La France va moderniser ses moyens de surveillance maritime

  • Dernière mise à jour le 11 octobre 2021.

La marine nationale prévoit une importante modernisation de sa flotte aérienne de surveillance maritime. Les premiers éléments de cette stratégie commencent à prendre forme.

La modernisation, qui doit se dérouler sur les prochaines années, comprend plusieurs éléments parallèles qui vont prolonger la vie des éléments existants, mais aussi introduire de nouveaux systèmes, à la fois avec équipage ou sans (drones).

L’élément central est la modernisation de l’avion de patrouille maritime Atlantique 2. Dassault et Thales négocient avec le gouvernement un contrat qui doit être signé avant la fin de l’année pour définir complètement l’étendue de la modernisation, dont l’objectif est de permettre à l’appareil de rester en service au-delà de 2030, indiquent des sources industrielles.

La plupart des travaux concernent le système de mission, bien que le projet exact ne doive pas être définitif avant l’an prochain. Les Atlantique doivent recevoir un nouveau système de traitement digital des bouées acoustiques et des améliorations aux ordinateurs de mission et au radar de surveillance, explique Jean-Francois Henriot, vice-président de Thales pour les systèmes de mission embarqués. La société espère intégrer son système de surveillance maritime Ocean Master à bord de l’appareil. Des améliorations au système de mesure de soutien électronique sont aussi sur la table à dessin.

Le nouveau matériel est destiné à améliorer la capacité à pister les menaces, y compris les périscopes de sous-marins par forts états de mer.

L’objectif est que le premier appareil modernisé soit remis entre les mains de l’utilisateur en 2015. Le programme est en retard sur le calendrier, en raison de financements et de définition du chemin à suivre. La majeure partie du programme doit encore être définie, y compris le nombre d’Atlantique 2 à traiter. La France dispose de 27 appareils, dont 22 opérationnels.

Sur le long terme, l’Atlantique 2 va être complété par une nouvelle plateforme de surveillance maritime, connue sous l’acronyme Avsimar. Elle doit mener à un nouvel appareil vers 2015. Le financement n’a pas encore été obtenu. Dassault et Thales, qui mènent conjointement une évaluation de mission, proposent une option basée sur l’avion d’affaires Falcon 2000 pour la mission, soulignant que les importants intérêts de la France outre-mer exigent une approche à turbo-propulseur.

Leur mission première serait de surveiller les routes maritimes et de lutter contre les trafics illégaux, ainsi que de participer aux missions de sauvetage et d’évacuation médicale. L’équipage du Falcon 2000 comprendrait un ou 2 opérateurs des systèmes de missions, un ou 2 autres observateurs et le pilote et le copilote.

Bien que le système ne soit pas conçu en premier pour attaquer des cibles, le Falcon 2000 serait équipé de 2 points d’attaque pour des armes sous chaque aile, le point intérieur ayant une capacité de 680 kg, et l’extérieur de 450 kg, explique Daniel Fremont, un responsable de Dassault Aviation.

Le programme devrait commencer avec 4 appareils, mais la flotte pourrait ensuite monter à 14, au fur et à mesure du retrait des équipements de surveillance plus anciens. Le calendrier de développement prévu est de 30 à 36 mois, a précisé Fremont.

Le Falcon 2000 pourrait aussi remplacer le Nord N262, la flotte des avions de patrouille maritime Falcon 200 et de Falcon 50. A court terme cependant, la flotte de Falcon 50 continue de s’accroitre, puisque plusieurs appareils de la flotte gouvernementale sont modifiés en appareils de surveillance pour s’ajouter aux 4 qui assurent actuellement cette fonction.

Les mises à jour des Falcon 50 doivent concerner 2 appareils, il y a une option pour 2 appareils supplémentaires. Les avions reçoivent le radar Ocean Master, un senseur infra-rouge regardant vers l’avant, précise Henriot.

Dans le même temps, les industriels continuent de surveiller les projets de la marine nationale concernant un drone à atterrissage et décollage verticale. Des responsables industriels pensent que la France commencera par un drone plus petit, écartant des offres comme celles de Boeing (Unmanned Little Bird) ou Northrop Grumman (Fire Scout). Thales propose au gouvernement français soit le Camcopter de Schiebel, soit le Skeldar de Saab, si la France veut un système avec de hauts niveaux de redondance en vol. La marine nationale n’a pas encore défini les spécifications attendues.

Ce besoin de drone pourrait conduire à un programme en coopération, suggère Henriot, compte-tenu en particulier de la mission européenne de lutte contre la piraterie en océan Indien. Avec la participation de la France et de la Suède à cette mission, une approche commune à base de Skeldar pourrait se détacher.

Source : Aviation Week (Etats-Unis)