Le programme des porte-avions britanniques sous pression

  • Dernière mise à jour le 12 janvier 2010.

Le programme de porte-avions britanniques représente le cœur du débat sur l’avenir de la défense britannique alors que le pays lutte contre la crise économique. Les porte-avions sont les symboles des projets britanniques de développer une force expéditionnaire. Mais ils sont aussi considérés par beaucoup comme anachroniques, trop gros, couteux, et de peu d’utilité pour les opérations actuelles en Afghanistan.

Le programme a franchi un pas important en juillet 2009 avec la découpe de la première tôle des sections de coque. La décision signifie que des éléments des porte-avions seront visibles. Et, avec les élections générales du printemps, la question des emplois dans les chantiers navals britanniques sera soulevée.

Un point d’incertitude pour les porte-avions concerne le type d’avions qu’ils embarqueront. AU départ, la Grande-Bretagne avait choisi la version à décollage et atterrissage vertical du Joint Strike Fighter (JSF) : aucune commande n’a été faite pour des catapultes ou des brins d’arrêt.

Lors d’un entretien en septembre dernier, le ministre des matériels militaires, Quentin Davies, avait déclaré que la Grande-Bretagne pourrait “tuer 2 oiseaux avec une seul pierre” en achetant beaucoup moins de JSF, mais en choisissant la version porte-avions, qui a un rayon d’action et une capacité d’emport plus importants.

Il y a un débat important sur ce sujet, même s’il est improbable que le HMS Queen Elizabeth, le 1er de la classe, puisse être modifié à temps pour embarquer le matériel nécessaire pour des opérations aériennes en version porte-avions. Lorsque le programme avait été lancé en janvier 2003, il avait été annoncé que plusieurs centaines de millions £ seraient dépensées en conception et en développement pour être certains que les bâtiments pourraient être transformés, que l’espace nécessaire serait réservé à bord pour installer catapultes et brins d’arrêt. Installer des catapultes à vapeur serait cependant couteux et difficile. Des catapultes électromagnétiques sont considérées comme risquées.

La Royal Navy a fait preuve d’une remarquable volonté politique l’an dernier, concernant le programme des porte-avions. Il y a eu un flux continu d’annonce de contrats pour les porte-avions, allant de l’acier nécessaire pour les construire, principalement auprès de fournisseurs britanniques (une bonne mesure électorale), jusqu’aux ascenseurs pour monter les avions sur le pont, le système de propulsion et de commandement.

Bien qu’aucun chiffre global n’ait été publié, on estime que plus de 2 milliards £ (2,23 milliards €) a déjà été dépensé pour la conception et le développement, ou est déjà engagé pour les contrats d’équipements, rendant les bâtiments difficiles et couteux à annuler. Comme le budget estimé total est de 4,5 à 4,8 milliards £ (5 à 5,35 milliards €) pour les 2 navires, cela signifierait que près de la moitié du budget total a été dépensé ou engagé. Si la Navy réussit à conclure d’autres contrats avant les élections, la majorité des équipements pourrait être acheté. Prenant en compte les couts d’annulation, les économies seraient négligeables.

Les nouveaux chefs d’état-major ont arrêté de mettre la pression pour les porte-avions. Le maréchal de l’air Sir Glenn Torpy, l’ancien chef d’état-major de la RAF, était à couteaux tirés avec son homologue de la Royal Navy, l’amiral Sir Jonathon Band : les luttes internes étaient fréquemment vicieuses et se sont poursuivies dans la presse. Mais les relations entre les 2 chefs actuels, l’amiral Sir Mark Stanhope et le maréchal de l’air Sir Stephen Dalton, sont plus détendues.

Le sort des porte-avions repose sur les conclusions de la revue stratégique de défense (attendues fin 2010-début 2011), avec celles de la revue budgétaire qui seront entreprises, quel que soit le gouvernement qui aura remporté les élections. Une annulation mettrait fin aux projets britanniques d’être un joueur majeur dans les forces expéditionnaires.

Source : Aviation Week (Etats-Unis)