La marine nationale cherche un soutien pour la construction de nouveaux patrouilleurs

  • Dernière mise à jour le 22 octobre 2012.

La marine nationale espère que la prise de confiance renforcée de l’importance de la mer dans l’économie et la politique mondiales, lui permettra de réunir les soutiens nécessaires à l’achat d’une nouvelle génération de patrouilleurs de haute-mer, alors même que la situation financière s’assombrit.

« La France dispose du 2è plus grand domaine maritime au monde, après les Etats-Unis, et cela entraîne des obligations et des devoirs, » explique l’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la marine.

« C’est l’un des défis du programme de patrouilleurs de haute-mer. Aujourd’hui, il est difficile de définir les priorités, mais nous au milieu du renouvellement de la flotte française. »

La marine veut que ces nouveaux patrouilleurs entrent en service en 2017 afin de remplacer une flotte vieillissante de quelques 20 bâtiments de types divers : frégates de surveillance, patrouilleurs et navires de surveillance des pêches, indique l’amiral Rogel.

En attendant, la marine a obtenu un budget initial de 554 millions € pour “boucher les trous”, à savoir 8 bâtiments de soutien océanique dans le cadre du projet de “bâtiment multi-missions”. La marine recevra aussi en 2013 317 millions € pour moderniser ses avions de patrouille maritime Atlantique 2.

A court terme, le programme de modernisation de la marine nationale prévoit la commande de 11 frégates multi-missions FREMM et de 6 sous-marins d’attaque Barracuda.

Le projet de patrouilleurs de haute-mer va à contre-courant de la tendance budgétaire, qui devrait toucher la défense, puisque le président François Hollande promet de réduire le déficit budgétaire en 2013 à 3% du PIB, contre 4,5% estimé cette année.

Le 28 septembre dernier, le président a annoncé un budget 2013 d’austérité, considéré généralement comme le plus dur depuis des décennies, avec 20 milliards € en augmentations d’impôts et 10 milliards de réductions de dépenses.

Le budget de la défense 2013 s’élève à 31,4 milliards €, le même montant que cette année.

Le montant de 554 millions € pour les 8 bâtiments de soutien océanique constitue une avance, pas le budget total, a précisé un porte-parole de la marine.

Ces nouveaux navires seront des navires de soutien armés par un équipage civil et effectueront des missions de sécurité en mer. Ils seront financés sur une base inter-ministérielle — 80% pour la défense, le reste venant d’autres ministères, a indiqué l’amiral Rogel.

Les bâtiments de soutien océanique, qui doivent entrer en service en 2015, soutiendront un groupe de porte-avions ou un sous-marin et effectueront des missions comme la dépollution, la plongée et le remorquage. Sur les 8, 4 auront un statut militaire, pour les autres, la décision n’est pas encore prise, a indiqué le porte-parole.

Les navires vont permettre de maintenir les capacités opérationnelles et d’attendre l’arrivée prévue des nouveaux patrouilleurs de haute-mer, qui doivent remplacer la flotte disparate de P400, d’avisos A69 et d’autres bâtiments.

Un seul type de bâtiments multi-rôles devrait permettre de réduire les couts de formation et d’entretien, souligne l’amiral Rogel.

« L’idée est d’avoir une série nombreuse. Si vous n’avez pas une série nombreuse, cela coute cher en formation des équipage et pour la maintenance, » explique-t-il.

L’achat des patrouilleurs multi-missions — un projet baptisé Batsimar : bâtiment de surveillance et d’intervention maritime — est jugé nécessaire pour accomplir les missions de souveraineté dans outre-mer. Cette mission comprend la surveillance, le contrôle de la navigation, la lutte contre les trafics, en particulier de drogue, et la protection des installations pétrolières au large de la Guyane.

DCNS a construit l’Adroit et l’a mis gratuitement à disposition de la marine afin qu’elle le teste pendant 3 ans, espérant ainsi répondre aux besoins pour le nouveau patrouilleur de haute-mer.

Le budget de l’an prochain prévoit 1,7 million € pour les études des nouveaux bâtiments de soutien océanique et 4 millions pour les études du nouveau patrouilleur de haute-mer, a indiqué le porte-parole de la marine. Aucun budget n’est disponible pour les études de faisabilité pour remplacer 4 pétroliers-ravitailleurs.

En terme de budget, la marine est en compétition avec les armées de terre et de l’air, qui ont elles-aussi des projets de modernisation qu’elles considèrent comme indispensables pour maintenir leurs capacités.

« Il n’est pas possible de financer les demandes de modernisation des 3 armées, » explique Etienne de Durand, directeur des études de sécurité à l’Institut de Relations Français Internationales.

Les dépenses de défense seront réduire dans le cadre des mesures d’austérité. « Ils n’ont pas une grande marge de manœuvre » pour amortir les réductions budgétaires, souligne-t-il.

La question est de savoir si les réductions seront à court ou à long terme. « Si c’est 10 ans, la France ne sera plus un joueur dans le domaine de la défense, » craint-il.

Le livre blanc de la défense va remettre à jour les objectifs stratégiques et donner le cap pour la loi de programmation militaire 2014-2019.

Source : Defense News (Etats-Unis)