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Les sous-marins russes sont vieillissants, le financement de l’Etat diminue, les accidents deviennent plus fréquents et le nombre de victimes augmente, mais un groupe de sous-mariniers de haut-rang a déclaré Ã St Petersbourg que la cause principale des désastres subis par les sous-marins russes était la peur.
Ces déclarations ont été faites mardi lors d’une conférence sur la sécurité de la flotte sous-marine russe à l’Institut Régional de la Presse. Intimidés et forcés de suivre des instructions absurdes envoyés par les chefs de l’état-major de la Marine, beaucoup de capitaines de sous-marin ont peur de faire des rapports sur les pannes ou les mauvais fonctionnements de matériel, même si cela pose des risques sérieux, ont déclaré les vétérans sous-mariniers.
“La seule enquête réalisée correctement sur la perte d’un sous-marin russe est celle du K-278 - le Komsomolets - et, à moins qu’on en tire les leçons nécessaires, les accidents vont continuer”, a déclaré Yevgeny Chernov, vétéran décoré de l’ère soviétique, ancien sous-marinier et vice-amiral à la retraite. “Au lieu de ça, les résultats de l’enquête sont gardés secrets.
Les sous-mariniers de St. Petersbourg ont effectué ces déclarations alors qu’un nouveau commandant en chef de la Marine Russe vient d’être désigné : l’amiral Vladimir Masorin vient de prendre ses fonctions au début du mois. Ils appellent à la publication des résultats de l’enquête interne sur le naufrage du Komsomolets en mer de Norvège en 1989.
38 sous-mariniers se noyèrent et 4 sont morts dans un incendie à bord du Komsomolets. L’enquête initiale officielle, qui a duré 2 semaines, n’a donné aucun résultat. Les autorités navales ont alors organisé une enquête interne et réuni un groupe d’experts, choisis parmi ses officiers les plus expérimentés, qui a travaillé sur l’accident pendant 7 ans, a effectué 9 expertises et identifié les parties responsables.
Mais le bureau du procureur a clos l’enquête avant qu’elle ne puisse conduire à un procès et les résultats ont été gardés secrets.
L’enquête a conclu que le naufrage aurait pû être empêché. “L’accident a commencé par un simple incendie, et aurait pû se terminer sans perte humaine, si le commandant avait eu les réactions adéquates”, a indiqué Muratov. “Mais, sous le stress, le commandant a mal géré la crise.”
Boris Muratov, un commandant de sous-marin à la retraite et un des experts qui ont enquêté sur les causes du naufrage du Komsomolets a déclaré que les scénarii de tous les désastres survenus à bord des sous-marins russes sont très similaires.
“Les décisions des commandants devraient s’appuyer sur la logique et non sur la peur, et seuls des officiers stables et raisonnables devraient pouvoir obtenir cette position”, a indiqué Muratov.
Yevgeny Chernov est d’accord.
“Des officiers des état-majors fixent des tâches de manière incompétente, et ceux sont les capitaines des sous-marins qui doivent les exécuter, sans tenir compte du manque de ressource pour cela”, déclaré Chernov. “Beaucoup de dirigeants ne méritent pas leur travail et ne peuvent assumer la responsabilité que leur poste implique.”
Arkady Yefanov, vétéran russe décoré et directeur adjoint du musée du sous-marinier Alexander Marinesco, est convaincu que, et les officiers, et le grand public, doivent savoir ce qui s’est passer sur le Komsomolets, l’information devrait être rendue publique vers les sous-mariniers et ne devrait plus être gardée secrète plus longtemps.
“Plus il y a de monde à la connaître, plus la pression sur les commandants de la marine sera grande pour lutter contre la corruption et devenir plus responsables”, a indiqué Yefanov. Muratov croit que la Marine Russe fait face aux mêmes problèmes que le pays en général.
“Les responsables de haut-niveau se couvrent les uns les autres et il y a des accords discrets ; ils utilisent tous les moyens disponibles pour que leurs subordonnés se taisent”, indique-t-il. “C’est pourquoi il est important que les résultats de notre enquête soient rendus publics. Il serait plus difficile de résister aux décisions qu’elle implique.”
Chernov a déclaré que plusieurs officiers de haut rang et très influants, impliqués dans l’accident, sont toujours au pouvoir, et ils n’ont aucun intérêt à rendre le rapport disponible, puisqu’ils ne veulent pas que leur incompétence soit rendue publique. “Je suis sérieusement inquiet que le document soit détruit parce que certaines des personnes impliquées sont toujours au pouvoir et continuent à commettre des erreurs”, a-t-il ajouté.
Yegor Tomko, dirigeant de l’académie des sous-mariniers de St. Petersbourg et vétéran soviétique décoré, a déclaré que ceux qui sont en position de commandement, fixent souvent des tâches ridicules aux commandants pendant les entraînements en mer, sans tenir compte des capacités des navires.
Selon l’opinion de Tomko, le naufrage du K-141 Koursk était prévisible.
“Son compartiment de l’avant contnait 28 armes de types différents, prêtes à exploser, dont la très dangereuse torpille à péroxyde d’hydrogène”, indique Tomko. “C’est une faute cruciale d’avoir envoyé un « poids lourd » comme le Koursk s’entraîner dans des eaux si peu profondes. Il doit toujours y avoir au moins 60 mètres sous la quille pour qu’un sous-marin de ce type puisse plonger en sécurité.”
Tomko a déclaré que le service de secours de la Marine Russe avait été détruit par le manque de financement. “Les chercheurs et les ingénieurs du pays ont dévellopé de bons navires, mais l’Etat n’a jamais commencé à les faire construire,” a-t-il indiqué. “L’achat très médiatisé de 2 bathyscaphes britanniques est un palliatif temporaire, parce que notre propre industrie stagne, et elle est proche d’être paralysée.”
Lors de sa première conférence de presse, au début du mois, comme nouveau commandant en chef de la Marine Russe, l’amiral Masorin a promis de maintenir une politique de communication avec les médias et une attitude plus ouverte. “La Marine va devoir tourner son attention vers la population et non plus vers les navires”, a déclaré Masorin. “Les médias, en particulier, ne se verront pas interdire l’accès aux informations importantes, spécialement lorsqu’il s’agit d’une situation d’urgence ou d’un accident majeur.”
Source : The St Petersbourg Times