L’Inde n’a pas acheté de torpilles pour ses sous-marins Scorpène

  • Dernière mise à jour le 15 mai 2014.

Après un retard de 3 ans dans la construction des sous-marins Scorpène, la marine indienne fait face à une perspective encore plus inquiétante que la diminution du nombre de ses sous-marins : les nouveaux Scorpène seront mis en service à partir de 2016, mais ils ne seront pas équipés de leur principal armement : des torpilles lourdes.

Les sous-marins Scorpène peuvent embarquer 2 types d’armes :
 des missiles visant des navires et des cibles à terre,
 des torpilles pour couler les navires et les sous-marins ennemis.

Les missiles peuvent être interceptés par des systèmes anti-missiles, et ils infligent moins de dégâts. Les torpilles sont plus difficiles à intercepter et elles percent des trous dans la coque sous la ligne de flottaison, qui peuvent rapidement inonder leur cible, les coulant.

Inexplicablement, le ministère indien de la défense n’a pas acheté de torpilles pour armer les sous-marins Scorpène dans le contrat signé en 2005. Ce n’est qu’en 2008, après un nouvel appel d’offres que la compagnie italienne WASS a été retenue pour fournir la torpille Black Shark qui avait été spécialement conçue pour le Scorpène. En 2011, un prix a été convenu : environ 300 millions $ pour 98 torpilles. Pourtant, à ce jour, le contrat n’a toujours pas été signé.

Par conséquent, lorsque le premier Scorpène sera mis en service en 2016, il ne sera armé que du missile Exocet. S’il devait être opposé à des sous-marins pakistanais, les Agosta-90B, le Scorpène aura des tubes lance-torpilles vides. Même si le gouvernement indien signait rapidement le contrat, il est improbable que la livraison puisse intervenir avant 2017.

Le ministère indien de la défense a refusé de répondre aux questions.

Un haut-responsable de la marine indienne se lamente que le ministère de la défense n’assume pas ses responsabilités, au contraire de l’ancien chef de la marine, l’amiral D K Joshi, qui a démissionné à la suite des derniers accidents. Selon cet officier, « si un militaire était responsable de ce qu’un bâtiment était mis en service sans son armement principal, il sera accusé de “manquement au devoir”. »

Le retard dans la signature du contrat des torpilles est la conséquence d’accusations que la compagnie WASS l’avait remporté de façon inéquitable, une tactique courante utilisée par les compagnies dont le produit n’a pas été retenu, pour retarder le contrat le temps que le ministère ordonne une enquête.

Le ministre de la défense, A K Antony, a effectivement saisi la Commission Centrale de Vigilance, qui n’a trouvé aucun signe de malversation. Pourtant, le ministère continue de bloquer la signature.

Source : Business Standard (Inde)