne)