La Grande-Bretagne n’a pas de dissuasion nucléaire indépendante

  • Dernière mise à jour le 22 septembre 2010.

Cela peut choquer beaucoup de Britanniques, mais cette question est centrale dans le débat qui se déroule actuellement au royaume-uni pour savoir si le pays doit ou non lancer la construction d’une nouvelle génération de SNLE.

Grâce à un article publié par Dan Plesch dans l’Independent on Sunday, nous savons maintenant que la Grande-Bretagne n’a pas de dissuasion nucléaire indépendante.

Nos SNLE type Vanguard transportent simplement des armes nucléaires fabriquées par les Etats-Unis dans l’usine britannique d’Aldermaston — privatisée et vendue à des sociétés américaines conduites par Lockheed Martin, et utilisant des matériaux nucléaires, des machines outils et de l’électronique américaines.

Il existe une école de pensée qui prétend que, quelque que soit l’endroit d’où elle vient, notre dissuasion est indépendante tant que c’est la Grande-Bretagne qui la lance.

Nous pouvons oublier cela aussi.

Dès 1980, le vice-maréchal de l’air Stuart Menaul (décrit par Plesch comme ‘un des plus grands faucons de la période’), écrivait : ‘La Grande-Bretagne n’a plus de dissuasion nucléaire indépendante … Les considérations stratégiques en ce qui concerne la Grande-Bretagne ne sont plus pertinentes … Elle ne pourrait être utilisée qu’après que l’autorité d’utiliser les armes nucléaires ait été transférée du président des Etats-Unis au SACEUR [le général américain qui commande l’OTAN en Europe]‘.

Cela signifie que nous ne pourrions pas choisir seuls de lancer le missile que nous achetons aux Etats-Unis, que nous stockons à Faslane in Argyll.

Nous devons demander aux Etats-Unis leur autorisation de le faire et la réponse à cette question viendra d’abord d’un officier américain et pas du Premier Ministre britannique.

L’article de Plesch cite d’abord une conférence faite en 2005 à Whitehall par un spécialiste, le Dr Julian Lewis, qui est aussi député. Il disait : La capacité de la Grande-Bretagne à continuer avec les armes nucléaires sans le soutien américain devient tellement fine qu’elle en est invisible’.

Il revient ensuite à notre époque et cite un élément très révélateur : en 2010, l’amiral américain responsable du programme des SNLE américains, Stephen Johnson, a déclaré dans son rapport annuel au Congrès qu’un ‘élément important de notre (celle des Etats-Unis) dissuasion nucléaire’ avait repris la mer après une modernisation, le HMS Victorious — un SNLE britannique de la classe Vanguard.

L’amiral Johnson a ensuite poursuivi en donnant la liste de ses SNLE en service, mélangeant les SNLE britanniques avec les américains. Le sens — le fait — de propriété par les Etats-Unis du seul système d’armes nucléaires britanniques est assez clair.

Nous nous trouvons aussi dans une position où les nouveaux missiles Trident sont d’une taille très différentes de ceux qui existent. Cela signifie que nous ne pouvons pas faire des économies en prolongeant la vie des SNLE actuels qui en sont équipés.

Si nous lançons le missile Trident II, nous devrons construire de nouveaux SNLE parce que les nouveaux missiles ne peuvent pas entrer dans les tubes des SNLE actuels. Le nouveau sous-marin est déjà en développement, mais qui est ralenti par le fait que les Américains ne se sont pas encore prononcés sur la taille définitive des nouveaux missiles.

L'analyse de la rédaction :

Pour la traduction de cet article, le "nous" utilisé par l’auteur a été conservé. Il fait bien évidemment référence au public britannique.

Source : Argyll News (Grande-Bretagne)