L’avenir de la base sous-marine de Groton dépend du nombre de sous-marins

  • Dernière mise à jour le 12 décembre 2004.

Il y a de nombreuses rumeurs que la base sous-marine de Groton court un risque réel de fermeture.

Lorsque j’étais au lycée, j’ai travaillé dans une épicerie pendant quelques mois, suffisament longtemps pour entendre des rumeurs selon lesquelles la boutique allait mal. Quand j’ai demandé à mon patron ce qu’il en était, il m’a assuré que tout allait bien, mais, moins de 15 jours plus tard, l’épicerie fermait ses portes.

L’US Navy débat actuellement du nombre de sous-marins qu’elle doit avoir, alors qu’en fait, les économies pourraient la forcer à ne plus avoir qu’un tiers du nombre qu’elle possédait durant la Guerre Froide.

Cela a des implications significatives pour l’avenir de la base sous-marine de Groton. S’il n’y a plus assez de sous-marins, il n’y aura plus de raison de garder Groton ouverte.

Il y a aujourd’hui 54 sous-marins d’attaque, et tout le monde est d’accord sur le fait qu’ils travaillent dur. Certains amiraux disent que la Navy a besoin de 68 à 72 sous-marins pour remplir ses missions ; d’autres, dont l’actuel chef des opérations navales, l’Amiral Vern Clark, disent que certaines missions que les sous-marins remplissent aujourd’hui peuvent être données à d’autres navires, et qu’une flotte sous-marine de 40 serait suffisante.

Mais alors que le débat fait rage, la simple analyse de deux faits (le rythme de construction des nouveaux sous-marins et la date de retrait du service des anciens) montre que le nombre réel pourrait être de 29 ou moins, non par choix - par défaut.

Même si des sources haut placées de la Navy disent que la flotte ne descendra jamais aussi bas, en fait, les pressions économiques sur le budget de construction, et les limites de la vie d’un sous-marin soumis à de fortes contraintes, laissent penser que cela pourrait arriver.

Si le nombre de sous-marins descend en dessous de 40 dans les 25 prochaines années, la commission de fermeture des bases pourrait décider qu’il est plus économique de garder Groton parce qu’un nombre aussi faible de sous-marins pourrait être accueilli à Norfolk, Virginie et Kings Bay, Georgie.

Pendant la Guerre Froide, quand la priorité était de contenir la menace soviétique, la Navy partageait ses sous-marins 60-40 entre l’Atlantique et le Pacifique. Avec la montée de l’importance stratégique de la Chine et d’autres, la répartition change lentement.

Dans les prochaines années, les SNA Virginias vont sortir des chantiers au rythme d’un par an. Mais pour l’année fiscal 2006, qui commence le 1/10/2005, la Navy a proposé un budget de construction de 6 milliards de $, et le sous-marin qu’elle veut acheter correspond à 40 % de cette somme, aussi personne ne s’attend à ce que le rythme monte à 2 par an.

Les sous-marins de classe Los Angeles, avec une espérance de vie de 33 ans, étaient construits à un rythme élevé (plusieurs par an) dans les années 80 et 90, ils seront donc retirés du service au même rythme dans les années 2010-2030. En 1983, par exemple, la Navy a reçu l’USS City of Corpus Christi, l’USS Albuquerque, l’USS Portsmouth, l’USS Norfolk, l’USS Buffalo et l’USS Olympia. Ils seront retirés du service en 2016, si les règles ne changent pas.

Si les sous-marins actuels durent 33 ans, et si les Virginias continuent à être construits au rythme d’un par an, la flotte tombera à 46 sous-marins en 2020, 39 en 2025, et 29 en 2030. Clark a proposé de prolonger la vie des sous-marins à 40 ans. Le nombre de sous-marins serait alors de 49 en 2030 et de 36 en 2037.

Les sous-marins travaillent dur pour accomplir toutes les missions qui leur sont confiées, ce qui signifient qu’ils consomment du temps de vie de leur réacteur à un rythme qu’ils ne pourront maintenir pendant 33 ans. Une étude de la division des réacteurs navals montrent que la durée de vie des réacteurs pourrait descendre à 28 ans.

Si la durée de vie du sous-marin n’est pas augmentée à 40 ans, la Navy ne dépensera pas 400 millions de $ (l’opération dure 18 mois) pour recharger le réacteur d’un sous-marin qu’elle ne pourra ensuite utiliser que pendant 3 ou 4 ans.

De plus, comme les sous-marins passent tant de temps à la mer, certaines pièces devraient être remplacées. Comme plus personne ne les fabriquent depuis que les chaines ont été fermées le coût est astronomique. Durant ces dernières années, la Navy a cannibalisé les pièces de 15 Los Angeles qui ont été retirés du service à mi-vie, plutôt que de payer le prix du rechargement de leur réacteur, mais ces pièces de rechange deviennent de plus en plus rare alors que les sous-marins avancent en âge.

Par ROBERT A. HAMILTON
Journaliste, Marine/Défense/Electric Boat

Source : The Day