La Chine accroit sa flotte sous-marine

  • Dernière mise à jour le 2 mars 2007.

L’armée Chinoise est engagée dans la construction de sous-marins dont 5 nouveaux sous-marins nucléaires stratégiques et plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque avancés, selon l’Office of Naval Intelligence.

SNLE chinois de classe Jin
Image sinodefence.com

Les nouveaux sous-marins nucléaires lance-missiles (SNLE), identifiés comme le Type 094, seront équipés avec de nouveaux missiles JL-2 d’une portée de 8.000 km qui "permettront à la Chine de disposer d’une force de dissuasion nucléaire basée en mer moderne et robuste," a déclaré l’Office of Naval Intelligence [1] (ONI) dans un rapport constitué de réponses écrites à des questions sur le renforcement sous-marin Chinois.

Le rapport de l’ONI a été d’abord dévoilé au magazine Sea Power, et The Washington Times en a obtenu une copie. C’est la première fois que le Pentagone a identifié le nombre de nouveaux sous-marins stratégiques Chinois en construction.

Les 5 nouveaux SNLE vont "fournir une plus grande redondance et une plus grande capacité pour une présence en mer de SNLE presque permanente," indique l’ONI, en soulignant que les essais à la mer de certains des sous-marins sont en cours et que les premiers déploiements pourraient commencer dès l’an prochain.

Le renforcement soulève de nouvelles inquiétudes parmi les plannificateurs du Pentagone, déjà rendus inquiets par le renforcement général des forces nucléaires stratégiques de Pékin, lequel comprend aussi plusieurs nouveaux missiles nucléaires basés à terre et un missile de croisière destiné à des attaques contre des objectifs terrestres similaire au Tomahawk.

"C’est un développement troublant," a déclaré Richard Fisher, un spécialiste de l’armée Chinoise au centre privé International Assessment and Strategy Center.

Les 5 sous-marins lance-missiles, équipés chacun de 12 missiles JL-2, montrent que la Chine travaille à atteindre une force de 120 missiles à longue portée sur la prochaine décennie, dont environ la moitié serait embarquée sur les sous-marins, indique M. Fisher. L’autre moitié serait constituée par les 60 missiles DF-31 dont le rythme actuel de déploiement donnera ce nombre à la Chine, indique-t-il.

Les 120 missiles pourraient aussi disposer de têtes multiples, puisqu’on sait que la Chine a acquis toute la technologie nécessaire aux Etats-Unis durant les années 90.

Le vice-amiral en retraite Michael McConnell, s’exprimant mardi dernier lors d’une audition du Senate Armed Services Committee, a déclaré que les missiles nucléaires de la Chine constituaient une menace.

"A mon avis, le problème est qu’ils renforcent leur armée pour atteindre un certain niveau de parité avec les Etats-Unis," a déclaré M. McConnell, le nouveau directeur national du renseignement. "Donc ils sont une menace aujourd’hui, avec le temps, ils deviendraient une menace croissante."

On sait peu de choses sur les forces nucléaires de la Chine et les efforts des responsables du Pentagone pour discuter avec les dirigeants militaires Chinois à propos de leurs armes stratégiques et de leurs forces n’ont pas été couronnés de succès. Le gouvernement Chinois insiste que sa modernisation actuelle fait partie d’un développement pacifique, mais le renforcement des forces nucléaires stratégiques est inquiétant, ont indiqué des responsables de la défense.

Le général Chinois Zhu Chenghu avait déclaré en 2005 à des journalistes que la Chine attaquerait des villes américaines avec des armes nucléaires en réponse à toute frappe de missiles américains conventionnels contre la Chine au cours d’un conflit au sujet de Taïwan. Des années plus tôt, le général Xiong Guangkai a menacé d’utiliser des armes nucléaires contre Los Angeles si les Etats-Unis aidaient Taïwan à se défendre contre une invasion Chinoise de l’île.

Le SNLE chinois de classe Xia
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Le renforcement des sous-marins lance-missiles donnerait à Pékin une amélioration importante par rapport à ses capacités actuelles. En 1983, la Chine a construit un SNLE de la classe Xia, dont on pense qu’il est équipé de 12 missiles JL-1 d’une portée de 1.600 km. Mais ce sous-marin solitaire n’a testé le lancement de ses missiles que 2 fois et ne s’est jamais aventuré au-delà des eaux régionales Chinoises.

"Bien que la portée du JL-1 limite l’utilité du Xia comme plateforme de dissuasion, des cibles de la région, y compris des installations militaires américaines, pourraient être visées par le JL-1 depuis des points de lancement situés dans les zones d’opération traditionnelles de la Marine Chinoise," indique l’ONI.

Un SNA Chinois de la classe Shang
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Sur le nouveau sous-marin d’attaque Chinois, l’ONI écrit que la Chine l’a déjà lancé et qu’un nombre non précisé de SNA Type 093 effectuent des essais à la mer. Des articles publiés en Chine ont rapporté que 2 sous-marins d’attaque Type 093 étaient déployés et qu’ils utilisaient des "technologies d’origine étrangère", des missiles anti-navires avancés et des torpilles.

Les nouvelles avancées font partie des efforts de la Chine pour renforcer ses armes anti-navires en vue de permettre des frappes à des distances plus importantes de la côte Chinoise que ce que permet la force actuelle de sous-marins à propulsion diesel, indique l’ONI. La Chine remplace actuellement sa force d’environ 55 sous-marins d’attaque — la plupart sont des sous-marins classiques faciles à détecter — par des navires plus modernes et plus difficiles à détecter, dont des Kilo de construction Russe, et ses propres sous-marins des classes Song et Yuan.

"Chacune de ces classes de sous-marin, qui sont des plateformes silencieuses équipées de missiles de croisière anti-navires, forme une partie intégrale de la stratégie d’interdiction régionale de la Chine," indique l’ONI. "La réduction du bruit de ces sous-marins est indispensable pour des opérations réussies en haute mer. Elle pourrait faciliter la mission en temps de guerre de la [Marine Chinoise] qui est de tenir les combattants ennemis hors de portée du théatre d’opération."

Un sous-marin de la classe Song
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En octobre dernier, un sous-marin de la classe Song a fait surface sans être détecté à moins de 5 milles, largement à portée de tir, du porte-avions USS Kitty Hawk.

L’ONI écrit que la stratégie maritime Chinoise est concentrée sur le blocage d’une intervention américaine ou japonaise dans un futur conflit au sujet de Taïwan. A cette fin, Pékin a commencé à équiper ses missiles ballistiques à courte et moyenne portée basés à terre, dont des centaines sont déployés de l’autre côté du détroit de Formose de l’île que le régime communiste considère comme une province rebelle, avec des têtes manoeuvrantes.

Ces armes, à guidage radar ou thermique, "fournissent la précision nécessaire pour attaquer un navire en mer," indique l’ONI.

Mais la montée de la Chine dans le commerce international, plus sa dépendance croissante vis-à-vis du pétrole importé, a aussi élargi la stratégie maritime de Pékin d’une force principalement sous-marine à la construction de navires de surface afin de "défendre les lignes de communication maritimes", parce que protéger une côte avec des sous-marins est difficile.

L’ONI indique aussi que, en plus de nouveaux destroyers, "d’ici 2020, la Chine disposera probablement d’un porte-avions, dont la première unité pourrait être l’ex-Varyag remis en état, acheté à l’Ukraine en 2000, pour améliorer la protection des lignes de communication maritimes."

Notes :

[1Bureau du Renseignement Naval.

Source : The Washington Times