Coopération Italie - Russie pour la conception de sous-marins Diesel

  • Dernière mise à jour le 13 décembre 2005.

Des sociétés russes et italiennes travaillent ensemble àla conception technique d’un nouveau modèle de sous-marin diesel destiné au marché de l’exportation, alors même qu’ils commencent àdémanteler certains de leurs sous-marins plus anciens.

Les constructeurs de sous-marins Fincantieri pour l’Italie et Rubin pour la Russie travaillent à la deuxième phase du développement d’un sous-marin conventionnel de 1.000 tonnes, le S1000, qui sera équipé d’un système AIP [1] devant lui permettre de rester en plongée durant 10 jours. Le projet avait été lancé par le gouvernement italien en avril 2004.

“Rubin a proposé, il y a 6 mois, une ébauche du sous-marin au ministère italien de la défense. Ils en sont actuellement au deuxième stade, la préparation du concept technique qui devrait être prêt pour la fin de l’année prochaine,” a déclaré Yuri Kormilitsyn, ingénieur en chef, chargé des sous-marins conventionnels au bureau d’études Rubin à St. Petersbourg.

Il est trop tôt pour savoir quand le sous-marin pourrait être mis en construction, a indiqué Kormilitsyn.

Fincantieri a refusé de faire des commentaires sur ses progrès, mais a indiqué que le S1000 mesurerait de 40 à 50 mètres avec une vitesse de pointe de 14 nœuds, un équipage de 16 personnes et qu’il pourrait plonger au maximum à 250 mètres. Le S1000 sera destiné à la lutte anti-sous-marine, à la surveillance, la reconnaissance et le recueil de renseignements, et pourra transporter 12 commandos des forces spéciales. D’autres missions pourraient aussi concerner la lutte anti-surface, la pose de mines et le soutien des opérations aériennes.

Une source industrielle italienne a précisé que Fincantieri développe un nouveau système AIP basé sur des piles à combustible.

Kormilitsyn de chez Rubin a confirmé que l’Italie fournirait la technologie AIP du S1000.

La source italienne a indiqué que le système AIP ne serait pas le même que celui qui équipe les sous-marins U-212, construits par Fincantieri pour la marine italienne sous licence du constructeur allemand HDW.

“Une partie de l’accord entre Fincantieri et les Allemands lui interdit d’exporter cette technologie,” explique la source italienne.

Mais d’autres technologies devraient être échangées entre les 2 partenaires : “Nous allons apprendre aux Russes mais aussi apprendre d’eux,” indique la source italienne.

“Nous sommes intéressés par les technologies occidentales et nous pourrons partager certaines des technologies que nous avons,” a ajouté Kormilitsyn.

Il a indiqué que le nouveau sous-marin allait combiner le travail russe sur le sous-marin Amur 950 et l’expérience italienne sur le U-212.

Le S1000 est le premier lien de Rubin avec une société occidentale, a indiqué Kormilitsyn, mais la compagnie cherche aussi à conclure des accords avec d’autres constructeurs européens de sous-marins.

“Il y a l’intégration entre la Russie et l’OTAN, et l’Italie a gagné le pompon,” indiqu-t-il. “Nous avons fait des propositions à l’Allemagne et la France, mais les négociations ont été lentes.”

Ni les marines russes ou italiennes ne devraient commander le S1000 dans un futur proche.

“Notre propre sous-marin de la classe Lada couvre les besoins de la marine russe,” a déclaré Kormilitsyn. La marine russe est satisfaite du sous-marin de 4ème génération (projet 677), un sous-marin diesel-électrique de 1.600 tonnes, aussi connu à l’exportation sous l’appelation de projet 1650 Amur, a-t-il indiqué.

Et l’Italie prévoyait d’acheter 4 sous-marins U-212, mais des restrictions budgétaires ont réduit ce nombre à 2. Fincantieri porte donc son regard vers les exportations. Et comme les Russes, il a aussi envisagé des liens avec les Allemands. Dans un article paru en septembre 2004 sur le S1000 dans le journal interne, la société italienne écrivait qu’elle avait auparavant cherché sans succès à signer un accord de développement avec HDW.

“La coopération avec la Russie et donc une opportunité alternative,” écrit l’article. “Outre le fait qu’elle possède le savoir-faire nécessaire au développement de ce type de produits, la Russie possède encore une influence politique et commerciale indéniable dans diverses zones du marché internationnal (Asie, Golfe Persique et Asie du Sud-Est) ... La coopération doit cibler ce marché avec des produits modernes, de taille réduite - et par conséquent, moins chers -, dans lesquels un mélange d’innovation et de technologie occidentale moderne peut améliorer les chances de succès dans une niche importante.”

Comment démanteler des sous-marins nucléaires

Alors que la Russie et l’Italie coopère sur des nouveaux sous-marins, des sociétés italiennes sont maintenant engagées par ailleurs dans le démantèlement de sous-marins nucléaires russes désarmés. Des sociétés italiennes, dont Fincantieri et Finmeccanica, ont commencé le démantèlement de sous-marins nucléaires dans le cadre d’un accord russo-italien de 2003.

Antonio Gozzi, PDG de la société italienne d’acier Duferco, a déclaré le 2 décembre lors d’un forum économique russo-italien à Moscou que Duferco, ainsi que 4 autres compagnies italiennes dont Finmeccanica et Fincantieri, aidaient la Russie à démanteler des sous-marins dans la péninsule de Kola.

Il a indiqué que l’Italie envisageait de démanteler entre 12 et 13 sous-marins russes, dont une première tranche de 50 millions d’euros était déjà commencée.

Le travail fait partie d’un engagement du G-8 à aider la Russie à démanteler son arsenal nucléaire. En 2003, l’Italie a accepté de dépenser 360 millions d’euros pour le travail sur les sous-marins et pour organiser l’entreposage en sécurité des matériaux radioactifs.

L’Italie cherche aussi à entreposer ses propres déchets nucléaires à coté de ceux de l’ère soviétique, a indiqué le 11 décembre dernier le journal italien Il Sole 24 Ore.

Par TOM KINGTON, à ROME, et LYUBOV PRONINA, à Moscou.

Notes :

[1Air Independent Propulsion : système de propulsion indépendant de l’atmosphère.

Source : DefenseNews