Les relations se tendent entre l’Inde et la Russie

  • Dernière mise à jour le 31 mai 2011.

Sans aucun avertissement, la Russie a annulé la série d’exercices militaires Indra avec l’Inde, qui devaient avoir lieu le mois dernier.

Le mois dernier, 5 bâtiments de la flotte orientale de la marine indienne se sont rendus à Vladivostok, dans l’Extrême Orient russe, pour participer à des exercices communs, organisés dans le cadre de la série Indra. Mais au bout de quelques jours, les bâtiments ont fait demi-tour sans participer à aucun exercice.

Les bâtiments, parmi lesquels se trouvaient les destroyers lance-missiles INS Delhi, INS Ranvir et INS Ranvijay, ont été accueillis chaleureusement par la marine russe. Mais lorsque celle-ci a été interrogée sur les exercices, elle a répondu qu’elle n’avait pas de bâtiments disponibles. A la demande de la marine indienne, un exercice d’état-major, une simulation organisée à terre pour sauver la face, a été mis sur pied dans l’urgence.

Ce qui a surpris et contrarié les officiers indiens, c’est que quelques heures plus tard, des bâtiments russes ont appareillé pour un exercice purement national. L’exercice annulé était étouffé alors même que les bâtiments retournaient à Visakhapatnam.

Le ministère indien de la défense, passablement perturbé, était à la recherche de réponses, lorsqu’il a encore été rembarré.

La semaine dernière, la Russie a informé le ministère indien de la défense qu’elle avait annulé un exercice prévu avec l’armée de terre indienne en Russie en juin. Officiellement, l’Inde n’aurait pas informé Moscou à l’avance des exercices de l’armée.

Selon Petr Topychkhanov du Carnegie Moscow Centre, l’annulation des exercices ne serait pas le reflet d’un changement dans les relations de la Russie avec l’Inde. Elles pourraient être la conséquence des reformes de l’armée en Russie.

Depuis 2003, l’Inde et la Russie ont effectué 5 exercices entre les armées ou les marines de 2 pays. En revanche, l’Inde a effectué plus de 60 exercices avec les Etats-Unis durant la même période. Des responsables indiens admettent que les exercices avec la Russie sont principalement symboliques, mais qu’ils sont un important baromètre de la santé des liens entre les 2 pays.

Le ministre indien de la défense, A.K. Antony, explique que la proximité de New Delhi avec Washington ne se fera pas au prix des liens avec Moscou. En réalité, cependant, ces liens commencent à se distendre.

La Russie a été surprise d’avoir été écartée du contrat de 10 milliards $ pour des chasseurs de combat. L’armée de l’air a retenu des constructeurs européens, écartant russes et américains. Pour Topychkhanov, il n’est pas impossible que les exercices aient été annulés comme mesure de rétorsion par des Russes vexés.

Les relations Inde - Russie ont souffert ces dernières années du glissement dans le calendrier de la modernisation du porte-avions Admiral Gorshkov. La modernisation a 4 ans de retard et le coût a doublé.

Les échéances ont aussi été dépassées dans la livraison d’un sous-marin nucléaire de la classe Akula-II. La livraison a glissé de plus de 3 ans. L’Inde a payé 670 millions $ pour terminé le sous-marin selon un contrat signé en 2003.

Ce mois-ci, l’équipage de 100 marins qui avaient rejoint Vladivostok pour prendre possession du sous-marin et le ramener en Inde, sont revenus les mains vides.

Aucune précision n’a été donnée sur la date de transfert du sous-marin, dont la marine indienne a désespérément besoin, à l’Inde.

Selon certaines sources, la Russie souhaiterait que l’Inde paie la fin de la construction d’un 2è sous-marin Akula inachevé, actuellement au chantier naval de Komsomolsk. La marine indienne a refusé.

Le véritable problème est la difficulté de trouver des pièces détachées pour les équipements russes achetés par les armées indiennes. Plus de la moitié des matériels des 3 armées indiennes est d’origine russe. « Il nous faut près d’un an pour obtenir les autorisations d’exportation de Russie. Cela a d’importantes conséquences sur la disponibilité des forces, » explique un responsable indien de la défense.

Une partie des impatiences de l’Inde face à ces retards, pourraient avoir débordé lors d’une rencontre entre le chef de la marine indienne, l’amiral Nirmal Verma, et son homologue russe, l’amiral Sergeevich Vysotskiy, lors d’une visite de ce dernier en Inde en janvier dernier.

Plusieurs chefs de département de la marine indienne ont exprimé leur révolte devant la délégation russe face à la mauvaise disponibilité des bâtiments, avions et sous-marins. Après la rencontre, Vysotskiy a exprimé en privé sa consternation devant cette embuscade.

Des signaux d’avertissement étaient apparus lors d’une récente rencontre commune à Moscou : les responsables russes avaient refusé de discuter des exercices. Avec le recul, cela annonçait de façon évidente la gravité du refroidissement à venir.

Source : India Today (Inde)