Un exercice de secours organisé par l’OTAN au large de (…)
Le samedi 28 mai 2011, les stagiaires de la préparation (…)
Le porte-avions Charles de Gaulle opère au large des côtes libyennes dans le cadre de l’opération de l’OTAN contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi. La BBC a obtenu un accès exclusif à bord de l’orgueil de la marine nationale.
Voici le porte-avions dont la Grande-Bretagne ne dispose plus.
Le Charles de Gaulle n’est pas seulement le navire-amiral de la marine nationale. C’est la projection de la puissance de la nation qui peut être déployée presque n’importe où dans le monde.
Nous avons rejoint le porte-avions nucléaire au large des côtes libyennes. C’est là que le Charles de Gaulle conduit des opérations militaires depuis 2 mois.
Lançant nuit et jour un flux sans fin d’avions de combat équipés de bombes. Une piste flottante à portée des forces du colonel Kadhafi.
Sa position change en fonction de la météo et des cibles. Il peut parcourir 1.000 km en 24 heures.
A bord, la première chose qui vous frappe, c’est le bruit.
Le rugissement soudain des réacteurs est suivi par le bruit sourd de la catapulte lorsque les avions sont propulsés de 0 à 250 km/h en quelques secondes.
Sur le pont, il est assourdissant. La force brute du lancement de la catapulte secoue toute la structure du porte-avions de 40.000 t.
Sous les ponts, dans 2 énormes hangars, des équipiers entretiennent une flotte de 10 Rafale et 6 Super Étendard, 24 heures sur 24.
Le porte-avions dispose aussi de 2 avions Hawkeye de surveillance — les yeux et les oreilles de avions français et de l’OTAN qui survolent la Libye.
Leurs ailes géantes ne sont dépliées que lorsqu’ils se préparent à décoller.
Il y a aussi une flotte d’hélicoptères pour transporter hommes et matériels.
Par moments, il est difficile de voir comment tout cela peut tenir dans un bâtiment d’un peu plus de 260 m de long.
Les avions sont amenés sur le pont par 2 ascenseurs géants. Des équipes au sol se pressent autour des appareils pendant qu’ils sont ravitaillés en bombes et en carburant.
Après une série de signes codifiés de la main, le signal est donné pour lancer l’avion.
Le pilote repousse sa tête en arrière, sur le siège, pour se préparer à l’impact du catapultage.
Pour ces pilotes français, le gros avantage de décoller d’un porte-avions, c’est qu’ils seront au-dessus de leurs cibles dans seulement 20 minutes.
Un des pilotes, Louis, explique que cela permet de réagir plus facilement aux développements au sol.
Les pilotes britanniques, qui décollent d’une base temporaire dans le sud de l’Italie, doivent parcourir une plus longue distance.
Encore plus dur que le décollage d’un porte-avions, c’est l’appontage.
Les pilotes n’ont que quelques secondes pour se mettre dans la bonne position afin d’attraper un des 3 câbles géants qui reposent en travers du pont, avec la crosse qui dépasse sous l’avion.
L’arrêt est brusque. Vu les contraintes et les forces en jeu, il est difficile de comprendre comment le bâtiment, l’avion et le corps du pilote sortent en un seul morceau.
La France est actuellement le seul pays européen à avoir cette capacité.
Les États-Unis, bien sûr, ont des porte-avions encore plus grands, avec des catapultes et des brins d’arrêt. Mais pour l’instant, aucun n’est déployé pour les opérations au-dessus de la Libye.
Jusqu’à l’an dernier, la Grande-Bretagne avait l’Ark Royal et sa flotte de Harrier.
L’Ark Royal a été désarmé suite à la Revue de défense. Bien que la Grande-Bretagne ait commandé 2 nouveaux porte-avions, aucun ne sera opérationnel avant 10 ans.
Le commandant du Charles de Gaulle, Jean-Philippe Rolland, explique qu’il sera « difficile » pour la Royal Navy de retrouver cette capacité.
La France a promis d’aider à la formation des équipages britanniques, mais il prévient qu’il faudra encore 5 ou 10 ans, après que les porte-avions soient construits, pour que la Grande-Bretagne retrouve complètement les compétences perdues.
Trafalgar et Nelson semblent un souvenir lointain. La présence navale de la France au large de la Libye est plus importante que celle de la Royal Navy.
Là où le Charles de Gaulle est accompagné par 3 frégates, un bâtiment de ravitaillement et un sous-marin nucléaire, la Grande-Bretagne n’a qu’un destroyer, un sous-marin et un chasseur de mines.
Le commandant Rolland explique que, pour cette opération, l’OTAN aurait idéalement besoin de 2 ou 3 porte-avions.
Mais, avec un haussement d’épaule très français, il ajoute « On fait avec ce qu’on a. »
Signe du renforcement de l’offensive de l’OTAN, la France et la Grande-Bretagne devraient avoir bientôt chacune sur place un porte-hélicoptères avec des hélicoptères d’attaque.
Lorsque je demande au commandant de la force si cela marque une nouvelle phase de la campagne, il répond que ce n’est pas encore décidé.
Mais le contre-amiral Philippe Coindreau précise que « toutes les possibilités » sont envisagées — sauf de déployer des troupes au sol.
Pour les 2.000 membres d’équipage du Charles de Gaulle, cela fait longtemps qu’ils sont en mer.
Le bâtiment venait juste de rentrer à Toulon d’une mission de 4 mois dans le golfe Persique, lorsqu’il a été envoyé au large de la Libye, avec un faible préavis.
Le moral se maintient grâce aux sacs de lettres venant des familles, ainsi que beaucoup de nourriture française.
Le porte-avions a même sa propre boulangerie à bord, préparant des croissants et des baguettes fraîches tous les matins.
Au carré des officiers subalternes, il y a du vin avec le repas du soirs, bien que les pilotes doivent maintenir un trou de 12 heures « de la bouteille au catapultage ».
A bord, personne ne sait quand ils rentreront à Toulon.
Source : BBC (Grande-Bretagne)