Les Allemands de HDW cherchent à couler les Suédois de Kockums

  • Dernière mise à jour le 4 novembre 2013.

L’avenir du constructeur suédois de sous-marins, Kockums, est incertain. D’importants contrats à l’exportation sont en danger grâce à une campagne de lutte interne lancée par la maison-mère allemande, destinée à couler la compagnie suédoise.

« Le rachat de Kockums n’était pas destiné à consolider l’industrie de construction navale et à créer des synergies, mais bien à se débarrasser d’un concurrent, » a expliqué une source allemande ayant une connaissance directe de la situation.

Kockums et ses prédécesseurs construisent des navires pour la marine suédoise depuis des siècles au chantier de Karlskrona.

En 2005, Kockums est racheté par le conglomérat allemand ThyssenKrupp, qui est désormais rebaptisé ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), une compagnie qui possède aussi le constructeur allemand de sous-marins HDW, un concurrent direct de Kockums.

Selon un consultant allemand ayant des liens avec TKMS, ThyssenKrupp essaie effectivement de saboter les tentatives d’exportation de Kockums pour avantager HDW, une stratégie qu’il appelle « TKMS über alles ».

Les tentatives allemandes de couler l’industrie suédoise sont apparues au grand jour en 2011, lorsque le PDG de TKMS, Hans Christoph Atzpodien, a refusé que Kockums puisse participer à un appel d’offres lancé par Singapour pour construire 2 nouveaux sous-marins, malgré les relations très anciennes de la compagnie avec ce pays.

Au début de cette année, la firme allemande a décidé que sa filiale suédoise changerait de nom pour ThyssenKrupp Marine Systems, abandonnant la marque Kockums, utilisée depuis le début du 19è siècle.

Puis en aout, lors d’une réunion avec l’agence de défense de Singapour, Atzpodien a annoncé que Kockums « ne pouvait plus concevoir et construire des sous-marins », selon la source.

« Une guerre sanglante a lieu entre Kockums et TKMS, » explique-t-il, ajoutant que le contrat avec Singapour a exacerbé la situation.

Parmi d’autres choses, Atzpodien a rejeté les projets de Kockums pour concevoir une nouvelle classe de sous-marins, le A26, prétendant que la compagnie suédoise n’avait pas assez d’ingénieurs pour terminer le projet, et qu’il était certain que le projet serait touché par des retards et des dépassements de budget.

« Atzpodien a systématiquement éjecté Kockums des discutions et a empêché Kockums d’obtenir le contrat avec Singapour, » a expliqué la source.

TKMS a aussi fortement réduit les chances de Kockums de remporter de nouveaux contrats en Australie, un autre pays où le constructeur suédois est fortement présent, avec la construction des 6 sous-marins de la classe Collins dans les années 90.

Mais Kockums a été laissé de côté dans un appel à proposition lancé par l’Australie pour remplacer les Collins par une solution sur étagère, pendant que HDW était l’une des 3 compagnies européennes interrogées.

Au début de cette année, l’Australie et la Suède ont bien signé un accord autorisant Kockums à participer au projet SEA 1000, qui prévoit la construction de 12 nouveaux sous-marins.

Mais dans le même temps, TKMS a racheté une compagnie australienne, Australian Marine Technologies, qui « peut réaliser le même travail que Kockums ».

« TKMS a une nouvelle fois torpillé tous les efforts de Kockums de participer à la future compétition parce qu’il a déjà créé sa propre empreinte, » indique la source.

De leurs côtés, le gouvernement suédois et l’agence suédoise d’achat de matériel, le Defence Materiel Administration (FMV), sont conscients de la situation et en sont très mécontents. A tel point qu’ils ont demandé à Saab d’examiner la possibilité de racheter Kockums, indique une source suédoise.

« Des discussions se déroulent en ce moment même, » selon la source qui confirme que TKMS essaie d’étrangler l’industrie suédoise de construction de sous-marins.

« La seule raison pour laquelle TKMS a racheté Kockums est de les empêcher d’exporter, » explique la source suédoise, ajoutant que la compagnie suédoise « ne pourrait exister » sans contrats à l’exportation.

Source : The Local (Suède)