L’unité de sauvetage pour sous-marins : “un risque pour les vies”

  • Dernière mise à jour le 27 novembre 2008.

L’unité de sauvetage de la Marine Australienne est désorganisée, disposant de matériel obsolète et défectueux. Elle n’est que peu entraînée. Tout ceci entraîne des risques "intolérables" pour les marins bloqués au fond de l’océan, selon un rapport interne du ministère australien de la défense.

Une étude sur les Services de secours et de sauvetage des sous-marins (Submarine Escape and Rescue Services) égrène une litanie de points faibles qui soulèvent de graves doutes sur la capacité de la Marine Australienne à sauver les marins pris au piège dans un sous-marin.

Le rapport, écrit en février, est publié au moment où la Marine cherche de nouveaux flexibles pour ses 6 sous-marins de type Collins afin d’empêcher la répétition de la voie d’eau catastrophique qui avait failli conduire au naufrage du HMAS Dechaineux et ses 55 membres d’équipage en 2003.

Le rapport, obtenu par The Weekend Australian grâce à la loi australienne sur la Liberté de l’Information après un appel devant la Cour Administrative d’Appel, conclut que le système de secours aux sous-marins de la Marine souffre d’“un nombre significatif de risques élevés”.

Ces risques “intolérables ou inacceptables” comprennent entre autres “la défaillance de matériels critiques lors d’essais et d’opérations réelles, la compétence du personnel de sauvetage des sous-marins et la mise en place des procédures d’urgence”.

Le rapport est extrêment critique envers les matériels de sauvetage, en décrivant certains comme “obsolètes” et avertissant de “défaillances de matériels critiques” et d’un manque de pièces détachées. Il estime que même si le véhicule de secours et son matériel de support fonctionne correctement, il n’y a aucune garantie qu’il pourra atteindre un sous-marin en détresse à cause du manque de moyens de transport disponibles par mer ou par air.

“Bien que ce soit une exigence que le matériel de secours puisse être transporté par avion, en pratique, un avion cargo ne peut être utilisé pour son transport ... il n’a que peu d’avions d’une taille suffisante en Australie.”

Le rapport avertit aussi qu’un “manque de compétence” parmi ceux qui mettraient en oeuvre le matériel de sauvetage en cas d’urgence “pourrait conduire à des défaillances critiques lors de l’opération, en particulier des dégâts à la tour de sauvetage, aux sas ou encore à l’inondation de la cloche durant la récupération”.

Le Directeur Général des Sous-marins de la Marine, le Commodore Boyd Robinson, a indiqué que le rapport avait été diligenté afin d’identifier les problèmes et d’améliorer la capacités de secours.

“Tous les points identifiés dans le rapport sont traités activement par le ministère”, a-t-il déclaré. “(Mais) il n’est pas possible de résoudre tous les problèmes immédiatement.”

Pour secourir les marins d’un sous-marin en détresse, la Marine Australienne utilise un véhicule télécommandé de 16,5 tonnes appelé Remora, qui s’accroche au sous-marin bloqué et permet à 6 survivants à la fois de remonter vers la surface.

Mais le Remora, qui peut plonger à plus de 500m et est basé près du quartier-général de la flotte des sous-marins au sud de Perth, a longtemps été la cible de plaisanteries parmi les sous-mariniers qui sont sceptiques sur ses capacités de sauvetage.

“Nous plaisantons toujours que les systèmes de secours sont là pour les politiciens et nos petites amies”, a déclaré un sous-marinier à The Weekend Australian.

“La plupart du temps, les eaux dans lesquelles nous naviguons sont trop profondes pour un sauvetage, et si un accident survenait, vous ne pourriez récupérer rien ni personne. Vous sauriez juste où nous avons coulé.”

Le Remora aurait été incapable de sauver l’équipage du HMAS Dechaineux en 2003 lorsqu’une voie d’eau a conduit le sous-marin à 20 secondes du naufrage au large de Perth.

“Cela aurait été comme écraser une canette vide dans votre main”, a déclaré Geordie Bunting à propos de la pression de l’eau qui aurait écrasé le submersible. “Nous étions trop profond pour atteindre le fond vivants.”

La Marine Australienne soutient que ses sous-marins ne sont pas seulement sûrs mais qu’ils se comportent au-delà des attentes lors des exercices et des opérations partout dans le monde.

Cameron Stewart et Michael McKinnon

Source : The Australian