La Russie va-t-elle perdre sa marine ?

  • Dernière mise à jour le 30 novembre 2009.

La marine autrefois puissante de la Russie va décliner encore plus fortement à partir de 2015, lorsque la plupart des navires construits durant l’ère soviétique devront être désarmés, a expliqué vendredi un amiral russe en retraite.

Cet avertissement fait suite aux déclarations d’officiels russe, indiquant qu’ils prévoyaient d’acheter un navire amphibie français, capable de transporter au moins une douzaine d’hélicoptère ou de débarquer des troupes.

La Russie ne dispose actuellement d’aucun navire capable de mouiller au large d’une côte et d’y débarquer des troupes. Avec le désarmement probable d’autres navires vieillissants, les missions lointaines seraient impossibles, a expliqué l’amiral Vyacheslav Popov, en retraite.

"Si les choses restent telles qu’elles sont, nous devrons désarmer d’ici 2015 la plupart de nos bâtiments océaniques," a déclaré Popov. "Cela va fortement réduire les capacités de notre marine," dont il dit qu’elles sont maintenant 5 ou 6 fois moindres que celles des marines française ou britannique et 20 ou 30 moindres que celles de l’US Navy.

Selon Popov et d’autres officiers en retraite, la marine russe est dans un état pitoyable — ce qui contraste fortement avec les tentatives du Kremlin de montrer ses muscles à l’étranger.

La Russie a envoyé des bâtiments pour patrouiller dans les eaux infestées de pirates au large de la Somalie. Et en 2008, elle a envoyé une escadre vers les Caraïbes pour des manœuvres avec la marine vénézuéliennes et pour de nombreuses escales.

Mais Popov, ancien commandant de la flotte du Nord et désormais membre du Conseil de la Fédération de Russie (l’équivalent du Sénat), a averti que la marine ne pourrait, après 2015, agir que le long des côtes russes.

Seule une poignée de gros navires de surface, comme des croiseurs et des destroyers lance-missile, peuvent encore prendre la mer, puisque la Russi n’a pas mis en service de nouveaux bâtiments et n’a pas entretenu correctement ceux construits sous l’ère soviétique, en raison de l’effondrement économique qui a suivi la chute de l’URSS, dans les années 90. L’afflux de pétrodollards des années 2000, n’a pas réussi à inverser la tendance.

Popov indique que, malgré des budgets militaires en augmentation, le gouvernement n’a pas attribué de budgets pour construire de nouveaux navires ou entretenir les vieux.

Au cours de la dernière décennie, la marine russe n’a mis en service qu’un seul navire, d’une taille relativement petite, explique-t-il. Son unique porte-avions, de construction soviétique, l’Admiral Kuznetsov, est beaucoup plus petit que les américains et est touché par des problèmes techniques et des accidents.

La Russie est en discutions avec la France concernant un éventuel achat d’un navire amphibie de la classe Mistral et pour en construire d’autres sous licence — un accord dont les responsables militaires disent qu’il permettra à la Russie d’importer de nouvelles technologies russes et de moderniser son industrie.

Les chantiers navals russes, en grande difficulté, s’opposent à cet accord, indiquant que, au lieu d’acheter un navire français, le gouvernement devrait investir dans la production nationale. Mais depuis des années, un chantier naval de Severodvinsk essaie de moderniser un porte-avions de construction soviétique, une commande de la marine indienne, cherchant à augmenter le prix fixé au contrat.

Source : Navy Times (Etats-Unis)