Les nouveaux SNLE russes attendent leurs missiles

  • Dernière mise à jour le 13 janvier 2010.

Le développement des forces nucléaires stratégiques reste une priorité de l’armée russe. Au sein de sa triade nucléaire, l’armée renforce en priorité les forces stratégiques sous-marines, bien que les 2 autres éléments, les missiles basés à terre et les bombardiers stratégiques, soient aussi modernisés.

La marine représente environ 40% du budget du ministère russe de la défense, selon le vice-premier ministre Sergey Ivanov, qui a évoqué les budgets à la mi-2009. “C’est beaucoup plus que ce qui est dépensé pour les forces de missiles stratégiques, les forces spatiales et l’armée de l’air tous ensemble. Cela représente des centaines de milliards de roubles (100 milliards de roubles = 2,33 milliards €),” a-t-il déclaré, ajoutant que le budget de la marine sera principalement dépensé pour acheter des SNLE.

Le principal programme de la marine russe dans ce domaine est la construction des SNLE de la classe Borei (Projet 955), armés chacun de 16 missiles Bulava R-30 à têtes multiples. Le déplacement en plongée de ces sous-marins est de 24.000 tonnes, avec une vitesse de 29 nœuds et une autonomie de 90 jours. La marine prévoit de construire 8 de ces sous-marins d’ici 2017 pour remplacer sa flotte vieillissante de Delta-IV.

Le premier Borei, le Yuri Dolgorukiy, a commencé à être construit en 1996 au chantier Sevmash de Severodvinsk, mais il n’a commencé ses premiers essais à la mer qu’en juillet 2009. Officieusement, le cout de la construction s’élèverait à 23 milliards de roubles (536 millions €). Le Yuri Dolgorukiy devait entrer en service en 2009, mais il a connu des retards. 2 autres sous-marins — le Vladimir Monomakh et l’Alexander Nevsky — sont déjà en construction à Sevmash. Selon des responsables du chantier, la construction du 4è sous-marin de la classe devait commencer le 22 décembre dernier, jour du 70è anniversaire de la fondation du chantier. Il devait s’agit du premier exemplaire d’une version améliorée, la classe Borei-A.

Au cours de l’été et de l’automne, le Yuri Dolgorukiy a mené ses essais à la mer, mais sa mise en service pourrait être retardée à cause des problèmes que rencontre le missile dont il doit être équipé. Le Bulava (RSM-56, SS-NX-30) est un nouveau missile balistique lancé depuis un sous-marin. Le Moscow Institute of Thermotechnics (MIT) travaille au développement de cette arme depuis 1988. Le missile à 3 étages a un poids au lancement de 36,8 tonnes et peut délivrer une charge utile de 1.150 kg à une distance de 8.000 km. Les moteurs des 2 premiers étages sont alimentés par un carburant solide pendant que le 3è étage utilise un carburant liquide, qui permet la vitesse nécessaire pour la phase de séparation des têtes. Le missile emporterait entre 6 et 10 têtes nucléaires, d’une puissance de 100 à 150 kT chacune, qui, après une manœuvre de séparation à vitesse supersonique, peuvent atteindre des cibles individuelles. Pour accélérer le développement, le Bulava a des parties communes avec le missile mobile Topol-M, lui aussi construit par le MIT.

Les essais du Bulava ont commencé en 2004 à bord du Dmitry Donskoy, un SNLE de la classe Typhoon modifié à cet effet. Jusqu’à présent, 11 ou 12 essais ont été effectués, dont seulement 5 ont été réussis. La série de mauvaise chance a commencé en décembre 2008 lorsque le missile s’est auto-détruit en vol. Une enquête a montré que la raison était un mauvais boulon explosif qui était utilisé pour séparer les étages du missile. L’armé a exigé des tests à terre supplémentaires, mais le lancement suivant effectué en mer, en juillet 2009, a aussi été un échec, le moteur du 1er étage s’arrêtant après 28 secondes, provoquant à nouveau l’auto-destruction du missile.

Les échecs de ces lancements ont provoqué la démission du directeur du MIT, Yuri Solomonov, qui continue cependant de diriger le développement du missile. Pour le gouvernement, les échecs sont dus à une mauvaise qualité de fabrication. Il a lancé une inspection complète de la chaîne de production du Bulava.

L’armée a cependant décidé de poursuivre les essais. L’agence RIA Novosti a rapporté les propos d’une source industrielle, qui a déclaré que les retards étaient provoqués par la nécessité de résoudre des problèmes techniques entre le ministère et le constructeur. La marine, elle, souhaite terminer le développement du Bulava malgré les problèmes techniques, parce qu’elle n’a aucune alternative pour armer les SNLE de la classe Borei.

Le 9 décembre dernier, un nouvel essai a eu lieu. Lui aussi a été un échec.

Source : Aviation Week (Etats-Unis)